« Tu te souviens, on s’était faites virer de la formation et on a fini dans un pub, ivres mortes ! C’était un vendredi 13, d’ailleurs… »
Plongée près de 30 ans en arrière. Sur les traces de mon passé. Souvenirs vivaces. Etonnant, compte-tenu de mon black-out sur mon histoire avec Bradley 20 ans seulement en arrière.
Jeudi 22 octobre 2020 # COUVRE-FEU J+6
J’ai recontacté Tamara. Pour la remercier déjà des fleurs qu’elle a envoyées aux funérailles de Maman. Aussi parce que mon intuition m’y a poussée, je ne sais pas, quelque chose d’imperceptible et pourtant de persistant…
Et tandis qu’on s’est remémoré nos souvenirs comme une flambée qui repart de braises mourantes, qu’on s’est parlé de nos vies aujourd’hui, toutes les deux amenées au tournant majeur du questionnement existentiel par les ravages successifs des dérives en tout genre auxquelles elle et moi avons abondamment cédé, j’ai soudain réalisé qu’elle était et est toujours mon alter ego. Du côté obscur de la force.
Autant Andrew est sans nul doute mon alter ego du côté lumière, il est mon positivisme, mon exhausteur d’enthousiasme, mon cheminement de bravoure, mon Yang, quoi, autant Tamara était, et encore aujourd’hui, mon bouillonnement intérieur, mon abysse de déliquescence, mon miroir aux angoisses.
D’aucuns diraient que je suis, somme toute, équilibrée, entre ombre et lumière.
Comme je l’ai écoutée se raconter, je me suis reconnectée instantanément à celle que j’étais il y a tant d’années, à cet étrange lien qui nous unissait elle et moi sur le bûcher ardent de nos tourments, un lien indéfectible, presque mystique et hors du temps.
L’enfer, on l’a arpenté en long et en large elle et moi, ensemble puis chacune de notre côté. Tout au long de ces années, elle comme moi avons pensé à maintes reprises que nous ne réchapperions pas à la prochaine pulvérisation de notre âme qu’en bonnes junkies masochistes nous ne manquerions pas de provoquer. Et nous voilà aujourd’hui, résilientes comme jamais, même si sceptiques sur le sens ultime de cette survivance.
J’ai repensé à ce que m’a dit Nénette, que Bradley et moi devions nous réparer l’un l’autre, l’un avec l’autre. Je ne suis pas tout-à-fait certaine de pouvoir aider Bradley, encore moins que lui puisse m’aider mais ce que je sais en revanche, c’est que ma réparation s’amorcera avec la purge et l’exorcisation d’un pan de ma vie que j’ai refoulé au plus profond de ma conscience pour ne plus avoir à en souffrir.
Et Tamara détient la clé de la porte qui mène à ces souvenirs enfouis. Nous allons donc nous revoir. Bientôt.
Last night, another unexplained phenomena occurred. Roswell vs Walter.
– I hope this time he is the one for you.
– Doesn’t matter. All I know is that I can’t wait for you anymore.
– Few days is such a long time to wait.
– How the hell was I supposed to know?! Told you to hurry.
– I’m in.
– You’re where in?!
– Don’t pretend you don’t understand. As you wish.
By the time I figured this out, he was already gone. Was he ever there? I guess that I’ll never know what could have happened if I had opened the door and he had stood on my doorstep. The ultimate defection. Whatever.