« Le week-end sera estival, sortez les tongs et le rosé ! »
En attendant, ce sont les Saints de Glace en avance, doudoune et tartiflette. Mais bon oui, le rosé. Parce que la bière glutennée, je crois bien que c’est fini pour moi.
Jeudi 6 mai 2021 # BALADE AUTORISEE AU-DELA DE 10km MAIS AVANT 19.00 J+4
A mon grand dam. Qu’est-ce que c’est bon, le houblon trappiste ! Mais en constatant les démangeaisons atroces qui me font me gratter au sang, les douleurs abdominales et les violents maux de tête qui ont fait leur retour et pire, le gonflement de mon ventre qui pourrait faire penser que je suis enceinte de quintuplés, je n’ai d’autre choix que de renoncer à ma sacro-sainte Rince-Cochon et de reprendre mon pipi de chat. En pleurant.
Deux semaines que j’ai ‘repris’ le gluten, avec la bière seulement et je n’en bois pas tous les jours. Je n’ose imaginer ce que cela aurait été si j’avais fait la totale baguette fraîche-pizza-chausson aux pommes ! Bref. Je n’ai peut-être pas la maladie cœliaque mais je suis hyper-sensible, donc allergique au gluten, et ça y a pas photo.
Côté Bradley, c’est aussi les Saints de Glace depuis lundi. Fini le choupinou roucoulant, the complete asshole is back ! Cela n’aura été qu’une brève éclaircie dans la tempête. Comme quoi, j’ai eu raison de garder mes réserves.
Je l’ai appelé lundi soir et à son ‘Allô !’ j’ai senti qu’il n’était plus le même que ne serait-ce que la veille lorsqu’il me murmurait des mots tendres au téléphone pour me souhaiter bonne nuit. Il venait de passer une sale journée qu’il m’a détaillée, pète-sec, et il a sauté sur la première occasion pour me tomber dessus à bras raccourcis.
Il avait certainement besoin de se défouler mais je ne me suis pas laissée faire car je ne suis pas son punching-ball : « Tu es bougon, c’est le moins qu’on puisse dire. Rappelle-moi quand tu ne le seras plus, ciao. »
Le lendemain, il m’a envoyé quelques textos mais sans la queue d’une excuse. Je l’ai appelé, on a parlé et il s’est radouci au fur et à mesure qu’il s’est rendu compte à quel point il était important pour lui d’apprendre à assumer et de ne pas se tromper d’adversaire.
– Tu m’as parlé de tes enfants dont tu as été sans nouvelles toute la semaine passée, aussi chaleureux que des bûches quand tu les as retrouvés dimanche soir. Ils ont alors filé dans leur chambre le nez dans leur portable et n’en sont sortis que pour manger. Je pense qu’ils se préparent à leur façon à la ‘séparation’ prochaine. Certainement aussi que leur mère leur a bien spécifié qu’elle était désormais la seule autorité parentale et qu’ils ne devaient te considérer à présent que comme un baby-sitter.
– C’est vrai. Mais ça fait mal de me dire que mes enfants ont décidé de faire l’impasse sur leur père.
– C’est toi qui pars. Ils doivent le ressentir un peu comme un abandon, tu ne penses pas ? je comprends que tout ça te perturbe mais ce n’est pas une raison pour t’en prendre à moi. Il y a une telle différence entre celui que tu étais la semaine dernière et aujourd’hui, j’avoue que cela me fait peur. En tout cas, je ne t’aime pas comme ça.
– Bah je suis un sale con une semaine sur deux, y a pire, non ?
– Tant que ce n’est pas la semaine que tu passes avec moi…
Le soir, quelques échanges badins par textos pendant que Yang et moi nous nous enfilions des binouzes en refaisant le monde et hier mercredi, silence radio. La seule chose qui me vienne là, c’est « Cours toujours, c’est pas moi qui te rappelle ! » et me revoilà dans le même état d’esprit qu’avant qu’il ne parte en mission il y a deux mois, quand je lui ai pondu ma lettre.
C’est probablement ce qui fait que je pars en cacahuète ces derniers jours. Je me suis inscrite sur un nouveau site de rencontres et toujours pas désinscrite de Meetic. Je n’interagis pas vraiment, voire même pas du tout mais chépa, je regarde. Cet adage « Loin des yeux, loin du cœur » que j’ai crû, bien temporairement, ne plus correspondre à ma relation avec Bradley, prend tout son sens aujourd’hui.
On continue de s’envoyer des textos, Walter et moi. Rien de funky, toutefois, disons que la ‘communication’ entre nous a été rétablie.
– Tu sais que j’ai aussi le standard où je bosse, ça me rappelle il y a 20 ans lorsque tu m’appelais au boulot en numéro masqué… Chiche ?
– Ah oui, chiche !
Je sais, c’est naze. Nénette me passerait un savon si elle était là.
Et y a un Malcolm au boulot que j’aime bien… Comme il n’est pas souvent sur site, bah on papote souvent au téléphone. Il dit que je suis son rayon de soleil quand je l’appelle et j’avoue, ça me plaît… Je le suppose un peu charmeur sur les bords mais c’est pas grave.
Et pis mon voisin Monsieur Champomy auquel j’ai demandé s’il voulait bien recevoir un colis que j’attendais, le sachant 100% en télétravail, et avec lequel j’ai finalement papoté pendant une heure de voyages du bout du monde, de San Francisco entre autres, ce qui l’a poussé à me glisser : « Je ne sais pas si tu as prévu d’y aller seule ou en groupe mais moi je suis partant ! »
Non, je n’ai pas d’attirance particulière pour ce geek de Monsieur Champomy, vieux garçon devant l’éternel, mais je reconnais m’être interrogée : pourrais-je sortir avec quelqu’un simplement pour partager cette passion commune (et probablement unique) des voyages ?
Je suis ultra-sensible, en somme. Comme pour le gluten. Pas aux aguets mais je réagis à la moindre sollicitation. Je devrais me sentir minable vis-à-vis de Bradley, coupable d’adultère, bien qu’il n’y ait pas vraiment matière à sujet, je ne sais pas, oui, je devrais me sentir mal, comme on dit, sauf que ce n’est pas le cas.
Ce pauvre BFF de Yang ! Il en perd son latin avec moi en ce moment ! Pas facile de gérer la braise que je suis devenue, ça brûle les pattes !
15.07. C’est comme s’il m’avait entendue… Bradley vient de m’appeler.
– Coucou, ma chérie ! J’appelais juste pour te faire un bisou et savoir comment tu allais.
– Tu m’as l’air moins grumpy toi, c’est bien…
– Bah oui, je suis au régiment pour la journée, c’est que du bonheur et j’ai pas les enfants qui me soulent donc je suis bien.
Ça m’a fait plaisir de l’entendre. Surtout qu’il était tout miel. Normalement, on se voit dimanche soir dès mon retour de chez mon frère. On verra.
Sinon, les news au taf. Ma paie famélique, déjà. D’une, pas de coeff ni d’indice car la société dépend de l’IDC 9999 sans convention collective, donc c’est directement le code du travail qui s’applique. J’en apprends tous les jours.
Quand au delta du Nil entre mon net imposable et mon net à payer, outre la CSG-CRDS non-déductible, il s’agit de la part patronale de la contribution à la mutuelle, imposable désormais, soit 132 balles.
Ma cotisation salariale à la mutuelle étant de 88 euros, ça me fait une mutuelle à 220 balles par mois. Ni une ni deux, je l’ai annulée auprès de Shannon et je garde mon ancienne. Cela aurait été bien qu’on me le dise dès le début, ça aurait évité tout ce tintouin. Bref, je vais peut-être m’y retrouver désormais. Toutefois, je continue de jeter un œil sur les quelques job offers que je vois passer sur LinkedIn car on ne sait jamais…
Surtout que c’est toujours le désert de Gobi niveau charge de travail. On m’a demandé de gérer le stock des consommables et à cet effet, de faire un fichier excell… Ce qui m’a pris deux minutes et encore, parce que je l’ai mis en forme soigneusement.
Shannon fulmine de ne pas pouvoir me donner plus de taf alors que je le réclame à corps et à cris. Je crois qu’elle attend de voir si le poste d’une nana va être maintenu, une nana qui ne veut pas revenir en présentiel alors que son poste l’exige. Le cas échéant, je récupèrerais une partie de son taf. Je n’ai rien contre cette fille que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam mais si c’est le prix à payer pour que j’arrête de buller lamentablement, so be it.
Dans quatre jours, c’est mon anniv. Pas particulièrement fan de l’évènement, je n’ai rien prévu. Bradley sera là, normalement, peut-être qu’il y pensera mais je vois mal une soirée-surprise avec tuit tuit bougies sur un gâteau sans gluten.
Rien que d’y penser, je me gratte furieusement.