– Bonjour, j’appelle pour ma maman, on a rendez-vous avec le professeur vendredi prochain et je voulais savoir si c’est confirmé de votre côté.
– Justement, il est en train de voir.
– Je sais que c’est une nouvelle patiente, je suis navrée d’insister mais c’est urgent et son médecin traitant ne peut rien faire d’autre que de s’en remettre au professeur…
Vendredi 17 avril 2020 – CONFINEMENT J+32
14.00. Doctolib m’envoie par mail la confirmation du rendez-vous avec l’hématologue. Je suis soulagée. J’espère juste que ma mère va pouvoir tenir encore une semaine. Peut-être va-t-il l’hospitaliser de suite et lui faire une transfusion de plaquettes ? Vu son état, elle va y rester un moment, ça va être compliqué ensuite pour organiser son placement en EHPAD…
Tout ça parce que l’hématologue à Necker a disparu de la circulation peu après l’hospitalisation de ma mère. On avait rendez-vous en novembre et en janvier mais les analyses de ma mère n’étant pas alarmantes, j’ai laissé tomber devant le sempiternel message d’absence du service Hématologie de Necker.
Début février, la gériatre de Pompidou m’a expressément demandé de prendre attache avec un nouvel hématologue, ce que j’ai fait avec un rendez-vous pris pour le 23 mars. Le confinement bien sûr m’a faite repousser ce rendez-vous qui, là encore, n’avait pas de caractère urgent. Coïncidence ou pas, c’est à ce moment-là que l’état de ma mère a commencé à s’aggraver.
Bref, je réserve un taxi et je prépare un dossier mastoc dont je ne suis pas peu fière : résultats d’analyses, courbes et graphiques faits-maison, comptes rendus d’hospitalisation, diagnostics, ordonnances… Aurais-je des prédispositions de secrétaire médicale ?…
17.30. Je regarde mon tapis de gym et ma Wii, médusée, comme une poule qui aurait trouvé une fourchette dans son nid : j’ai voulu m’échauffer en faisant mes étirements habituels mais j’ai vite arrêté quand une douleur vive s’est emparée de mes cuisses, de mes fesses et de mon coude gauche…
J’essaye de réitérer mais l’aboiement qui s’échappe alors de mes lèvres ne me laisse plus aucun doute : fibromyalgie 1/moi 0. Mes muscles, mes nerfs, mes tendons viennent de me mettre un bon taquet avec leur pétition ‘A bas la gym !’ et je dois capituler. Seuls les abdos et l’aérobic sur la Wii restent encore praticables.
J’espère que cela va passer. Mais n’ayant toujours pas recouvré la pleine jouissance de ma main gauche, surtout de mon pouce, qui est partie en sucette l’an dernier, je n’ai que de mauvais augures… Me voilà bien déconfite. Si j’en avais la force, j’en pleurerais.
20.00. C’est Ibiza dehors. Je ne saurais dire où se planque David Guetta, dans l’immeuble d’en face après le parc ou dans le parc lui-même car la musique se réverbère de partout. Le week-end dernier, déjà. Et ça braille sur les balcons, ça danse… Merde, un revival des happy-hours !