– Bonjour, c’est Bibi anciennement du restaurant Bidule. J’appelle pour prendre de vos nouvelles, comment allez-vous ?
Lundi 20 avril 2020 – CONFINEMENT J+35
Aujourd’hui, j’ai décidé d’appeler quelques anciens clients dont j’ai gardé le numéro. Je ne saurais dire ce qui me motive d’aller à l’encontre même de mon naturel de bernard-l’hermite. Je sens simplement que j’ai besoin de reprendre contact.
Ce restaurant n’est plus et très honnêtement, rien ne me manque. Mais l’humain perdure. Ces personnes ont fait partie de ma vie pendant près de quatre ans et d’une certaine façon, elles me manquent. D’où mon coup de pied aux fesses pour sortir de ma coquille et lancer de grands fils d’Ariane pour me relier au monde extérieur.
D’abord, mes petites mémés. Elles vont toutes bien, ça me fait plaisir. A part la cops de Madame B. qui est partie récemment au grand âge de cent ans. Je me souviens d’elles deux, toutes chétives, toutes mimis, quand elles venaient prendre, ravies, une grande rasade de jeunesse fourmillante au brunch le dimanche. Elles s’enfilaient chacune un kir royal et un verre de Nuits-Saint-Georges, picoraient ce qu’on allait leur chercher au buffet et souriaient, extatiques, aux nombreux enfants qui s’étonnaient de ne pas se faire houspiller à cause de leur agitation frénétique…
Et au fur et à mesure de mes appels, je me rends compte à quel point ça me fait plaisir d’entendre leurs voix. Comme c’est réciproque, on promet de se voir avec certains dès que cela sera possible.
Quel bien fou ! De compter, d’apporter et de recevoir un peu de joie, c’est le meilleur antidépresseur qui soit. Bref, je suis contente de m’être aventurée au-delà du jardin. Et je vais mettre un point d’honneur à y retourner fréquemment.