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L’HOMME-ENFANT HYPOCONDRIAQUE

« Pourquoi veux-tu partir ? Reste dormir avec moi, juste dormir, promis… »

Et la marmotte… Déjà, je n’avais nullement l’intention de rester aussi longtemps et puis tu as décidément trop bu, cher Clint.

 

Lundi 15 mars 2021 # BIENTÔT LE PRINTEMPS ??? J-7

Sitôt rentrée de chez Toto hier midi, je me suis préparée pour mon date. C’était chouette, ce petit frisson de se faire belle pour une rencontre avec somme toute un inconnu. Ça faisait longtemps et cela m’a permise de me resituer question séduction, Bradley mis à part.

Au bout de la première heure, je me suis demandée ce que je foutais là. Mais il avait acheté un super vin et je n’avais rien d’autre à faire alors je suis restée encore un peu, quand bien même impatiente qu’il soit 17.00 afin de m’éclipser pile poil pour le couvre-feu.

Dans les grandes lignes, Clint est un homme-enfant archi-couvé par sa mère qu’il adule – en gros, aucune femme ne peut être à sa hauteur – un enfant gâté qui a l’habitude d’obtenir ce qu’il désire en claquant des doigts. Hé ho, je ne suis pas une Playstation donc on se calme.

Il a aussi un historique familial assez lourd qui l’a nourri de complexes en tout genre avec un énorme besoin d’exorciser. Un ultra-émotif hypocondriaque et parano qui s’est construit une carapace de dur à cuire pour cacher ses émotions qui souvent l’emportent au-delà de toute raison.

Quand j’ai touché sa nuque, j’ai senti un courant froid, presque glacial mais très souple et louvoyant, un peu comme le gulfstream. Ou la mort qui rôde autour de lui.

Yep. Pas très appétissant, tout ça. Cela dit, j’ai apprécié sa lucidité, sa franchise et sa capacité à se livrer sans détours. Mais bon.

Et pis la tête qu’il a fait lorsque, au cours de la conversation qui a glissé bien entendu vers nos relations amoureuses respectives passées, je lui ai dit que mes dernières relations sexuelles avec Bradley avaient été sans préservatif… L’hypocondriaque en lui a fait des bonds :

« Comment as-tu pu coucher avec des mecs sans protection ?!?! »

Déjà, c’était pas ‘des mecs’ mais un seul à la suite de trois ans de jachère donc si j’avais attrapé le sida, je le saurais. Bref, ça m’a confortée dans le fait qu’entre lui et moi, rien ne se passerait. J’étais d’ailleurs presque sur le point d’attraper mon sac et mon manteau lorsque de façon inattendue, le ton a changé et il est devenu subitement intéressant.

Moins autocentré, il s’est enfin réellement intéressé à moi, à ce que j’avais à dire et je dois reconnaître, il m’a surprise. Kickboxer, DJ, musicien, grand voyageur… Enfin, des choses intéressantes à discuter !

Ce que l’on a fait. Une chose menant à une autre, on s’est embrassés. Et c’était bien. Du coup, quand j’ai regardé l’heure, le couvre-feu m’est alors apparu comme une notion abstraite. Mais pas l’intention pour autant de passer la nuit là.

Surtout qu’au bout de la troisième bouteille de vin, il a commencé bah à être bourré et à agir en tant que tel. Pas dans l’agressivité mais dans le bizarroïde et le forcing. Plusieurs fois, je lui ai bien stipulé que je n’avais absolument pas envie de coucher avec lui en remettant ses mains baladeuses à leur place.

Moi, j’ai bu aussi mais sagement. Pas envie de me mettre minable avec un inconnu, je sais très bien que je l’aurais regretté. Donc, parfaitement lucide, j’ai finalement attrapé mes affaires et je suis partie.

Le métro ne me tentait pas, ni le taxi qui me tendait les bras alors je suis rentrée à pied. Six bons kilomètres en plein air, ça permet de réfléchir. Ça tue les pieds aussi, quand on ne porte pas de Nike.

Donc, fière de moi, je me suis sentie. Fière d’avoir su déterminer ce que je voulais et ne voulais pas et de m’y être tenue. Et contente. Car malgré tout, j’ai passé un bon moment. Et pas un instant, je n’ai eu de soupçon de spleen ou de bad trip.

Mon ‘cahier des charges’ a été rempli : rencontrer, échanger, être confrontée à autre chose, ne pas être dans le calcul et vivre les choses comme je les sens. Et j’avoue, les baisers échangés ce soir étaient délicieux !

Va-t-on se revoir lui et moi ? Je ne sais pas encore, on va se reparler c’est sûr, ensuite, bah on verra. Ah tiens, maintenant que j’y pense, il ressemble beaucoup à Walter. Physiquement déjà, la même morphologie, les mêmes fringues, peut-être pas la même classe que Walter mais la ressemblance est indéniable. Breton expatrié comme lui, la même éducation catho, les mêmes valeurs familiales et patrimoniales, les mêmes expressions parfois…

Cela ne me trouble pas plus que ça car je ne fais pas de transfert, je sais très bien que ce n’est pas Walter. Juste une coïncidence.

Le nouage d’une relation amoureuse n’est pas une finalité pour moi mais une éventualité. Je suis très heureuse d’avoir fait cette démarche d’inscription sur Meetic, je vais continuer et peut-être faire d’autres rencontres. Qui pourront être du même acabit, peut-être pas, mais mon but est de me sortir de moi, d’aller au devant des autres et de savoir qui je suis.

Bilan de l’opération : un bon moment qui m’a vraiment changé les idées et une confiance en moi et mon potentiel de séduction retrouvée, après ces longs mois, ces longues années à penser que j’étais un cas désespéré, une indésirable au sens propre du terme, une paria. Que du positif, quoi.

Bon, j’ai aussi gagné dans l’affaire une légion d’ampoules sur mes pieds dont une aussi large que le cratère du Yucatan. Le prix à payer, au final pas si cher que ça, pour se mettre les idées au clair.

J’AI UN DATE !

« Un peu farouche de prime abord, je sais être chaleureuse une fois apprivoisée. De feu et de glace ! Je déteste la médiocrité, la vulgarité mais j’aime rire aux éclats, échanger, être challengée, profiter de la vie, quoi ! »

Mon profil Meetic créé sur une impulsion jeudi soir après mon dernier appel, je crois bien, d’avec Bradley. Avec une photo et mon âge, sans me cacher. Mais sous pseudo, faut pas pousser.

 

Samedi 13 mars 2021 # BIENTÔT LE PRINTEMPS ??? J-9

En fait, jeudi soir donc, j’ai appelé Bradley après plusieurs jours de silence radio de sa part. J’étais remontée comme un coucou, prête à lui dire que ce n’était pas la peine d’attendre qu’il revienne de mission pour faire le point sur nous deux car le point s’était fait de lui-même : ornière.

Il allait mal et avait hâte de partir en mission pour être tranquille car tout s’acharnait contre lui. Et je me suis dégonflée. J’ai limite ressenti le besoin de lui dire qu’il pouvait compter sur moi car je ne laisserai pas tomber. Bref, après avoir raccroché, je me suis sentie vraiment minable. Et en colère, contre moi-même principalement.

D’où mon inscription impulsive sur Meetic.

« Ce que je recherche ? Rien en particulier, j’ai juste besoin d’échanger, de voir d’autres horizons, d’autres points de vue, de m’intéresser à d’autres vies, d’autres parcours et de ne plus avoir un mur en face de moi. Ensuite, pourquoi pas ? »

Et du coup, bah j’ai un date… Dimanche après-midi quand je reviendrai de chez Toto.

Après avoir éliminé ceux qui m’ont gonflée avec leurs sempiternels ‘Je recherche une relation durable – J’ai énormément besoin de tendresse – Es-tu très câline ?’, j’ai assez accroché avec Clint, 43 ans, agent immobilier à Paris 15, belle voix grave qui m’a parlé de tout sauf de relation amoureuse. Il est un peu pushy à mon goût mais c’est peut-être une bonne chose, après tout.

J’en ai discuté avec Nénette pour savoir ce qu’elle en pensait.

–  Mais c’est génial ! Fonce, Bichette, tu n’as rien à perdre !

–  C’est vrai. Mais je me demande si je ne fais pas une connerie de plus…

–  Tu le sens bien, ce mec ? Que dit ton intuition ?

–  Bah quand je n’écoute pas mon intuition, je me crashe, quand je l’écoute, pareil. Donc, je suis un peu paumée de ce côté-là.

–  Vas-y. Au moins, ça te changera les idées. Parce qu’il apparaît clairement que tu n’as plus rien à partager avec Bradley, si tant est qu’il y ait eu quelque chose à partager. Il est trop autocentré.

–  Tu as raison. J’ai ta bénédiction, alors ?

–  Carrément !

UNE NUIT DE CONFIDENCES

« Mon petit canard, tu as raison, quelle nuit ! Je sais, ça prête à confusion mais je n’ai pas de termes plus appropriés ! En tout cas, je suis contente que notre amitié ait pris un tour nouveau, comme quoi, Samuel-James et Andy ne sont peut-être pas si fictifs que ça… Et donc maintenant, je peux être ta BFF hahaha, n’hésite pas, Yang, des bizzzz !!! »

Réveil tardif et douloureux ce matin, après une longue nuit copieusement arrosée. Et avec la sensation d’avoir comme un nouvel ami.

 

Jeudi 11 mars 2021 # BIENTÔT LE PRINTEMPS ??? J-11

Yang m’a appelée hier pour me demander s’il pouvait passer me voir après le boulot, ce que je me suis empressée d’accepter, impatiente que j’étais qu’il me raconte sa première semaine dans sa nouvelle boîte, celle à 800 mètres de chez moi. Impatiente tout court de catch-up avec mon buddy.

Alors ça, pour se donner des nouvelles, on s’en est données ! Des pies jacasses et soiffardes jusqu’à 5.00 du mat. Notamment parce qu’à un moment, j’ai lancé : « Allez, cut the crap et balance, dis tout à Tata Yang ! »

Et il s’est ouvert comme la Mer Rouge sous la main de Moïse. Du coup, moi aussi. On en est venus à parler de trucs dont je ne parle habituellement qu’avec Nénette, c’était un peu étrange je dois dire. Je m’attendais à ce que cela soit le cas pour lui aussi et que cela finisse par le mettre suffisamment mal à l’aise pour couper court à cet épisode de Sex & The City version hard-core.

Mais non. Il était, au contraire, extatique de pouvoir se livrer comme ça. Et c’est vrai, ça fait du bien de se confier sans crainte d’être jugé.

– Tu dis que de ne rien envisager avec moi t’ouvre un horizon avec un champ des possibles illimité. Moi, je dis que notre histoire en pointillés m’a menée dans une impasse avec un mur devant moi. C’est normal que je recule, non ?

Tu dis que tu as toujours su que tu allais finir ta vie délaissé de tous mais ce n’est pas une fatalité, c’est ton choix si tu ne fais rien pour construire une relation. Et une relation, ça se construit à deux. Tu es obligé d’intégrer les désirs, les attentes, le ressenti de l’autre. Tu dis je suis comme ça, je ne changerai pas, à prendre ou à laisser, quoi. Bah, guess what…

Tu te protèges de la souffrance que tu as connue depuis ton enfance. Tu veux te sentir désiré, voulu, incontournable et le rejet t’est insupportable. Tu dis d’ailleurs que c’est moi qui t’ai rejeté il y a 20 ans mais je te rappelle que c’est toi qui es parti ! Et tu me reproches de ne pas t’avoir rattrapé ?! J’ai souffert le martyre au point d’en faire un break psychotique, comment peux-tu me reprocher de ne pas t’avoir couru après ?!

Ton ex t’a quitté en te disant que tu étais un mec génial, le meilleur qui soit mais que ses sentiments n’étaient plus assez forts pour envisager l’avenir avec toi. Moi, c’est le contraire : tu es l’opposé du mec idéal, a pain in the ass force 12, et pourtant j’ai des sentiments pour toi, ça te dit quoi ?

Tu ne voulais plus faire de plans sentimentaux et ne plus t’engager, tu disais que c’était la meilleure solution pour que cela dure. Mais ta relation était avec ton ex comme elle l’est avec moi, ce que j’appelle en pointillés, tu vois bien que cela ne fonctionne pas non plus.

Et pour en revenir à une conversation que l’on a eue il y a quelques mois, si je ne suis pas pour toi un tant soit peu une priorité, si tu ne parviens pas à faire en sorte que l’on partage quelques instants privilégiés dans ton agenda de ministre surbooké, je me dis que cela ne sert pas à grand-chose, que nous deux n’est qu’une chimère et que je préfère être seule au final.

–  Tu as dit tout ça à Bradley ?!!

–  A peu près, oui…

–  Et donc ?

–  Bah là on ne va pas se voir pendant un mois, on fera le point à son retour. Mais bon, j’ai l’impression que le point est déjà fait.

 –  Et tu te sens comment ?

 –  Bah pas si mal que ça, en fait.

 –  Ha ha ha ! Nous, les Yang, quand on se rebelle, on n’y va pas de main-morte !

 

Ensuite, on s’est fait une séance de tarots divinatoires, incroyable pour cet ultra-cartésien de Yang qui m’a toujours renvoyée dans mes barres à ce sujet. J’en suis d’ailleurs restée comme deux ronds de flan devant son intérêt non-feint et ses exclamations de stupeur lorsque je retournais les cartes. J’en ai profité, je lui en ai fait manger de la divination, par hectolitres et cela ne lui a pas défrisé la moustache pour un sou !

Je l’ai vu alors sous un jour nouveau. C’est toujours mon Yang, mon frangin, mon alter-ego mais un personnage inconnu s’est comme glissé en lui hier soir, lui conférant alors une toute nouvelle dimension à mes yeux. J’ai réalisé que je pouvais être désormais sa confidente, autant qu’il pouvait être le mien.

Ça peut paraître tomber sous le sens lorsqu’on est des alter-ego mais ce n’était pas le cas jusqu’à lors, on ne confiait pas l’un à l’autre, ou alors superficiellement. Hier soir, la connivence que l’on a atteinte a permis de se connecter tous les deux sur un tout autre niveau qui, même s’il était naturel que cela découle un jour de notre amitié, est autant excitant que perturbant.

D’où ma référence aux deux personnages principaux de mon roman sur lequel on a par ailleurs beaucoup travaillé hier soir aussi. Oui, Samuel-James et Andy, frère et sœur jumeaux qui ont une connexion entre eux quasi surnaturelle. Car bien sûr, c’est Yang que j’ai chargé de se glisser dans la peau de Samuel-James…

« … Andy est traductrice en free-lance et peut travailler de n’importe où dans le monde en gérant son temps comme elle l’entend. Mais lui, son temps libre relève très souvent de l’anecdote. Il parvient tout de même à en dégager lorsque sa sœur vient le voir, mais certainement pas assez. Du coup, il a mauvaise conscience. Et il est vrai qu’un petit voyage lui ferait le plus grand bien.

– Dida, ça te dit qu’on aille enfin sur l’Île des Etats ?

Il voit alors le regard de sa sœur s’illuminer. Il n’en faut pas plus pour le rendre heureux. D’une joie profonde et sincère. Cela le ramène presque dix ans en arrière lorsqu’il a dû la quitter pour entrer au MIT. Il se rappelle très bien de ce qu’il a ressenti, de ce qu’ils ont tous les deux ressenti. Le déchirement de se séparer pour la première fois de leur vie les a littéralement fait suffoquer.

Une blessure viscérale si vive qu’Andy s’est alors enfuie au bout du monde, laissant Samuel-James, désemparé, se jeter dans un abîme de culpabilité. De longs mois durant, elle est restée muette, puis elle a donné quelques nouvelles succinctes, disant en substance qu’elle avait besoin d’une solitude extrême, loin de tout repère pour cautériser la plaie.

Tous les deux ont mis un certain temps avant de se réapprendre, de récréer leur bulle. Avant, leur entente était inéluctable, indestructible, incorruptible. Des complices sur un simple regard. Ils avaient également leur propre langage, une combinaison complexe d’onomatopées et de chiffres qu’ils ajoutaient à la fin de certains mots, des mots choisis selon un algorithme connu d’eux seuls, et ils poussaient parfois le vice jusqu’à épeler des phrases entières à l’envers dans un mélange de français et d’anglais… »

 

17.15. Suis toujours en pyj. Ma gueule de bois est partie, mon goût pour l’apprêtement aussi. Je vais faire un roulé-boulé sur la banquette, une bonne tisane détox et je vais bien trouver une série à la noix devant laquelle je vais pouvoir perdre ce qui me reste de neurones.

Ce week-end, je vais voir Toto en coup de vent. Je sais pas, depuis l’histoire de la caravane avec moi dedans sur son terrain, j’ai l’impression que lui et ma belle-sœur rechignent à me recevoir. Va falloir que je tire cela au clair avec eux. La caravane, c’était plutôt une joke, même si ça m’a fait plaisir de voir qu’on ne me laisserait pas dans la merde demain si ça devait arriver. Bref.

Et pis tout le frusquin VAE-SAP-formation, bah je m’y mets dare-dare dès lundi.

EN THERAPIE INTENSIVE « FRIENDS »

« Vous êtes très charismatique, on voit tout de suite que vous êtes une leader, la boss, quoi ! »

Ah. Alors pourquoi j’aspire justement à ne plus l’être ?

 

Mercredi 3 mars 2021 # BIENTÔT LE PRINTEMPS ??? J-18

Hier, atelier Pôle Emploi « vérification des pistes d’emploi/plan d’action/stratégie gagnante »

Mais bien sûr. Je n’ai jamais été plus paumée que depuis que j’ai fait tous les tests proposés, dont le fameux RIASEC qui, pour la faire courte, dit que je suis majoritairement Artiste et que je devrais penser au métier de journaliste. C’est vaste. Passer sur BFMTV ou écrire des chroniques dans Marie-Claire, pas mon truc.

Bref. Entre mes compétences, mes aspirations, ma motivation défaillante, ce pour quoi je semble être faite et ce qui m’intéresse, je ne m’y retrouve pas. Tout se contredit et s’entrechoque, ça donne une cacophonie assourdissante qui me tue à petit feu. Je me mets des freins à tout. Je viens de comprendre ça. J’avance à tâtons et je freine des quatre fers, normal que je fasse du sur place.

Le grand retour de la chépattitude.

Cependant, il semble se distinguer une récurrence : j’ai envie de devenir une experte, une spécialiste, une incontournable. En quoi, telle est la question. J’ai bien un truc qui me trotte dans la tête depuis quelques temps déjà mais j’attends, je crois, l’illumination, le déclic. Je me laisse aussi découvrir un truc auquel je n’aurais pas pensé, histoire d’avoir des éléments de comparaison.

Et ce qui n’était jusqu’à maintenant qu’à l’état embryonnaire dans ma tête a fait jour en moi de façon complètement inopinée bah… ce matin, au lendemain d’une prise de tête majeure avec Bradley. Un rapport cause à effet assez bizarre, je dois dire.

Donc, Bradley est rentré de mission le week-end dernier et est chez moi depuis dimanche soir. Je ne savais pas trop ce que cela allait donner mais je dois avouer que j’étais quand même assez heureuse de le revoir. Mais hormis dimanche soir où l’on a passé un très bon moment, dès lundi matin, j’ai su que cela allait tourner au vinaigre. Je me suis d’ailleurs mordu les lèvres à plusieurs reprises pour ne pas l’envoyer paître et lui dire le fond de ma pensée :

« On ne s’est pas vus depuis presque trois semaines, on ne va pas se voir pendant un bon mois à partir de samedi et tu m’envoies balader parce que j’aimerais avoir vingt minutes avec toi pour déjeuner ?!! Et toute cette semaine, on se verra éventuellement le soir tellement tu es débordé ?!! Bah reste chez toi et restes-y. »

Il s’est pris la tronche aussi méchamment au téléphone avec son ex-femme au sujet de la garde des enfants. Je ne l’entendais pas, elle, mais la retranscription que j’en ai eue me fait penser qu’elle ne doit pas être très finaude. Mais lui, je l’ai entendu aboyer. Vindicatif, confus, indigeste, avec de grands principes creux et déconnectés de la réalité. A nouveau, j’ai pensé à leurs enfants mais je me suis bien gardée d’intervenir de quelque manière que ce soit. Et cela m’a confortée dans ce que je pense, à savoir qu’il est comme ça avec tout le monde, pas qu’avec moi.

Bref, j’ai tempéré. Il faut dire que depuis quelques temps, je suis sous perfusion de ce que je qualifie comme étant le meilleur remède à ma morosité, c’est-à-dire sous perf de ‘Friends’ que je regarde à la chaîne. Je me marre comme une baleine et leur joyeuse frivolité me gagne. J’en viens même à copier leurs réparties et leur humour, moi l’hybride Monica/Phoebe. Du coup, je souris tout le temps.

Jusqu’à hier soir. Je ne sais pas trop comment c’est parti ni trop ce qu’on s’est dit, enfin, jeté au visage, Bradley et moi, mais toujours est-il que je me suis couchée en pleurant avec un mal de chien au fond de moi. L’alcool, en doses relativement modestes pour une fois, n’était même pas en cause. Je ne sais plus, je crois que j’ai dû vouloir lui faire constater qu’il n’avait pas besoin de moi dans sa vie, ce qu’il a confirmé.

Et je me suis levée ce matin étrangement calme et apaisée. Tout m’est alors apparu limpide, comme si notre violente querelle de la veille était le point d’exclamation final dont j’avais besoin pour accepter ce que je sais au fond de moi depuis le début : lui et moi n’avons pas d’avenir ensemble.

J’ai perdu mon sourire dans la bataille, voire ma parole, juste le minimum syndical. Il a bien senti que quelque chose n’allait pas ou peut-être voulait-il juste revenir sur hier soir pour dépassionner notre débat houleux mais je n’ai pas souhaité en reparler alors j’ai pirouetté. D’ailleurs, je ne sais pas s’il y a matière à débattre le bout de gras plus avant et je n’en vois pas la finalité. Je me dis qu’il va repartir pour un mois, c’est bien, ça se délitera tout seul.

Bref. Donc, pour en revenir à l’embryon de projet professionnel qui a percé à jour ce matin, il s’agit d’une formation sur SAP, si possible les modules en Material Management, Sales and Distribution, Finance and Controlling…

Je sais, c’est bizarre. J’ai déjà bossé dessus et j’aurais bien aimé me former d’avantage à l’époque. Je me dis que c’est l’occasion ou jamais. Et cerise sur le pompon, quand on est expert SAP, le boulot, c’est pas ce qui manque, en France comme à l’international, mon rêve. Et je vais faire une VAE avant, une Validation des Acquis par l’Expérience, histoire de me revendiquer enfin BAC+2, moi l’autodidacte sans diplôme.

J’ai donc passé la matinée là-dessus. Je suis décidée. C’est dans le but d’un boulot certes alimentaire mais qui m’intéresse vraiment. Je suis libre comme l’air, je n’ai aucun bagage, je peux rester sur Paris, aller en province et même à l’étranger, tout me sera possible.

Allez hop, c’est parti.

20th ANNIVERSARY


« Pourquoi écrirais-tu à Walter ? Qu’est-ce que tu en attends ? »

J’ai bloqué. Sacrée Nénette, sacrée sophrologue/coach très douée en développement personnel. Pourquoi fait-on les choses. S’interroger sur ses intentions, les évidentes mais surtout les cachées. S’interroger aussi sur leur signification et sur leur portée.

 

Mercredi 17 février 2021 # BIENTÔT LE PRINTEMPS ??? J-32

Cela me ramène à la thérapie à domicile pour mon TPB que j’avais commencée il y a quelques temps sans pouvoir aller plus loin que la conception de ma matrice. Qui est restée depuis à l’état de squelette.

Donc, je ne sais toujours pas pourquoi je fais les choses ou j’en ai l’intention. Non pas parce que je ne me pose pas la question, au contraire, mais parce que je ne trouve pas de réponse. Certains diraient qu’il faut y aller en roue libre. Ça fait des mois que j’y suis, faut bien freiner un jour sinon je vais finir dans le décor. Si ce n’est déjà pas le cas.

Bref. Dans cette optique, je suis allée lundi pleine d’espoir à mon premier atelier de Pôle Emploi intitulé « Etat des lieux/Se connaître/Exploration des pistes métiers ». Dès les premières minutes, j’ai su qu’il y avait eu erreur d’aiguillage.

Déjà, je me suis aperçue que ce que je cherchais relevait de la quête du Graal. La révélation suprême, le déclic transcendantal. Ce travail d’introspection m’est apparu hors de propos, car ce que j’attends, c’est une intervention extérieure. J’ai tort, bien sûr, mais je ne me suis pas sentie sur les bons rails dans cet atelier.

Et puis, je me suis faite chier à mort au bout de dix minutes. On était cinq participants plus l’animateur que j’ai sincèrement plaint car je pouvais entendre ses pensées comme « Bah on n’est pas sortis de l’auberge » devant le mutisme et les yeux de merlan frit de son auditoire…

Entre celui qui savait à peine lire, l’autre qui parlait à peine français et à qui il fallait préciser la moindre expression comme ‘la cerise sur le gâteau’ nous faisant perdre un temps infini, un Calimero, bah oui, y en a toujours un qui met tout sur le dos des autres, surtout lorsque ces autres lui donnent des ordres, une autre qui veut un travail qui ne ‘pénalise’ pas sa vie de famille avec des horaires raccourcis mais une paie rallongée…

La cour des miracles.

Moi qui me languissais de rencontrer de vrais gens et de retrouver un semblant de contact social, j’ai été servie. J’ai plus d’échanges avec Raymond, ma belette en peluche, que je n’en ai eus dans cet atelier. Bref, je ne fais pas vraiment de jugement de valeurs, plutôt un constat. Si ça se trouve, humainement, ils sont tous très intéressants. Mais là, j’ai trouvé plus forts que moi comme bulots apathiques mono-neuronaux…

Puis, en y repensant, avec ma branquignolerie et mes errements sans fin, j’étais peut-être à ma place, dans cette cour des miracles. Ouais, Esmeralda.

–  Avez-vous des pistes ?

–  Trop. Et cela me perd. C’est bien le problème.

Bref. J’ai des exercices à faire sur leur portail, j’y ai jeté un œil… pas loin de 20 heures de quizz et de matrices à remplir le plus honnêtement possible pour défricher le terrain vague de ma réorientation professionnelle. Je sens que cela va finir comme la matrice de ma thérapie anti-TPB…

Et en sortant de cet atelier, sur les 2.8 kilomètres qui m’ont ramenée à pied chez moi, tenté du moins, j’ai ressenti une douleur fulgurante dans ma cuisse gauche qui m’a forcée à m’arrêter sur le trottoir, pliée en deux, à la limite d’appeler à l’aide. Manque de bol, la rue était déserte. Cela a fini par passer et j’ai pu, clopin clopan, rentrer à la maison.

J’ai déjà eu le tour il y a une semaine chez moi. Je ne faisais rien de particulier et venue de nulle part, cette douleur comme un coup de poignard m’a arraché un hurlement. Bref. Ma fibromyalgie se rappelle à mon bon souvenir en passant la cinquième.

J’ai donc passé la journée d’hier en boule sur la banquette, criblée de douleurs dans toutes les cellules de mon corps. C’est un peu mieux aujourd’hui mais cela n’augure rien de réjouissant pour la suite. Bah, ça me permet au moins d’avoir une piste, une non-piste plutôt, pour mon futur job : « Fauteuil roulant friendly »

 

Le week-end dernier, j’étais chez Toto pour l’anniversaire de ma nièce. Trois jours en famille où les rires, les éclats de voix, les jeux de société endiablés et la liqueur de mandarine en fin de soirée m’ont fait beaucoup de bien. La raclette sur trois repas, moins. Mais cela m’a amenée à me dire que la vie de famille un peu tribale était assez réconfortante, après tout. J’y avais ma place, j’étais bien.

Et lorsque je suis allée au cimetière où j’ai cette fois pleuré comme une madeleine, je me suis dit que si j’habitais à proximité, je viendrais certainement tous les jours. Un manque cruel de dire simplement « Bonjour Maman, bonjour Papa » et de leur raconter ma vie. Tout en imaginant leurs réponses. Besoin de recréer un lien, un échange. A ma façon.

Alors, l’idée de revenir dans le coin a refait surface. Près de Maman, près de Toto. Et comme il n’y a pas de coïncidences, l’opportunité de reprendre un petit commerce de proximité dans la cambrousse là-bas a surgi. C’est loin encore d’être un projet tangible mais une idée qui fait son chemin.

Je sais, il n’y a pas longtemps, je repoussais cette dernière avec dédain. ‘La campagne boueuse ravitaillée par les corbeaux’ ne m’attire toujours pas mais là, j’aurais une raison pour dépasser cette antipathie. On m’a même gentiment proposé de me prêter une caravane que je mettrai sur le terrain de Toto en attendant de trouver un petit chez moi !

Oui, j’ai peut-être besoin de revenir aux sources. Je ne sais pas, je réfléchis.

 

Comme cela fait un moment que j’y pense, comme j’en ai fait le rêve il y a deux nuits, comme j’en ai assez de chercher des réponses introuvables, comme je me dis que je ne suis plus à une excentricité près, j’écris ce qui suit.

« Dear Walter,

I have been told that we do things for a reason but I can’t find any for writing to you today except that I couldn’t skip this so long awaited date. Feb 17th 2021. 20 years. Although when we met still remains really vivid in my soul and heart, let me tell you what has appeared to me lately as the most significant when I think of you.

During my therapy, I have been asked this “Do you recall one moment in your life when you have felt really happy?”… I was afraid to say that I had not lived this moment yet but a long forgotten memory has then reappeared. I was on stage, singing with my band, my mom, my friends and you were there watching me and cheering me up, I couldn’t help but smiling over and over, I know why now : I was and I had everything I ever wanted in my life right at that moment, I couldn’t be more happier… Do you remember too? Did you feel the same?

Today, yesterday, tomorrow and ever, this is what I choose to remember. Beyond the hurt, the wait, the unsaid, all I want to keep is the feeling of being whole and utterly happy once in my life thanks to you.”

LES 4 MOUSQUETAIRES

–  Ça va, Madame, vous ne vous êtes pas fait mal ?

–  Si si ! Ma fierté en a pris un sale coup…

Première gamelle de l’année sur le trottoir gelé en allant à la pharmacie pour mon refill de petites gélules vertes. Si la météo s’y met désormais pour nous empêcher de tourner en rond !

 

Mercredi 10 février 2021 # COUVRE-FEU COMME LES POULES J+26

Et au comptoir à la pharmacie, j’ai eu un moment. A côté, une toute jeune femme, belle comme un cœur avec ses longs cheveux blonds et ses grands yeux bleus, s’est avancée pour être servie. Je me suis dit qu’elle devait être très courtisée et j’ai eu un soupir d’envie.

Et là, elle a ouvert la bouche. Mon dieu ! Une charretière à l’accent parisien poussé à l’extrême avec ses ‘ouaing’ au bout de chaque phrase. Du coup, j’ai arrêté de l’envier. Puis, je me suis demandé si les mecs étaient capables de passer outre, si la plastique prévalait et si le charme n’était en fait qu’une futile chimère…

Mouais.

Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de la mort de Papa. Il y a 9 ans. C’est dur, surtout cette année où Maman l’a rejoint. Vendredi, je vais au cimetière pour les voir tous les deux donc. C’est sûr, c’est plus pratique qu’avant mais cela n’en est pas moins douloureux. Les larmes montent moins à leur évocation, je ressens plus une compression dans la poitrine mais qui s’estompe assez vite. Mon deuil serait-il en train de se terminer ?

 

« Hé mais c’est ultra-bon, ça ! Tes amis vont se régaler demain ! Dis-moi, tu serais capable de refaire ce plat pour trente personnes ? » s’est exclamé Bradley samedi soir lorsqu’il est venu passer sa nuit de permission à la maison.

Oui, je me suis remise à cuisiner et je n’ai pas choisi la facilité avec le challenge ultime pour la végétarienne que je suis, de cuisiner au pifomètre intégral des plats de viande dont je ne peux vérifier ni la cuisson ni l’assaisonnement. D’où l’occasion bénite d’avoir un goûteur pour mon déjeuner avec le Scoobigang du lendemain. Apparemment, je me suis bien débrouillée.

–  Bah oui, je multiplie les quantités par 4… Quoi, tu as l’intention de faire une boum au régiment ?

–  Non mais je me disais qu’on pourrait faire un repas d’accueil au village de la ferme aux pommes, qu’en penses-tu ? Dans ton plat, il n’y a que des produits que l’on pourrait soit élever, soit cultiver sur place, ce serait une belle démonstration, non ?

J’ai failli m’étouffer en finissant mon verre de vin.

–  Qui ça ‘on’ ?

–  Bah toi et moi.

–  Mais bien sûr. Allez, ressers-moi du vin et parlons d’autre chose.

La veille, c’était « Je n’envisage rien avec toi » et là je devrais cuisiner pour tout le village pour ‘notre’ week-end d’intégration ?!? Ses revirements de girouette me portent sur le système. Je ne sais pas si c’est un jeu pour lui ou s’il est vraiment indécis, le fait est que ça m’agace au plus haut point.

Bref, la solution pour diluer mon exaspération est dans le Côtes-du-Rhône.

Le sent-il ? Toujours étant que samedi soir justement, jusqu’au lendemain où il m’a envoyé plein de messages tout mimis, il n’a jamais été aussi adorable, se montrant amoureux malgré qu’il s’en soit défendu la veille.

Aujourd’hui, je repense à tout ça, dubitative. Et d’un seul coup, tout m’apparaît clairement. Je relie les quatre hommes qui ont compté dans ma vie et je comprends alors une chose : ils ont tous eu le coup de foudre pour moi… mais pas moi. Sauf pour Walter.

Ce que je veux dire, c’est que je n’ai jamais été la provocatrice de nos histoires.

Kevin m’a fait une cour assidue et a fini par me ‘convaincre’ malgré le fait que j’ai senti dès notre rencontre qu’il était une erreur à ne surtout pas faire. Je me suis laissée emporter, c’était juste après une énième rupture d’avec Walter, j’imagine que j’avais besoin d’une histoire tangible, envie d’être aimée pour de vrai, quoi.

Sean aussi m’a fait la cour et un jour, je l’ai regardé comme autre chose qu’un collègue de travail. Là aussi, je me suis laissée emporter, grisée par sa demande en mariage idyllique et j’en ai presque oublié Walter. Mais était-il l’homme de ma vie ? Sur le moment, j’ai évité soigneusement de répondre à cette question. J’aurais dû, j’aurais évité un mariage voué à l’échec, tué dans l’œuf.

Enfin, Bradley. Il y a 23 ans, c’est lui qui a eu le coup de foudre, tout en restant dans l’ombre. Lorsque j’ai découvert le pot-aux-roses, j’ai été troublée car je tombais des nues. Pour moi, c’était un collègue de travail devenu un bon pote. Je me souviens même qu’une autre collègue m’avait plus ou moins rencardée et que je m’étais dit alors « Mé non, il est mignon, marrant, Bradley, mais je n’en veux pas comme mec ! »

Il aura suffi d’un baiser à la porte d’un taxi et de mes larmes bouleversées dans ce même taxi pour m’ouvrir à lui. Une passion dévorante que je n’avais absolument pas vue venir. Ma première relation longue. Mon premier mariage, certes sur un pari, mais plein d’amour quand même. Un comble pour un mec dont je ne voulais pas

Et puis, Walter. C’est le seul que j’ai désiré. Sans savoir quoi faire de ce coup de foudre réciproque. Sans jamais m’être battue pour lui. Sans jamais ne pouvoir faire autre chose que de l’attendre. Je crois que je ne savais tout simplement pas ce que c’était que de vouloir quelqu’un et de mettre tout en œuvre pour l’obtenir.

Et ça a donné ce que ça a donné, c’est-à-dire rien. Dans une semaine, cela fera 20 ans que l’on s’est rencontrés lui et moi. Si ce moment est encore bien vivace en moi, l’amertume de tout ce temps perdu, bien que je ne puisse lui attribuer à l’unilatéral, est bien plus forte et les sentiments que j’ai et aurai jusqu’à la fin de ma vie pour lui s’érigent aujourd’hui en moi comme un avertissement « Never again »

Ce qui m’amène à Bradley 2.0. Tout semble enfin prendre la forme qu’il souhaitait. La ferme aux pommes devient une réalité, son ex-femme est revenue à de meilleurs sentiments… Je suis foncièrement contente pour lui. C’est bien qu’il aille au bout de ses projets.

Pis tiens, hier, il m’annonce avec en préambule « J’espère que tu n’en seras pas trop triste… »  qu’au dernier moment, la tata de ses enfants accepte de garder ces derniers pendant qu’il sera en mission. Triste, non, je suis même contente qu’ils aient enfin quelqu’un de leur entourage qui se soucie d’eux.

Donc, exit ma mission de nanny. A bien y réfléchir, ce n’est pas plus mal car je m’aperçois que je n’étais pas à ma place dans ce rôle. J’ai toujours cet élan car je déteste ce que je ressens lorsque je me mets à la place de certains mômes. Mais je viens de comprendre que ce n’est pas à moi de prendre soin des enfants des autres. Ce n’est même pas mon job !

Bref. Oui, tout semble s’arranger pour Bradley et comme je l’ai dit, je suis heureuse pour lui. Mais à nouveau, lorsqu’il s’est mis à parler de demain en disant exclusivement je et lorsqu’il a continué de parler de moi comme le plan D ou Z je ne sais plus, bah cela a fini par me faire décrocher pour de bon.

Certes, je n’avais pas de grandes attentes mais d’avoir en face de moi un mur qui me renvoie au visage la moindre tentative, au bout d’un moment je tourne les talons. Je me suis rappelée lorsqu’on s’est revus lui et moi il y a un peu plus de 4 mois. Nénette m’avait dit que c’était lui qui souhaitait ardemment me revoir, ce que j’avais de prime abord refusé avec un « What the fuck ?! » retentissant.

A nouveau, je n’ai pas voulu Bradley et pourtant je me suis laissée emporter. J’ai voulu écouter mon intuition. Elle me disait quelque chose que je ne pouvais ignorer. Comme lorsque je me suis raccrochée de toutes mes forces à ce que j’ai ressenti lorsque j’ai rencontré Walter, cela voulait dire quelque chose que je ne pouvais oublier.

Du coup, j’en viens à remettre en question mon intuition, mon sixième sens, voire mon septième. J’ai suivi de faux prophètes, je me suis faite aveuglée par des mirages que je savais n’être que des cache-misères à mon désespoir d’enfant abandonnée souhaitant secrètement pouvoir faire confiance une fois dans sa vie.

Et je me dis que j’aurais dû écouter ma voix intérieure, celle qui parle dans mon plexus. Quand elle me disait que je ne suis pas faite pour être avec quelqu’un, que je suis une vraie solitaire et que je ne trouverai la paix que lorsque j’aurai fait de mon cœur un mausolée.

Bon, je ne vais pas dire ‘Fontaine je ne boirai pas de ton eau’ car c’est le plus sûr moyen de boire la tasse. Tout un chacun, on veut être amoureux, c’est chouette comme sentiment. Alors oui, j’ai moi aussi envie de retomber amoureuse, d’avoir des papillons dans le ventre, un vent de passion qui m’enivre, j’ai envie de prendre soin et qu’on prenne soin de moi, envie de « You’re the air that I breathe, you’re the ground beneath my feet », j’ai envie d’être en manque de quelqu’un, envie de lever les yeux sur ce quelqu’un et de me sentir à la maison, envie de finir le pot de Macadamia Nut Brittle d’Häagens-Dazs à deux, pelotonnés en pyj devant un épisode d’une série à la con.

Justement. Si je ne vis pas ça, je me dis que je suis mieux toute seule. Et ce que je vis en ce moment avec Bradley, c’est tout sauf ça. Ce n’est pas désagréable, loin de là, mais je peux m’en passer.

 

La métamorphose que j’ai vue à plusieurs reprises dans les cartes à mon propos est bel et bien là. Et si je dois rencontrer quelqu’un, j’aimerais, pour la première fois de ma vie, le vouloir et faire en sorte que cela fonctionne. Je veux mon plein gré.

DES POMMES ET DES CLAQUES

« Allez, viens, on se casse, on va faire des pommes dans la propriété que j’ai trouvée ! »

« Non, je n’envisage rien avec toi, je ne me pose même pas la question. »

« Tout va bien, sentimentalement pour moi : j’ai quelqu’un dans ma vie. »

« Arrête de te faire des nœuds au cerveau, moi je ne m’en fais pas ! »

« Quand tu penses qu’il y a deux mois, on se demandait s’il y avait un ‘nous’ et aujourd’hui, on en est là… Donc bien sûr que cela va encore évoluer ! »

Mais qu’est-ce qu’il m’emmerde à dire tout et son contraire en dix minutes ! Tout ça parce que je lui ai dit que je n’avais pas l’impression d’être ‘en couple’ que je trouvais cela bizarre et que c’était la raison principale pour laquelle je ne lui avais pas présenté mes amis…

 

Samedi 6 février 2021 # COUVRE-FEU COMME LES POULES J+22

Car Bradley a crû que j’organisais un repas de présentation dans les règles alors que c’était le contraire : j’avais juste envie de réunir le Scoobigang et s’il avait été là, bah cela aurait été l’occasion. Bref, case closed : demain dimanche, il est au régiment.

Tout change tout le temps avec lui, il n’est qu’incertitude et impossibilité de prévoir quoique ce soit. Pas nouveau, cela m’a rendue folle fût un temps et conduite au ‘T’es là, t’es là, t’es pas là, t’es pas là.’ D’où aussi l’absence chez moi d’une quelconque projection avec lui au-delà d’un jet de pierre.

Et c’est justement ce que je lui disais, je ‘partageais’ comme il dit. Il a tout compris de travers et en a conclu que j’étais en attente de lui, en demande d’un futur avec lui et que ma dead-line de 6-8 mois pour trouver une orientation professionnelle signifiait que je lui mettais la pression pour le rejoindre à la campagne… S’il savait ce que j’en pense de sa campagne boueuse !

–  Tu m’as dit ‘Viens, on va faire des pommes’, je voulais savoir pourquoi.

–  Oh, laisse-moi me poser d’abord et je n’ai aucune envie de vivre avec quelqu’un en ce moment ! 

–  T’as rien compris !

–  Quoi ? Tu as toutes les raisons de me détester mais tu n’y parviens pas ?

–  Oh mais si ! Pas tout le temps mais là, oui. Tu m’emmerdes à tout voir au travers de ton prisme. Ça m’embrouille, du coup, je finis par ne plus savoir si je parle français et à me dire que c’est moi qui ai un problème à me faire comprendre. 

–  Si, je comprends.

–  Pas sûr. Tu projettes sur moi une image erronée, une sorte de fantasme, je ne sais pas, d’une geisha énamourée qui vit dans l’ombre de son homme… Allez, je vais être franche, ma vie en ce moment est plus que vide, elle tourne donc beaucoup autour de toi mais c’est parce que je n’ai rien d’autre à faire ! Et crois-moi, j’ai hâte de la remplir avec autre chose !

–  Mais tout va bien ! Je ne comprends pas pourquoi tu te prends la tête !

–  BOUHOUHOU tais-toi !!! Et décolle parce que là, tu me soûles !

J’ai refermé la porte derrière lui, assez fumasse, je dois dire. Mais quel sale con, quand il s’y met ! Sans compter qu’il m’a collé un mal de crâne avec son planning ultra-chargé, d’une inconstance à se demander s’il connaît ce qu’on appelle la gestion des priorités…

Bref. Pour ce qui est de l’armée, ses missions vont, viennent et reviennent, s’annulent au dernier moment pour laisser la place à une autre, gnagnagna, et comme ça jusqu’à la fin de l’année. M’en carre le coquillard, t’es là, t’es pas là et peut-être qu’à mon tour chré là, chré plus là…

La garde de ses enfants est à nouveau remise en question : son ex-femme lui refait un sketch donc il va certainement, lui, demander la garde exclusive quitte à les déscolariser, blablabla… Moi, je ne peux que plaindre ces mômes qui doivent bien se sentir encombrants entre une mère qui veut refaire sa vie avec son nouvel homme avec une semaine sur deux pénarde et un père qui fait passer ses obligations militaires avant ses obligations parentales.

Bref, je les garde avec plaisir dans quinze jours et je propose, afin d’éviter une troisième guerre nucléaire entre les parents, de les garder à nouveau pendant les deux semaines attribuées à leur père mi-mars lors de sa nouvelle mission. Ce dernier conçoit le truc encore de travers, comme une énième option de secours alors que moi, je le fais pour les gosses, pour qu’ils aient un semblant de stabilité.

Mais bon. Surtout que leur mère a émis une objection pour ma pige de nounou dans quinze jours : « Je ne suis pas trop d’accord et suis inquiète que tu confies nos enfants à quelqu’un que tu n’as pas vu depuis 20 ans… »  Ce qui a donné lieu à un pugilat entre les deux, mama mia ! Hé time-out, je fais ça pour rendre service (et aussi parce que je vous trouve pathétiques tous les deux) alors on se calme !!!

Pis dans tout ça, sa recherche de propriétés, bien qu’elle soit en passe de s’arrêter car il a eu un coup de cœur pour celle des pommes, son montage de prêt, ses devis travaux, ses soucis administratifs divers et variés, sa voiture qui bloubloute, un truc de différentiel j’ai rien compris, son montage de sociétés pour vendre des bidules à tous les rebelles barbus de la terre, là aussi c’est hors de mon cosmos, le sport qu’il voudrait reprendre pour être en forme pour ses missions…

A se demander comment il trouve des créneaux pour moi… Ce qui explique que lorsqu’il vient me voir, il passe le plus clair de son temps le nez sur son ordi et l’oreille au téléphone sans se préoccuper de moi le moins du monde.

–  Tu vois, malgré tout ce que j’ai à faire et à gérer, j’aime bien te savoir à côté de moi.

–  Comme une potiche. Bah moi, je ne trouve pas ça très agréable. On est loin des 48 heures idéales…

–  Si tu veux, je peux rester chez moi !

Je me suis mordue les lèvres pour ne pas lui rétorquer que ce serait mieux, en effet. Décidément, ses prochaines missions vont nous faire de l’air. A moi, en tout cas.

 

Je reconnais, je suis un peu à cran. Je pense que c’est parce que l’on va arriver au pire moment de l’année pour moi. Ça fait longtemps déjà que je hais le mois de février, particulièrement le 10, le 14 et le 17. La semaine de la mort.

Le 10, c’est le décès de mon père. Le 17, c’est ma rencontre avec Walter. Cette année, en plus, on commémorera nos 20 ans. Toute une vie, quoi. J’hésite d’ailleurs à lui écrire… Quant au 14, il est de notoriété quasi-publique que j’abhorre la Saint-Valentin. M’est toujours arrivée les pires avaries ce jour-là. J’ai même cru que j’étais maudite à date fixe.

Du coup, je retourne chez Toto car c’est l’anniv’ de ma nièce cette fois-ci. Si l’on n’est toujours pas reconfinés d’ici là. Ça me changera peut-être les idées.

UNE BOUSSOLE, SVP

« Coucou, Yang ! Toi, Mimine et Abigail, ça vous dit de venir déjeuner à la maison samedi ? Faut en profiter avant d’être reconfinés ! »

Certains font des stocks de papier-toilette, moi je fais le stock d’amis. J’essaye, du moins.

 

Vendredi 29 janvier 2021 # COUVRE-FEU COMME LES POULES J+14

–  Hé mais cela aurait été avec grand-plaisir mais Mimine s’est cassé le sacrum !

–  Ah merde ! Ma copine !

Et pis je dois me rendre dans la pampa essonnienne afin de récupérer mon dernier achat dont je ne suis pas peu fier : dix décimales de Pi du Palais de la Découverte…

Je pars dans un grand éclat de rire. Il n’y vraiment que Yang pour me rendre hilare comme ça ! Que ça fait du bien ! Et l’on passe une bonne heure au téléphone à papoter à bâtons rompus comme on l’affectionne.

–  Alors, ça en est où pour ton switch de jobs ?

–  Bah je termine dans ma boîte actuelle dans une semaine, ils ont accepté mes CP et je commence mon nouveau boulot début mars.

–  Mais chouette ! Et que vas-tu faire pendant tes congés ?

–  Je vais prendre le large, je crois, besoin de me retrouver, de faire le point sur ma vie, tout ça…

–  Tu retournes en Grèce ?

–  Non, je voyais plutôt le fin fond de l’Amérique latine…

–  Mais on va être confinés, ça va être compliqué, non ?

–  Merde, c’est vrai, ça !

–  Tu sais, l’autre jour, je me faisais la réflexion, si demain je gagne au loto, mon premier réflexe est de me carapater dans le Montana et pis là je me dis « Ah bah non, pas possible ! » ou je crée une boîte « Oui mais dans quel secteur d’activité qui ne soit pas et ne sera jamais impacté par une épidémie comme celle que l’on connaît actuellement partout dans le monde ? »… J’en suis venue à me dire que la seule chose qu’un max de blé peut m’apporter, c’est de partir sur une autre planète… C’est fou, le moindre projet que l’on puisse avoir, si mimine soit-il, est tué dans l’œuf à cause du covid ! Pas étonnant que les psys soient débordés en ce moment !

–  Oh ça m’emmerde tout ça, ras-le-bol ! Alors, je vais faire mon Ché et j’irai me confiner à l’hôtel First Class du Pont de Bezons, puisque c’est comme ça !

Autre barre de rire.

–  Je te reconnais bien là, mon Yang ! Allez, je plussoie et t’accompagne dans ta rébellion : on se fera une bouffe quand même, d’ac ?

–  Un peu, mon neveu !

–  C’est pas comme si on allait faire une rave-party à trois-cents personnes, fuck le confinement, quoi !

Là-dessus, joyeuse d’avoir échangé avec mon exhausteur d’enthousiasme mais inquiète de lui avoir sapé le moral avec ce rappel de la réalité, je reviens à mes moutons de confinée volontaire. Je me dis que pour moi, cela ne va pas changer grand-chose malheureusement à ma vie de tous les jours.

Sauf que… Après en avoir brièvement parlé avec Bradley, si confinement il y a, ça va changer quand même mon mois de février que j’avais prévu dans l’ultra-solitude car la mission de Bradley sera annulée. La mienne de mission en tant que nounou aussi, donc. Bref.

Me voilà repartie à naviguer à vue. J’aimerais bien avoir une boussole, quand même.

A CHEVAL !

–  Qu’avez-vous le plus besoin lors de notre accompagnement ?

–  De beaucoup d’échanges et de découvertes parce que je tourne en rond en présentiel avec moi-même 24/24.

La psy du travail de Pôle Emploi ce matin. Du coup, me voilà inscrite sur l’accompagnement Actif Projet sur huit semaines à compter du 8 février prochain. Bilan de compétences, validation des acquis, échanges et orientation, ateliers reconversion et formation… Il était temps. Car je n’en peux plus tellement je suis dans le waï.

 

Vendredi 22 janvier 2021 # COUVRE-FEU COMME LES POULES J+7

Une reconversion. Je crois que cela s’impose. J’ai quelques idées, notamment une que m’a soufflée Mildred mardi dernier : archiviste… La formation quant à elle a l’air d’être coton et je ne sais pas trop quels débouchés il peut y avoir mais cela m’interpelle.

Car ce dont j’ai le plus besoin, c’est de trouver une motivation profonde. Des valeurs et des points d’ancrage. Après la tourmente et les différents séismes que j’ai vécus, je ne parviens pas à me poser et à trouver mon chemin. Je prends donc toutes les aides qui s’offrent à moi.

Bon, les médocs, c’est une béquille. Je comptais entrer en thérapie dès que j’aurais pu me payer des séances à 100 balles donc autant dire pas tout de suite mais, Mildred toujours, m’a donné les coordonnées d’un centre municipal de psychologie, gratos donc, une opportunité que je saisis à bras-le-corps.

Surtout en ce moment où je suis envahie de plus en plus par le chagrin. Ça vient par vagues qui me submergent quoique je fasse. Clairement, je n’ai pas fait le deuil de Maman. Je la vois presque partout tout le temps, je n’arrive pas à croire qu’elle est partie et je ressens un manque d’elle si cruel que cela me crucifie littéralement.

Je vais donc la voir demain. Parce qu’avec le confinement Acte III à l’horizon, je ne sais pas quand je vais pouvoir y retourner. Bien sûr, je passe voir Toto et c’est l’anniv’ de mon neveu. Je suis donc sortie tout à l’heure lui acheter une enveloppe-cadeau de jeux à gratter parce que je n’ai aucune idée d’un truc plus festif à offrir.

J’en ai profité pour vider mes verres. Ah ah ah le regard réprobateur d’une rombière raide comme la justice à côté du container à verre… Déjà, Madame, je n’ai pas bu ça toute seule et de deux, bah y a aussi un pot de cornichons !

Bref. Oui, l’alcool. J’admets qu’en ce moment, je n’y vais pas mollo. Jamais seule, toutefois. Seulement quand Bradley est là, un peu le prétexte, quoi. Je sais que c’est un exutoire mais quand je me rends compte de tout ce que j’exulte lorsque j’ai 2 grammes, c’est-à-dire de la merde à 90%, bah je me dis que je file un mauvais coton.

Le pauvre Bradley… On en a discuté, je lui ai demandé de m’excuser et de me filer un joker, à savoir tout ce que je dis et fais dans ces moments-là est à jeter à la poubelle de l’oubli dès le lendemain. Je sais que c’est une phase, l’alcool ne me manque pas entre deux mais dès que je mets le nez dedans, j’y vais sans clapet de rétention.

Je dis ‘le pauvre’ car je me rends compte à quel point je peux être pourrie et invivable parfois et que si lui m’accepte comme je suis, je dois l’accepter lui comme il est, tout pourri et détestable qu’il peut être parfois aussi. Fair play. Surtout qu’en plus, les moments où il est adorable occultent complètement les moments où il est imbuvable. Le jour où cela s’inversera, on verra.

Bref, il est au régiment depuis hier. En début de semaine, il est allé visiter des propriétés au fin fond de nulle part et lorsqu’il m’a montré les photos en rentrant, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que décidément, je n’étais pas prête pour un retour dans la boue et les fientes de poules, pour une masure pleine de courants d’air où je me caille les miches à longueur d’année et pas de Deliveroo à moins de 100 km…

Voire même, de revoir cet environnement que j’ai quitté joyeusement il y a presque 30 ans m’a limite angoissée. En tout cas, je n’ai absolument pas ressenti l’appel de la nature et du retour aux sources que Bradley lui ressent puissance 10 depuis trop longtemps à son goût. Ça répond au moins à une de mes interrogations : Trouducul land, c’est pas pour moi. En tout cas, pas tout de suite.

Je suis néanmoins assez sereine, il vit son truc, les choses prennent forme pour lui et moi je vis au jour le jour, voilà. Dimanche dernier, on est allés ensemble chercher la voiture qu’il a finalement achetée, pas un pick-up mais un gros Dodge Durango. Et c’est moi l’Américaine !

On en a aussi profité pour déjeuner chez lui avec ses enfants. Cette pige de nounou fin février se précise… Sauf que si d’ici là on est reconfinés, je ferais la nounou chez moi. Pourquoi pas. C’est juste que cela va me faire bizarre d’avoir à nouveau des enfants chez moi, les derniers ayant été ceux de Kevin il y a une paie. Bon, on verra bien.

 

Bradley est au régiment jusqu’à dimanche soir où il récupère ses enfants. La semaine prochaine, je ne le vois pas et la semaine suivante, il part faire faire des devis travaux pour les propriétés qu’il a visitées. Et le 11 février, il part pour son détachement de 15 jours. Donc, je pense que l’on se reverra dans un mois à peu près.

Pile poil lorsque j’ai besoin de me recentrer sur moi-même. Sans perturbations. Sans alcool. Carême, quoi. Allez hop, à cheval !

RÊVE ULTIME

«… For seven days you will spend your time alone on the island where you will be given full access to the entire film program at Göteborg Film Festival 2021. You will get supplies for seven days and be transported by boat to and from the island. But once there, it’s just you. No phone, no family, no friends. Just you, the sea and the films. A unique experience of total isolation from the outside world…”

The Isolated Cinema

Vendredi 15 janvier 2021 # COUVRE-FEU COMME LES POULES J-1

MON RÊVE !!!!!!!! Si seulement je n’avais pas le mal de mer… Peut-être une nouvelle piste de reconversion en gardienne de phare ?