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MA PRAIRIE EN FLEURS

« Tu es d’une aide vraiment précieuse, merci d’être là ! »

Si tous mes boss se fendent de leur compliment chaque vendredi, je vais finir par me choper la grosse tête. Tout ça parce que j’ai monté/descendu en jupe-talons les escaliers dix fois de suite pour les aider à charger la voiture avec les trucs pour la démo de l’après-midi avec Mme B.M.

Ils ont peut-être salué le sacrifice de mes mollets ?…

 

Samedi 10 avril 2021 # SEMI-CONFINEMENT NATIONAL  J+10

J’aime mon taf. Enfin, pas tant le taf en lui-même mais ce qu’il signifie dans ma vie. J’ai de nouveaux des horaires à respecter, des croix dans mon agenda, des trucs perso à caler au milieu, une nouvelle routine à installer dans mon planning presque débordé de femme nouvellement active.

Et j’adore !

C’est ce que j’ai dit à ma doctoresse hier soir en téléconsultation. Je crois que tout va bien, aujourd’hui. Je garde encore la sérotonine et la mélatonine histoire d’ancrer mon bien-être mais le tournant que vient de prendre ma vie pourrait bien à lui seul valoir tous les antidépresseurs de la terre. C’est la Sécu qui serait contente.

Bon, le taf, rien de compliqué, c’est même très en deçà de mes compétences mais ça me va. Une charge mentale bien légère qui me permet de refermer la porte derrière moi le soir sans aucun remords ni pensées parasites.

Une semaine et je suis en place. Tellement en place que depuis jeudi, j’ai des creux. Et s’il y a bien quelque chose que j’abhorre au boulot, c’est de peigner la girafe. Je suis même allée quémander quelque chose à faire pour avancer les autres. Mais le suivi des Colissimo dont on m’a chargé m’a occupée dix minutes. Même en ayant construit une base de données from scratch.

Je saute donc sur toutes les occasions pour m’occuper. Comme de la manutention et un brin de ménage dans mes quartiers. Mais bon. Alors, j’ai décidé que dès lundi, j’en profiterai pour me remettre à écrire les aventures d’Andy et de Samuel-James que j’ai délaissées depuis quelques temps. Ça tombe bien.

Bref, tout ça n’est pas très excitant mais comme je l’ai dit plus haut, ça me convient. De plus, l’ambiance et l’environnement sont bons et je me suis même fait une copine, Cameron. On a le même âge à trois mois près, on est un peu de la même veine et son équilibre sérieuse au boulot mais fantasque en privé me ressemble beaucoup.

A nouveau, que c’est chouette de rencontrer de nouvelles personnes !

En parlant de rencontres, maintenant que j’ai goûté avec délice à la reprise d’une vie sociale, bah j’en veux plus. Une vraie frénésie. J’en ai parlé à ma BFF team mercredi.

–  Y a ce mec sur Meetic avec lequel j’avais parlé avant de revoir Bradley…. Mon dieu, Nénette, qu’il est beau ! On s’envoie des textos, on va s’appeler bientôt… Donc si je le vois, t’en penses quoi ?

–  Oh non ! Ce serait dégueulasse, maintenant que toi et Bradley avancez enfin !

–  Est-ce le cas ? Oui, je pense que certaines choses vont changer mais d’autres non. Je crains qu’il ne reparte dans sa spirale et je n’ai plus la patience. Mais par-dessus tout, je ne ressens aucune culpabilité à discuter avec Apollon alors que je devrais… Et je dois dire que j’aime ces petits textos échangés à longueur de journée, ça me change ! Je me sens très ado, très midinette en ce moment, certainement parce que je reviens à la vie et que j’ai envie de fleurs, de papillons et d’étoiles !

–  Bah tu ressens quelque chose pour ce mec, à part qu’il affole ta libido ?

–  Non, j’ai même l’impression que je me ferais chier avec lui, qu’il n’est pas très stimulant, intellectuellement et spirituellement parlant. Mais je ne suis pas contre de le rencontrer. Pour voir, comme ça…

–  Bon, faut faire comme tu le sens.

Yang, quant à lui, s’est exclamé : « Je suis pour à 100% ! Vas-y, la vie est trop courte et les nouvelles rencontres, c’est toujours bien ! »

Dissensions au sein de la team qui n’ont plus eu lieu d’être quelques jours plus tard. En effet, le fameux Apollon a cessé subitement ses textos et bien sûr ne m’a pas appelée. Il n’a peut-être pas apprécié que je lui dise être plus sensible au charme et à l’allure plutôt qu’à une plaquette de chocolat en guise d’abdos…

Bref. Je n’ai pas relancé. J’avoue que ça solde mon dilemme. Si dilemme j’avais.

Bradley a pris étonnamment la relève niveau textos et petits coups de fil anodins. Et moi aussi. J’avoue, les choses changent. Une vraie communication d’amoureux s’est instaurée. Bon, ce n’est pas passionnel ni ultra-affectueux et je peux me brosser si j’attends qu’il me fasse la surprise de venir me chercher au taf avec un bouquet de fleurs, mais cela a le mérite d’exister. Comparé à avant, y a pas photo.

J’attends toutefois de voir sur la durée. De voir s’il va se mettre un boost ou pas. Car j’en ai besoin, de ces putains d’étoiles dans mes yeux, maintenant plus que jamais, et s’il tarde trop, j’ai peur de vouloir m’en aller vers une autre galaxie…

C’est peut-être pour ça que je continue de discuter sur Meetic. Quelques amorces de discussion mais rien d’emballant. Ce que j’aime, c’est quand on commence à vraiment faire connaissance, à se retrouver avec plaisir pour continuer la discussion de la veille. Le frisson, même infime, c’est enivrant.

J’ai eu le tour avec Jeremiah. Je ne regrette pas, c’était bien le temps que cela a duré. Et que cela se soit terminé en queue de sucette, ce n’est pas grave. En parlant de Jeremiah, je lui ai répondu et ce, malgré toute la réticence que j’avais alors : « Je suis navrée. Vraiment. »

Je pensais que cela clôturerait notre mésaventure. Mais il a continué de m’écrire.

« Oui ? De quoi précisément ? Parce que là dit comme ça je peux comprendre /interpréter beaucoup de choses… Genre la première qui me vient à l’esprit c’est que tu valides que effectivement ça se termine comme ça dans le silence. Après, une autre, que tu l’es de la situation de manière plus générale… J’ai bien compris ce qui ne va pas (pas de souci de ce côté-là) mais j’ai pas du tout compris comment tu l’as géré …c’était très… bizarre… tes hésitations, ta manière de tourner autour du pot… qu’on reste ensemble quelques minutes, que tu me laisses te toucher tout ça …oui, bizarre, plus j’y repense et plus je trouve ça …pas banal. De mon côté j’entends ce que tu as dit, notamment -et tu le constates- que je n’ai pas tenté -et que je n’essaye pas plus là maintenant- de te convaincre de quoi que ce soit. Au final je pense que tout « ça » te perturbe beaucoup plus que moi… Et là c’est moi, à mon tour, celui qui est navré. »

Puis : « D’accord. Nos 10 jours ne pèsent rien du tout. Je n’aurai pas de réponse à mes précédentes interrogations (sauf à trouver ton blog ^^). Tu n’es pas logique (j’avais oublié). J’arrête de t’embêter. »

Je me suis dit qu’il fallait que je mette fin une fois pour toutes à cette histoire sans queue ni tête : « Mon silence… J’avais besoin d’infuser, je pense. Et tout le rush avec ce nouveau job! Je n’ai toujours rien compris à ce qui s’est passé lundi. Je veux dire, moi. Je ne sais pas ce qui m’est arrivé. Mon don prend une ampleur et une acuité déstabilisantes au possible. Je ne peux rien te dire d’autre que je suis profondément navrée. Je te souhaite tout le meilleur pour la suite de ta vie, à nouveau désolée de n’avoir été qu’une étoile filante. »

Ce à quoi il n’a pas tardé à me répondre : « J’apprécie que tu me répondes, mais tu ajoutes de la confusion là… Je n’ai pas compris ton attitude mais je pensais avoir compris tes raisons… Ce message me met le doute, ce qui était clair ne l’est plus vraiment…. »

Et de nouveau quelques jours plus tard : « Bonjour, comment vas-tu ? Tu n’as pas répondu alors j’imagine que tu digères difficilement (?) Si tu as réussi à comprendre (je me réfère à tes messages) je veux bien l’entendre / le lire… J’ai l’impression que tout cela s’est passé il y a une éternité alors que ça fait seulement 10 jours… Et même si j’ai été très vite dans l’acceptation -et ce sans douleur- il n’empêche que je pense à toi tous les jours …de là à dire que ce qu’on avait me manque oui peut-être… La seule chose qui me turlupine vraiment c’est de te savoir dans un mood étrange, de la même veine que celui de notre rencontre en réel alors que de mon côté tout est / était très clair (d’où l’acceptation rapide et indolore) Un comble si ça te perturbe plus que moi non 😉 ? »

Est-ce moi qui n’ai pas été claire dans mon dernier message ? Comment peut-il se méprendre à ce point à mon propos ? Se voile-t-il la face ? Fait-il une ultime tentative ? Je ne sais pas, je m’en moque à vrai dire. Je ne veux juste plus aucun contact. Comme un mauvais film, sitôt vu sitôt oublié.

 

18.30. Ce soir, c’est soirée-pyjama avec Mimine. Même si je sais qu’il y aura plus d’alcool et de larmes que de tisanes et de pyjamas girlie. Il était temps que l’on se voit. Elle et Yang sont effectivement entrés de plain-pied dans l’enfer de la séparation après presque 30 ans de vie commune.

Ça fait un an que cela couvait. Et cela a éclaté il n’y a pas longtemps. Après que Yang se soit confié à moi, Mimine doit en faire autant aujourd’hui. Mais je suis la Suisse, neutre. J’ai cette habilité à cloisonner à mort et pouvoir ne prendre aucun parti. Mais ce qui n’empêche pas mon empathie. A vrai dire, ça m’étreint et me fait mal pour eux deux. J’ai même fait plusieurs rêves très dérangeants à leur sujet que je ne saurais interpréter.

Donc, ce soir. J’espère que ma prairie en fleurs recouvrira la plaine désertique de ma cops.

QUAND PÂQUES M’EST CONTE

« Ta lettre de rupture, pourquoi ne pas me l’avoir donnée quand je suis arrivé ?! Je serais reparti de suite ! »

Bradley samedi soir, quelque part entre ma deuxième et troisième bière.

 

Lundi 5 avril 2021 # SEMI-CONFINEMENT NATIONAL  J+5

Quand il est arrivé samedi, bien plus tôt que je ne l’attendais – une première – j’ai senti immédiatement que la soirée allait être compliquée. Pour moi. Ayant en tête de lui donner ma fameuse lettre au moment le plus opportun, c’est-à-dire lorsque j’aurais eu suffisamment d’alcool dans le cornet pour accuser les conséquences avec un battement de cils, son attitude avec moi a bien failli remettre tout en question.

En effet, il est arrivé adorable comme tout et dieu qu’il était beau dans ses fringues militaires !

–  Je croyais que tu passais chez toi d’abord ?

–  J’ai juste fait un saut, j’avais hâte de te voir !

Et moi aussi, j’ai été adorable. Naturelle, rieuse, bisouilleuse et franchement heureuse de nos retrouvailles. Bref, quelques dentelles arrachées et une première partie de jambes en l’air façon ‘retour du guerrier’ plus tard, on s’est mis à l’apéro.

On a discuté de tout. De ses trois semaines de colo, de mon nouveau job… Des échanges faciles, simples et sans grumeaux, amicalement chaleureux. Ça mérite d’être mentionné car cela n’a pratiquement jamais été le cas entre nous. Je lui ai parlé de mes nombreux happy-hour avec Yang et là, il a tiqué.

–  Dois-je m’inquiéter ?

–  De quoi ?

–  Vous avez l’air si proches tous les deux, vous allez finir ensemble, non ?

–  Mé non ! On est des BFF et oui on s’aime mais pas comme ça !

–  D’accord, je te crois.

Je ne m’attendais pas à cette pointe de jalousie de sa part. Apparemment, lui non plus. Une nouveauté qui nous a quelque peu déstabilisé tous les deux. Enfin, moi, surtout. Compterais-je dans sa vie désormais, suffisamment pour qu’il ait peur de me perdre ?

Cela s’est confirmé lorsqu’au détour de notre conversation au sujet de sa maison dont il signe le compromis dans quelques semaines, il s’est mis à dire ‘nous’ en me prenant dans ses bras. Et il m’a avoué avoir fait son coming-out à propos de moi. D’ailleurs, il a reçu un texto d’un de ses meilleurs amis qui lui souhaitait, pour faire poli, une ‘bonne soirée’

Durant ce break, je pensais avoir été la seule à avoir fait le point sur notre relation mais force est de constater que lui aussi. Et il a avancé.

Bref, tout ceci m’a mise dans un pétrin indescriptible avec ma lettre coincée dans mon soutien-gorge. Je lui donne ? Je ne lui donne pas ? Je me suis dit qu’il fallait qu’il lise mes mots sinon il ne saurait jamais ce qu’il y avait en moi. Alors, je me suis décidée. Advienne que pourra.

Sa réaction en prenant l’enveloppe m’a fendu le cœur.

« C’est quoi ? Une déclaration d’amour ? Oh la la, je ne vais pas savoir où me mettre ! »

Il s’est alors mis à lire silencieusement, un sourire aux lèvres qui a rapidement disparu au fil de sa lecture. Moi, un brin anxieuse, je guettais en finissant ma bière à grandes lampées, le moindre signe sur son visage qui aurait pu trahir son urgence à décamper. Mais il est resté stoïque, a replié ma lettre et s’est tourné vers moi, la voix plus grave que jamais :

–  Je n’avais aucune idée, je n’ai rien vu venir ! Mais cela ne pouvait pas plus mal tomber.

–  Je t’avais dit que je réfléchirai pendant ton absence.

–  C’est plus que de la réflexion, c’est de la trahison ! Moi, je suis parti heureux en sachant que ma nana m’attendait alors qu’elle en a profité pour s’inscrire sur un site de rencontres et se taper deux mecs !!!

–  Ne commence pas avec tes raccourcis à deux balles, s’il te plaît. Déjà, ta ‘nana’, ta poupée gonflable, tu veux dire, docile et décérébrée ? C’est comme ça que je me sentais avec toi et crois-moi, ce n’était pas flatteur. C’est d’ailleurs ça qui m’a poussée à m’inscrire sur Meetic, alors d’une certaine façon, c’est de ta faute. D’autre part, as-tu bien lu mes mots ? Il ne s’est absolument rien passé avec ces mecs ! Je suis en train de me justifier à propos de l’arbre qui cache la forêt !

J’ai cru un instant que cela allait monter en graine. Mais les quelques pointes dans les aigus se sont vite émoussées d’elles-mêmes, les siennes comme les miennes. J’ai même tenté un rapprochement, le sentant blessé, mais il m’a gentiment éconduite, tout à son propos étonnamment posé et mature.

–  Je crois que j’ai du mal à verbaliser mes sentiments. Je pars du principe que les actes sont plus importants que les mots, j’ai peut-être tort mais je pensais que tu savais, que je te le prouvais, que je n’avais pas besoin de te dire ces mots.

–  Parfois si, on a besoin d’entendre l’autre dire ce qu’il ressent. Parce qu’on peut se perdre dans le silence.

J’ai alors vu dans ses yeux une lumière que je n’avais jamais vue chez lui, un mélange de joie et de sérénité qui, malgré mon taux d’alcoolémie qui commençait légèrement à faire vaciller non seulement mes genoux mais aussi mon esprit, m’a atteinte en plein cœur en faisant voler en éclats mon anxiété quant à l’issue de cette soirée.

Du coup, deuxième séance Fifty Shades Of Grey avec ses mots à la fin « Alors, tu te sens suffisamment désirable et désirée, maintenant ? » … Et toute la nuit dans les bras l’un de l’autre, façon queues d’hippocampes emmêlées.

Le lendemain, hier donc, on est allés se promener et revoir les lieux de notre premier rendez-vous, il y a plus de six mois. Et naturellement, on s’est pris la main comme des collégiens. Je sais, c’est cucul la praline mais je le souligne parce que c’était la première fois.

Il est reparti hier soir rejoindre ses enfants, non pas en coup de vent comme d’habitude mais en traînant les pieds, après une énième séance de colé-serré. On a même gazouillé, lui et moi, en se donnant des petits noms du style ‘baby’ et ‘honey’… Oui, là encore, c’est d’une niaiserie affligeante mais notre spontanéité est tellement insolite qu’elle mérite d’être notifiée.

Et ce matin, il est passé à l’improviste, entre deux courses. Un moment en toute simplicité bien agréable. Je l’ai taquiné en lui disant qu’à partir de demain, les choses allaient changer car il ne pourrait plus passer en journée me voir car je serais au boulot ah ah ah… Du coup, on en est venus à planifier la semaine prochaine. Le choc.

–  Mais bien sûr, ma belle, que le dîner sera prêt quand tu rentreras !

–  Chouette ! Ce qui est bien aussi, c’est que tu pourras être la tête dans ton ordi con comme un balai toute la journée, je n’aurai plus à le subir !

–  Ouais, en parlant de ça, j’en ai marre de passer mes journées et mes nuits à traiter les trucs de l’armée. Désormais, je ne vais m’y astreindre que le matin. J’ai envie d’avoir une vie, moi aussi et la terre ne va pas s’écrouler si je ne réponds pas à la minute à un mail pro… Tu vois, je grandis moi aussi… 

Mon cri d’exultation l’a fait sursauter. Puis rire avec moi.

 

Je suis bien. Je ne me suis pas désinscrite de Meetic pour autant. Je garde un œil ouvert, comme ça. Pour ce qui est de Bradley, je me méfie, en fait. Chat échaudé… J’attends de voir dans la durée. Il sait désormais que je veux le Graal, le mec qui m’attire autant qu’il me stimule spirituellement. Et si ce n’est pas lui, ce sera un autre.

Bon, pas Murray du coup. La cour qu’il me faisait était tellement discrète qu’elle s’en est évaporée.

On verra. L’important, c’est que je suis raccord avec moi-même. Et le tournant imprévu qu’a pris mon histoire avec Bradley, à l’instant T, bah je reconnais, ça me rend heureuse.

AUX ANGES

« Ah si vous saviez à quel point nous sommes heureux de vous avoir recrutée ! »

Moi aussi.

 

Vendredi 2 avril 2021 # SEMI-CONFINEMENT NATIONAL  J+2

MAIS QU’EST-CE QUE ÇA FAIT DU BIEN !

De retrouver une utilité, d’être louangée mais avant tout, de rencontrer des gens, d’échanger avec eux, de voir autre chose, de faire autre chose, je renais, je suis aux anges !

Je ne vois pas la journée passer. Mes tâches sont diverses et le rythme intensif comme j’aime. Bref, ce poste est fait pour moi. La fête, quoi !

Le boulot en lui-même n’est pas spirituellement des plus élevés mais est quand même intéressant. Pas compliqué non plus, je sais faire. Le temps que je trouve mes marques et vous allez voir les étincelles !

 

19.30. Bradley m’appelle. Je suis heureuse d’entendre sa belle voix grave. Et lui semble heureux de parvenir enfin à me joindre. Je lui dis pour mon embauche et l’on finit par papoter tous les deux sur un mode fluide et enjoué comme on n’a jamais eu auparavant. Ça vient de moi, je pense, car je suis on ne peut plus pétillante et décomplexée. Bah je kiffe ma life en ce moment, ça doit s’entendre…

Il revient de mission demain dans la journée. Et je comprends qu’il a hâte de me voir. Moi, mes petits plats et mes sous-vêtements olé olé. Bah tiens. Donc demain soir. Je ne vais pas le nier : moi aussi, j’ai hâte de le voir.

Ça n’empêche que je lui donnerai sa lettre quand même. Il le faut.

 

Demain matin, pas de grasse mat car j’ai une foule de paperasse et des courses à faire. Et un dîner à préparer, donc.

POISSON D’AVRIL EN AVANCE

13.45 « Je pars… Compte 15 minutes de retard… »

Je croyais que c’était le rendez-vous de ta life, que même en rampant, tu serais à l’heure ?!…

 

Lundi 29 mars 2021 # SEMI-CONFINEMENT PARISIEN J+10

Je suis congelée dans cette cathédrale où je suis venue mettre une votive pour Maman en attendant 14.00, l’heure de mon rendez-vous avec Jeremiah, donc. Je n’ai pas d’autre choix que celui de patienter mais déjà, je sens que quelque chose cloche.

Ce n’est pas tant son retard qui m’emmerde mais le fait qu’il m’ait dit à plusieurs reprises que pour tout l’or du monde il ne raterait ce rendez-vous et que tout serait d’un romantisme parfait. Limite, c’est moi qui avais la pression.

L’explication de son retard : il s’est endormi très tard à préparer ses affaires, du coup, il n’a pas entendu son réveil. Ses affaires qui ont pris du retard à être empaquetées la veille à cause de notre discussion qui pourtant n’a pas duré toute la nuit comme les autres fois. Donc, c’est de ma faute et il ne se gêne pas pour me le dire. Bah voyons.

Bref, il y a souvent un fossé entre ce qu’on dit et ce qu’on fait.

 

14.33  « Je suis arrivé… »

Ça tombe bien, j’étais sur le point, passablement agacée, de lui envoyer un texto pour savoir où il en était dans ses 15 minutes de retard largement dépassées. Je me lève, j’envoie une prière de dix secondes à Monsieur Machin « Please make him be the one ! » même si je pressens que c’est mal barré, et je sors de ce frigo mortuaire pour rejoindre le soleil qui, une fois n’est pas coutume ici, rayonne ardemment de tous ses feux.

Je l’aperçois au loin. J’avoue, mon cœur se met à battre un peu plus fort. On s’approche l’un de l’autre. Je commence à discerner son visage tandis qu’il enlève son masque pour me sourire… A trois mètres de lui et en une seconde, je sais.

C’est d’une force et d’une fulgurance inouïes. Ces deux mots implacables ‘PAS COMPATIBLES’ se mettent immédiatement à clignoter en rouge au fond de moi, et je réprime alors très difficilement une envie de m’enfuir en courant.

C’est comme un coup de foudre, mais à l’envers.

S’il était arrivé à l’heure, voire en avance, cela aurait-il changé quelque chose ? Ou à la bourre mais un bouquet de fleurs à la main ou des pâquerettes qu’il m’aurait cueillies au bord de la route ? Ou la totale, à l’heure avec des fleurs ? Je ne crois pas.

Hum… que faire ? Me voilà dans de beaux draps. Bon, il ne va pas me manger, on peut discuter un peu. On ne sait jamais, des fois que mon don me fasse un poisson d’avril en avance… Donc, je décide d’être courtoise.

Je ne saurais dire pourquoi mais je refuse tout net son bras qu’il m’offre pour aller se promener. En fait, je crois que j’ai peur de le toucher. Quelque chose en lui me révulse catégoriquement mais je ne sais pas quoi. C’est comme si dix-mille mains m’attrapaient par le col et me tiraient en arrière, le plus loin possible de lui …

On marche un peu et comme une noix, je m’arrête sur le Pont des Soupirs du coin, romantique à souhait et cela ne rate pas : « Tu ne trouves pas que c’est l’endroit idéal pour un premier baiser ? »

J’essaye en deux secondes de visualiser le concept, voire de détecter en moi un soupçon d’envie mais le sprint façon guépard est la seule chose qui me vienne à l’esprit. J’arrive à esquiver mais mon Dieu que je me sens mal !

On finit par s’asseoir sur un banc dans un petit jardin près du lavoir, là aussi romantique comme pas deux, si ce n’est l’odeur des crottes de chien qui jonchent allègrement les parterres de pâquerettes autour de nous.

J’essaye de noyer le poisson en évitant soigneusement de croiser son regard que je sais posé sur moi avec insistance : « Alors, avant le monde associatif, tu faisais quoi comme boulot ? » Ce à quoi il me répond un peu vertement : « Est-ce bien important ? »

Un peu, oui. J’aimerais juste savoir comment tu fais pour vivre si tu n’as aucun revenu et si tu vis sur tes réserves, d’où viennent-elles, quoi. Bref. Il finit par me répondre, mais avec une solide réticence que je ne parviens pas à saisir. Commence alors une longue litanie chronologique de tous ses ‘bullshit jobs’ comme il les appelle, et je me mets à comprendre.

T’inquiète, moi aussi j’ai fait et vendu des fromages de chèvre sur les marchés, y a pas de sous-métiers et tu ne dois pas avoir honte d’avoir gagné ta vie comme tu as pu… Mais je m’aperçois vite que je me trompe, en fait. Ce n’est pas de la honte qu’il ressent mais de l’antipathie et de la rancune.

S’il s’était contenté de dire « J’ai fait ci, j’ai fait ça », j’aurais pu n’y voir que du feu mais à chaque job, il me donne les raisons qu’il a eues de s’en trouver un autre alors que ces raisons n’en sont qu’une seule et même à chaque fois : c’est un asocial.

Et tandis qu’il conclut par « La société, c’est de la merde ! » cela m’apparait clairement et j’en ai froid dans le dos : c’est un marginal, un drifter, un cas social presque, un ado complètement inadapté, ultra-émotif, utérin, qui reste dans un état permanent de rancœur et d’animosité envers tout et tout le monde.

J’aime les punks, les rebelles, les écorchés vifs, les originaux, les excentriques, voire les contestataires par principe mais dans l’esprit, pas dans la vie. La SDFrie anar, non merci. Une base de normalité avec un boulot et/ou une vocation, un loyer à payer et des vacances à préparer, et la tête dans les nuages, fourrée de grains de folie, est-ce trop exigeant ?

Certains, comme Bradley, veulent que leurs convictions servent leur vie, je trouve cela admirable et courageux. Mais dans le cas de Jeremiah, c’est une longue errance en Absurdie comme dirait Michel, où l’on croit que l’on peut changer le monde en en étant exclus. Bref.

Physiquement aussi, c’est le décalage complet. Il n’est ni beau, ni laid mais ses fringues, ses cheveux, c’est comme s’il était resté bloqué dans les années 90. Par choix ? Je pense, oui. Et très étrangement, il est maniéré, presque efféminé dans ses gestes. On l’a déjà pensé gay, paraît-il, je peux comprendre.

Ainsi, en toute objectivité, même si je n’avais pas eu cette aversion immédiate à sa simple vue, je sais qu’il n’est pas du tout ma came. Absolument aucune once de lui ne m’attire un tant soit peu. Même son odeur qui sent la lessive bon marché ne me parle pas. Ni sa voix, pourtant si familière depuis dix jours, c’est à peine si je la reconnais.

Il faut que j’en aie le cœur net. J’hésite encore un instant puis je finis par poser ma main sur sa nuque. Et ça me brûle instantanément. Une coulée de lave grondante et bouillonnante, comme au cœur du Mount Doom dans lequel Frodo tente désespérément de jeter l’Anneau.

J’ai la confirmation aussi de ce que j’ai pressenti auparavant déjà, à savoir qu’il est mono-organe : son cerveau, son cœur et son ventre ne font qu’un. Il ne pense pas avec son cerveau puis agit avec ses tripes ou le contraire mais tout en simultané, avec une intensité incendiaire qui urge d’appeler les pompiers sans tarder.

Mais au-delà de ça, je sens surtout qu’il est entièrement, unanimement, profondément in love with me. Qu’il m’est complètement dévoué corps et âme, qu’il est prêt à me vénérer comme une déesse et à prendre soin de moi comme le meilleur homme qu’il est convaincu d’être pour moi…

« Et alors ? En quoi c’est mal ? » me rétorque-t-il lorsque je le débriefe brièvement. Je ne sais pas si c’est mal, ce que je sais en revanche c’est que c’est trop. Bref, je me sens encore plus mal qu’avant de le toucher.

Car je n’ai bien entendu aucune intention de lui faire du mal. Mais c’est plus fort que moi, je ne parviens pas à trouver la moindre parcelle de lui qui pourrait me faire oublier un peu l’aversion absolue que j’éprouve depuis la première seconde où je l’ai vu.

Je me mets alors à penser à toute vitesse. Puis-je l’amener chez Miles et Joan et passer la nuit avec lui comme prévu ? Ou puis-je rester jusqu’à 18.30 le temps pour lui de repartir avant le couvre-feu ? Puis-je simplement rester une heure de plus ?

C’est sans appel : JE NE PEUX PAS !!!

D’ailleurs, l’envie de détaler comme un lapin me reprend de plus belle. Serais-je allergique à lui ? J’essaye de me convaincre du contraire, je temporise, je tergiverse intérieurement. Je cherche surtout un moyen de lui dire ce que je ressens avec diplomatie et tempérance.

Bien sûr, je ne vais pas lui dire le dixième de ce que j’écris ici car ce serait trop blessant, pas constructif, donc inutile. Mais je dois couper court à cette situation incommodante au possible, pour moi mais aussi pour lui. Je dois être honnête. Ne pas faire traîner le truc et ne pas lui faire espérer quoique ce soit.

Alors, je prends une grande inspiration et je me lance. Mes mots sont sans emphase, synthétiques, factuels, saupoudrés cependant d’un tact que je ne me savais pas capable de posséder. Il marque un silence qui me semble une éternité. Je lève les yeux, une ombre passe sur son visage…

–  Durant toutes ces nuits à se parler, tu as bien senti que cela devenait irrémédiable pour moi, pourquoi tu ne m’as pas freiné ?

–  Je n’avais à ce moment-là aucun motif pour, ni aucun pour t’accélérer d’ailleurs !

Il me prend alors dans ses bras, il passe longuement sa main dans mes cheveux, il me caresse le visage, il cherche mon regard… Il essaye sans doute d’établir une connexion mais je n’y peux rien, je suis raide comme la justice, enfermée dans mon carcan après avoir éteint tous mes récepteurs.

–  Je n’ai plus qu’à rentrer chez moi, c’est ça ? Dis-le !

–  Pourquoi le dire ?

–  Que veux-tu faire, alors ?

–  Si je pouvais, je courrais…

–  Ne t’inquiète pas, je ne vais pas te retenir.

–  Je suis désolée. Vraiment. Mais c’est vrai, c’est à moi de partir.

Et je pars à grandes enjambées sans me retourner. Je cours presque dans les ruelles pour mettre de la distance au plus vite. Lorsque je me sens enfin ‘en sécurité’ quasiment deux kilomètres plus loin, j’appelle Joan pour qu’elle vienne me chercher.

La pauvre, les allers-retours que je lui ai fait faire aujourd’hui ! Mais elle le prend bien, plutôt inquiète et un peu peinée pour moi. Dans sa voiture, je me lâche enfin. Je crois bien que j’en crie. Que j’en pleure. Je n’ai absolument rien compris à ce qui vient de se passer. Je suis sous le choc. Je crois aussi que j’en tremble.

« HOW IS IT POSSIBLE TO HAVE A CONNECTION AS STRONG AND OBVIOUS AS THE ONE WE’VE HAD THOSE PAST DAYS AND TO LOOSE IT WITHIN A SECOND??!!!”

Je m’attendais éventuellement à ne pas être séduite immédiatement et donc à nécessiter un peu de temps, mais jamais je n’aurais pensé à un tel rejet de ma part dès la première seconde !

Je n’espérais rien de cette rencontre, moi la partisane du ‘je vis dans le now’ mais peut-être qu’en fait, j’en espérais tout ? Que cela concrétise et ancre notre fabuleuse cohésion d’âmes ? Cela a-t-il créé une pression telle qu’elle ne pouvait qu’exploser ?

Non, pas comme ça. Pas aussi subitement, aussi épidermiquement.

Non, la seule explication, c’est que mon don, plus affûté que jamais, en me braquant à main armée pour que cela ne souffre d’aucune contestation rhétorique sans fin, m’a préservée d’un désastre dans lequel j’aurais peut-être encore plongé, envoûtée que j’étais par les sirènes chimériques des âmes-sœurs qui se retrouvent au-delà des temps…

Et je confirme : mon don s’exerce bien sans contact, maintenant. Comme les cartes bancaires. Il faudrait peut-être que je paramètre un plafond d’encaissement…

Bref. De retour au Normandy Beach, Miles lâche son chalumeau et sa statue de rondelles de métal pour me lancer un petit regard goguenard. « Go on, laugh it up all you want ! » que je lui fais en m’allumant nerveusement une cigarette. Il se met alors à partir dans un rire tonitruant, quelque peu surjoué, certes, comme le pitre qu’il sait être souvent mais ça finit par me gagner et nous voilà tous les trois tordus de fou-rire dans la cour. Que ça fait du bien !

Et de rire comme ça de moi-même me permet la perspective. Je fais le tour de mes sentiments de l’instant. Ainsi, malgré la tristesse, la déception, l’incompréhension, les ‘Bien fait pour toi’ et ‘Prends-en la leçon, bécasse écervelée !’ un sentiment prévaut : la fierté.

Je suis fière de moi. J’ai été honnête avec Jeremiah mais surtout avec moi-même. J’ai été fidèle à moi-même, complètement et sincèrement.

Je pense aussi que cela m’aura apporté plus d’assurance en moi, je sais ce que je veux et ce que je ne veux pas mais surtout, j’arrive désormais à l’exprimer haut et fort. Tiens, ça me fait penser à la lettre que j’ai écrite comme prévu dimanche à Bradley, lettre dans laquelle je n’ai pas mâché mes mots…

Et je ne peux m’empêcher de faire la comparaison. Jeremiah, une alchimie des âmes, Bradley, une magie des corps… A choisir ? Et si je veux les deux ? Bien candide je suis à espérer rencontrer un jour un tel hybride mais qui ne tente rien n’a rien. Bon, en attendant, je crois que je vais retoucher ma lettre à Bradley…

On discute encore comme ça, Miles, Joan et moi, quelques instants puis jetant un œil à la pendule qui indique bientôt 18.00, je demande : « Is it a decent hour to start boozing up ? »

Affirmatif, Bécassine. Fais péter la bière.

 

Mercredi 31 mars 2021 # SEMI-CONFINEMENT PARISIEN J+12

C’est le téléphone qui m’a réveillée hier matin. La sonnerie, tout du moins. Mais le temps que je mette la main sur mon portable que j’avais laissé la veille dans une poche de ma veste, bah ça avait raccroché. C’était Nénette. Qui certainement voulait que je lui raconte. J’étais sur le point de la rappeler mais je me suis dit que je ne savais pas trop quoi lui dire ni par où commencer.

J’avais de plus un mal de crâne carabiné et une fuite de mémoire telle que lorsque j’ai ouvert un œil en sursaut, j’ai mis un certain temps avant de réaliser où j’étais, c’est-à-dire en croix toute habillée sur le lit dans ma petite chambre-cottage chérie du Normandy Beach.

Synonyme de soirée très arrosée la veille. Confirmée par Miles et Joan, dans le même état que moi. Mais apparemment, on a bien ri et passé un excellent moment à passer à la moulinette, étriller, faire et défaire les relations entre hommes et femmes jusque tard dans la nuit, abreuvés de tout ce qui pouvait se boire ce soir-là.

Bref. Le temps de décuver un peu, de me refaire une tête et j’ai décidé de rentrer à Paris où je suis arrivée dans l’après-midi. Parce que je n’avais plus de raison de rester et que cela me laisserait plus de temps pour préparer mon premier jour d’école demain.

Avant de prendre la route, j’ai reçu un texto de Yang « ALOOOOOOOOOOOORS ?!? » auquel j’ai répondu « Tu veux pas passer ce soir après le taf ? Trop long, trop compliqué par tél. » donc hier soir, j’ai pu commencer à restituer ce que je venais de vivre. Il faut dire que sur la route, j’avais eu le temps de cogiter.

Et Yang m’a fait du Yang pur et dur, une seule phrase pour résumer quatre pages A4 : « Il a pas assuré une cacahuète, le Jeremiah ! »

Tu l’as dit, bouffi ! Même si ce n’est pas entièrement de sa faute, tout de même. Et au fur et à mesure que j’en parle à voix haute, les choses commencent à se mettre en place dans ma tête. Notamment les indices que j’aurais dû relever tout au long de nos échanges par téléphone ces dix derniers jours, peut-être qu’ainsi on ne se serait pas rencontrés et chacun perdu moins de temps. Et d’espoir.

Même si au final, je ne regrette pas cette expérience riche d’enseignements.

Oui, lors de nos longues heures au téléphone, certaines choses auraient dû me faire tiquer mais va savoir, je ne m’en suis pas formalisée. Je me suis dit qu’on est comme on est, avec nos failles, nos défauts, nos douleurs, nos petites ou grandes névroses… Je suis assez magnanime pour accepter l’autre comme il est et assez symétrique pour demander qu’en retour il m’accepte moi comme je suis. Ce qui semblait être le cas.

Ainsi, sa façon de s’exprimer, avec des expressions de djeunes à tout bout de champ, faisant de lui un adulescent que j’ai pu trouver rafraîchissant à un moment donné, c’est vrai mais maintenant que j’y repense, il apparaît clairement qu’il n’a pas accepté son âge et est resté bloqué vers ses 20 ans sans s’en rendre compte.

Ensuite, ses relations venimeuses et tourmentées avec sa famille, l’évocation douloureuse à la limite du supportable de son fils de 11 ans qu’il ne voit plus… Je soupçonne même une consommation déraisonnable de drogues en tout genre, ce qui ne passe carrément pas avec moi. Sans compter une foule de détails insignifiants et pourtant éloquents.

Tout ça mis bout à bout aurait décidément dû me mettre la puce à l’oreille.

Le pompon étant… ses deux chats. Avec lesquels il entretient une liaison passionnelle quasi-humaine. S’inquiétant de les laisser tout seuls pendant les deux jours que l’on était censé passer ensemble, je n’ai pu m’empêcher de lui demander :

–  Mais tu t’inquiètes pour quoi, au juste ?

–  Bah j’ai peur qu’ils se battent, déjà. Et puis, comme il va faire beau et que je ne serai pas là pour leur ouvrir le balcon, j’ai peur qu’ils m’en veuillent en rentrant. J’ai peur aussi qu’ils n’aient pas assez à manger.

–  Les animaux sont largement moins cons que les hommes, ils savent parfaitement se gérer et même s’ils se foutent une peignée, tes deux bébés, ça n’ira pas jusqu’à la mort. Ils sont également moins rancuniers, surtout pour un balcon resté fermé ! Enfin, tu leur mets un saladier de croquettes et un de flotte, on parle de deux jours, pas de deux semaines…

 

Au fond de moi, y avait bien cette petite voix sarcastique mais que je n’ai pas, hélas, laissée parler tout haut : « Quand bien même ce serait l’apocalypse quand tu rentrerais : et alors ? Si tu préfères tes chats à moi qui viens de Paris pour te rencontrer, on va avoir un problème, Houston… »

Il s’est alors fait une raison bon gré mal gré pour repiquer illico dans des considérations d’une nébulosité qui là encore aurait dû m’alerter : « Bon, je vais réaménager l’appart pour qu’ils aient plus de place et je vais demander à ma mère de passer les nourrir mardi après-midi. Faut donc que je l’appelle mardi matin car tout va dépendre de lundi soir, si ça se trouve, je serais rentré si cela ne se passe pas bien entre nous, donc je ne peux pas lui dire à l’avance… Et pareil pour mercredi, ça va dépendre de mardi soir… Et je m’emballe mais peut-être que j’aurais tout préparé pour rien car je rentrerai lundi après-midi ?… »

Tu ne croyais pas si bien dire. Au moins comme ça, tes chats t’auront eu tout à eux.

Et enfin, la cerise sur le pompon a été dimanche après-midi. Il avait une manif en matinée, moi j’avais ma balade sur la plage qui a avorté pour cause de marée haute, m’obligeant à me retrancher dans la cour au soleil pour écrire ma lettre à Bradley, et on s’est donc appelés vers 15.00.

Pour voir son degré de folie, sa soif d’inattendu, j’ai tenté un truc.

–  Si je te dis 17.30 sur ma plage de Saint-Côme de Fresné ?…

–  Aujourd’hui ?

–  A ton avis ?

–  Euh… bah non.

Yang a explosé :

–  Oh le con !!! Fallait dire oui tout de suite ! Le rendez-vous de ta vie, t’es amoureux déjà comme pas possible, elle te demande de la rejoindre un jour plus tôt et tu dis non ?!! Moi, j’aurais raccroché en disant ‘J’arrive !’ et sauté, même en slip et pas coiffé, dans ma bagnole !

–  Attends, tu ne connais pas la raison qu’il m’a donnée ! Pire que son refus ! Bah parce que ses affaires n’étaient pas prêtes et qu’il n’avait pas encore préparé l’appart pour ses chats ! Il ne voulait pas tout faire dans le stress et la précipitation car selon lui, il voulait arriver au top, détendu et souriant, sans avoir à se soucier d’autre chose que de moi…

–  Tout ça pour arriver à la bourre le lendemain !

 

Bref. Et hier soir aussi, il m’a envoyé un mail que j’ai lu ce matin.

« Alors c’est comme ça que ça se termine ? Par le silence et le rien ? De Tout à Rien en quelques heures, minutes, secondes et on fait comme si il n’y avait pas eu d’avant, comme si cela ne signifiait rien… Je ne sais même pas si c’est une question ou un constat… »

J’hésite encore à lui répondre. Le moindre contact avec lui me semble insupportable, comme s’il était radioactif. Je vais le faire quand même, mais c’est dur. C’est ça les ‘borderline’, c’est tout ou rien, je t’avais prévenu.

 

Voici ce que j’ai écrit dans ce blog sur le sujet il y a un an.

… Oui, j’ai peut-être besoin aujourd’hui de me laisser faire, de lâcher prise, de retenter de faire confiance à un autre être humain en ouvrant la porte de ma coquille blindée…

Quel serait l’homme idéal pour moi ? J’avoue ne pas trop savoir. Peut-être quelqu’un de plus âgé pour une fois… Quelqu’un qui puisse prendre soin de moi. Surtout, quelqu’un dont je ne serais pas le substitut de sa mère !

Quelqu’un de bienveillant. De patient et de constant. Altruiste et magnanime. Loyal et courageux. Un saint, quoi. Et ce quelqu’un pourrait-il aussi être brillant, charismatique, drôle et amoureux du Montana ? Je rêve.

En général, c’est quand on dresse un cahier des charges que l’on se retrouve avec tout le contraire. Et si je raisonnais à l’envers ? Si je discernais ce que je ne veux pas ?

Alors, je ne veux pas d’un homme-enfant pas sevré. Je ne veux pas d’un homme torturé et torturant. Je ne veux pas d’un homme qui attend tout de moi et ne donne rien en retour.

Bon, ça ne m’avance pas plus. Tout ça, c’est beau sur le papier mais c’est très rare que cela devienne réalité. Alors, je tente le pragmatisme.

Un homme à qui il reste des forces pour mener d’autres combats que les siens. Un homme qui sache composer avec ma monkerie. Un homme qui prenne les décisions pour moi sans toutefois me priver de mon indépendance. Un homme qui accepte qu’on vive chacun chez soi dans un premier temps et qui parvienne ensuite à contourner mon extrême territorialité en proposant un toit commun sur terrain neutre. Idéalement, à la campagne ou au bord de mer.

Un homme qui arrive sur son destrier et qui me cloue le bec en me kidnappant.

Ah merde ! C’est le prince charmant ! Aurais-je au fond de moi des réminiscences de midinette ? Ai-je le besoin inavoué d’être sauvée ? Mais sauvée de quoi ? De moi-même ? De ma condition délétère ?

Est-ce parce que j’en ai marre des décisions foireuses que j’ai prises dans ma vie que j’ai besoin de m’en remettre à quelqu’un d’autre ? Ne plus vouloir être actrice de ma vie, botter en touche, m’asseoir sur la banquette arrière plutôt que derrière le volant, démissionner, quoi : suis-je capable de l’accepter ?

Les épreuves auraient-elles eu raison de ma nature profonde ?… 

Même si le fond n’a pas trop changé, un an après, celle que je suis devenue a d’autres attentes.

Je veux un pirate. Mais philosophe. Je veux un fou. Avec les pieds sur terre. Je veux de la testostérone. Avec un zest d’estrogènes. Je veux du sexuel. Je veux du cérébral. Je veux le grand frisson. Je veux l’aventure. Avec un soupçon de douceur. Je veux le mystère et la surprise. Je veux l’admirer pour ce qu’il est. Je veux qu’il me tienne la dragée haute et me challenge. Je veux le regarder dans les yeux et me sentir HOME.

Mais par-dessus tout, après Kevin et Bradley les deux égocentriques qui se défaussent sur moi de l’abandon par leur mère, après Clint l’homme-enfant et Jeremiah l’adulescent, je veux un homme bien dans ses baskets de quadra-quinqua.

 

Bon, va falloir que je modifie mon profil Meetic, moi… Je l’avais mis en pause ces derniers temps à cause de Jeremiah mais aussi parce que j’étais ‘trop’ demandée par ces messieurs en ligne (!). Attendez de voir mon profil updaté, vous allez en claquer une durite, je vous le dis HAHAHA !!!

Je ne comptais pas m’y remettre de suite, un peu échaudée, dirons-nous. Mais hier soir, sous l’impulsion joyeuse de Yang qui me demandait si avant Jeremiah il y avait eu un ou plusieurs autres mecs avec lesquels j’avais un tant soit peu accroché, j’ai réactivé mon compte Meetic.

Car oui, c’est le cas : Murray. Un Britannique anti-Brexit qui vit à Paris, auteur pour la télévision. On a beaucoup échangé lui et moi, sur ce qu’il écrit, sur ce que j’écris. Il me fait une cour très discrète que j’apprécie particulièrement et il me fait réellement rire ! Un poète facétieux à l’humour très british, donc, avec lequel j’aimerais beaucoup renouer.

Mais cette fois, j’ai compris la leçon : si on reprend contact et que ça se passe bien, je n’attendrai pas pour le rencontrer en live. Cela dit, vu le très probable durcissement du confinement qui va être annoncé dans une heure, ça risque de ne pas être aisé. On verra.

 

Quant à la fameuse lettre pour Bradley ? Yang m’a demandé hier soir quelles étaient mes intentions avec cette lettre, comme Nénette l’a fait pour Walter le 17 février dernier. La BFF team en action !

Je crois sincèrement que mon intention majeure est de pouvoir enfin lui dire ce que je ne suis pas arrivée à lui dire jusqu’à lors, pleinement et librement, sans risquer de partir en sucette. Est-ce que j’attends une prise de conscience de sa part ? Un réveil, un électrochoc ?

Pas vraiment, en fait. Justement, je ne veux plus supputer de lui. C’est à lui de se mettre à ma place. S’il le veut et qu’il le peut. Quelque part, j’ai l’impression que ma toute fraîche mésaventure m’a donné la détermination qui me faisait défaut, celle d’être moi indépendamment de tout.

Dear Bradley,

Pourquoi cette lettre ? Les fois où j’ai tenté d’exprimer ce que je voulais dire, je n’y suis pas parvenue. Tu es la seule personne au monde qui me retourne la tête comme ça. Je ressors en général de nos ‘conversations’ frustrée et confuse, en colère contre moi-même de ne pas arriver à te dire ce que je veux te dire.

D’où cette lettre.

C’est d’ailleurs la confusion et le dépit que j’ai ressentis après avoir raccroché avec toi juste avant que tu ne partes en mission, qui motivent les mots que je te livre aujourd’hui.

Je ne voulais pas te les dire par téléphone lorsque tu étais en mission car je souhaiterais vraiment que l’on échange toi et moi à ce propos. On ne se doit rien, si ce n’est ça peut-être.

Tu n’envisages pas l’avenir avec moi et pourtant, je représente à tes yeux un horizon avec un champ des possibles infini. Moi, comme je te l’ai dit, je suis dans une impasse avec un mur devant moi. Tu peux comprendre que cela finisse par me faire tourner les talons.

Même si pour toi notre relation peut et va évoluer, je pense qu’il nous manque à tous les deux une chose essentielle qui est l’envie. J’ai pu la ressentir à un moment donné mais confrontée à l’absence de la tienne, la mienne a fini par s’étioler.

Pas une seule fois tu m’as proposé d’aller ensemble voir la maison aux pommes, je suis ton plan D pour loger sur Paris, tu n’as parlé de moi à personne autour de toi et dire ‘nous’ t’est quasiment impossible. En tout cas, c’est trop rare pour que cela soit significatif.

Sans parler d’engagement pieds et poings liés avec les contingences que cela impliquerait, ce qui, pour moi et qui plus est pour toi, est parfaitement inconcevable car bien trop prématuré, je ne sais pas, pour exister dans la vie de quelqu’un, il faut y mettre quelques jalons, non ?

On en revient à l’éventualité. Même si tu l’as contesté, moi je le maintiens : je suis une incidence éventuelle pour toi. Ce n’est pas un reproche mais un constat.

Tu dis que tu as toujours su que tu allais finir seul, délaissé, comme un vieil ours solitaire au fond des bois. Ce n’est pas une fatalité mais un effet de traction. C’est comme si tu faisais tout, inconsciemment peut-être, pour que cela arrive.

Tu te surprotèges, je peux comprendre, mais te rends-tu compte que tu laisses à la porte l’opportunité de vivre quelque chose qui pourrait peut-être te rendre heureux ? A moins que ce qui te rendrait heureux soit justement cette solitude extrême que tu recherches autant que tu redoutes…

 

Se voir une semaine sur deux, profiter des bons moments ensemble sans se projeter, toi qui pars en mission, puis toi à terme dans ta maison à la campagne et moi qui t’y rejoins les week-ends tout en pensant qu’un jour peut-être je pourrais t’y rejoindre complètement, tout ça me convenait quand j’y pensais et cela aurait continué de me convenir si seulement j’avais ressenti que tu me faisais une place, même toute petite, dans ta vie.

Bref. Peut-être que l’on a loupé le coche, toi et moi. Par deux fois, donc. On est d’accord, quand c’est là, c’est là et quand cela ne l’est pas, bah on ne peut pas le pondre. Faute à personne, c’est comme ça.

Toujours est-il que tu es devenu un fantôme dans ma vie. Et s’il y a bien une chose à propos de laquelle tu as été catégorique, c’est ça : tu ne serais jamais le fantôme qu’a pu être Walter dans ma vie, à comprendre qu’il ne fallait pas que je t’attende indéfiniment comme je l’ai attendu, lui, en vain.

Tu avais raison. Donc voilà, je ne t’attends plus.

 

Et pour être parfaitement honnête avec toi, un peu avant que tu ne partes en mission, je me suis inscrite sur Meetic. J’étais dépitée, je ne savais plus où j’en étais, si je pouvais plaire encore, comment me situer, si j’étais ‘aimable’, désirable…

Eh bien devine ? C’est le cas. ET ÇA FAIT UN BIEN FOU ! Echanger, découvrir, partager, babiller au téléphone, se faire belle pour un date, avoir le trac, exister pour quelqu’un, tout ça, c’est fantastique !

Ainsi, j’ai rencontré deux hommes avec lesquels il ne s’est rien passé, parce qu’ils ne me plaisaient pas tout simplement. Quand bien même il se serait passé quelque chose, ce n’est pas le plus important.

Je ne regrette rien, au contraire. Ces expériences m’ont apportée beaucoup, bien au-delà de ce que j’aurais pu en penser de prime abord. Donc je vais réitérer.

Car grâce à cela, aujourd’hui je peux dire que je sais qui je suis et ce que je veux.

 

Je ne suis pas amère, ni en colère. Loin de là. J’ai même suffisamment de sentiments pour toi pour regretter quelque part que notre histoire ne mène nulle part.

C’est juste que je n’en peux plus d’avoir ce mur devant moi et qu’il est temps que je marche sur un chemin qui m’emmène quelque part. Où, je ne sais pas, mais c’est de ça dont j’ai envie aujourd’hui.

J’entame rayonnante cette vie toute neuve. J’aurais aimé que tu en fasses partie. Life is life !

Allez, c’est la grand-messe. J’en profite pour aller préparer mes affaires pour demain. The D-DAY !!!

CHAMPAGNE & PÂQUERETTES

Bah ça l’a fait.

 

Samedi 27 mars 2021 # SEMI-CONFINEMENT PARISIEN J+8

Hier soir chez Toto, les bouchons ont sauté. A tel point que ce matin en me réveillant, j’avais mal aux cheveux. Le temps de me refaire une tête, d’avaler un saladier de café, de vérifier les textos intempestifs que j’ai coutume d’envoyer les soirées de grand vent et me voilà sur mon ordi.

Promesse d’embauche reçue, envoi des pièces pour mon contrat, check.

Allez, j’avale mes carottes râpées et je prends la route direction Arromanches. L’autre partie de ma vie qui va elle aussi changer du tout au tout dans deux jours.

BONHEUR TOUT ÇA, BONHEUR !

LA VALISE

« Hé Marie-France, tu préconises quoi contre les ballonnements ? C’est pour la petite dame, là ! »

T’aurais pu parler plus fort, je ne suis pas sûre qu’ils t’aient entendue en URUGUAY !!! Donc la petite dame pique un fard devant la pharmacie bondée en se renfrognant, elle se rend compte qu’elle aurait mieux fait de dire qu’elle voulait juste un truc pour les lendemains de cuite mais elle n’a pas osé.

 

Jeudi 25 mars 2021 # SEMI-CONFINEMENT PARISIEN J+6

Maintenant que tout le quartier est au courant de la sensibilité de mon système digestif, je prépare mes petites affaires pour mon road-trip. Départ demain midi direction le notaire pour signer la succession, nuit chez Toto et le lendemain, direction le Normandy Beach.

J’ai donc mis dans ma valise du charbon végétal en prévision des soirées qui s’annoncent arrosées et pas à l’eau, mes bottes Aigle pour la longue promenade sur ma plage que j’ai l’intention de faire dimanche, mes attestations de déplacement dérogatoires avec leurs justifs et une jolie tenue pour mon date de lundi.

J’emporte également un cahier pour écrire sur ma plage, au calme avec les mouettes en bruit de fond. Ecrire notamment sur cette histoire avec Jeremiah. Besoin d’infuser avant de restituer. Ce que je ne parviens pas à faire depuis que cela a débuté entre lui et moi vu qu’on passe le plus clair de nos nuits et de nos journées aussi, ensemble au téléphone ou par textos.

C’est sûr que cela me change radicalement d’avec Bradley. Bradley qui a tenté de me joindre hier soir à trois reprises alors que bien sûr, j’étais au téléphone avec Jeremiah. Il m’a donc laissé trois messages vocaux sur un ton dépité, légèrement inquiet et passablement irrité dans le dernier :

« Bon, apparemment, tu ne veux plus me parler. Alors, prends soin de toi, j’essaye de te rappeler dès que je le peux. Je t’embrasse. »

A nouveau, j’ai eu un peu mauvaise conscience. Puis je me suis dit, c’est bizarre, je croyais qu’il ne pouvait pas m’appeler depuis son bush ?… Sent-il quelque chose ? Bref, je lui ai envoyé un texto disant que j’avais eu une soirée compliquée et que je l’embrassais moi aussi.

C’est clair désormais, je vais lui faire une lettre que je lui demanderai de lire devant moi pour en discuter éventuellement juste après. Pour être sûre de pouvoir lui dire ce que j’ai à lui dire sans qu’il ne m’interrompe ni ne parte dans ses raccourcis et interprétations qui finissent par me retourner le cerveau.

Et je ne suis pas certaine de lui parler de Jeremiah car ce n’est pas ce qui motive ma lettre. Ça fait quelques semaines déjà que je ne parviens pas à lui dire clairement ce que je ressens, la frustration, c’est d’ailleurs ce qui m’a poussée à m’inscrire sur Meetic ! Et Yang, passé ce midi me faire un petit coucou, me l’a confirmé :

–  Oui, tu as raison, pas la peine de lui parler de Jeremiah, c’est hors sujet. Et pourquoi tu ne lui envoies pas, cette lettre ?

–  Parce que je souhaite en parler avec lui. S’il le veut. Là encore, je ne suis pas sûre de moi, comme si je lui laissais inconsciemment une dernière chance…

–  Tu en aurais envie ?

–  Je sais pas. J’ai encore des sentiments pour lui. C’est la merde, quoi.

Donc, sur ma plage avec mon cahier, j’écrirai cette foutue lettre.

 

Bouhouhou qu’il me tarde de commencer mon nouveau job !!! Cela dit, je me suis peut-être un peu avancée lundi quand j’ai dit que j’avais le poste. J’ai eu un très bon feeling au téléphone qui s’est confirmé lorsque je les ai rencontrés le lendemain dans leurs bureaux, mais ils sont en plein process de recrutement donc ils voient d’autres candidats. Ils m’ont dit qu’ils me rappelleraient demain vendredi.

Disons que j’ai senti que je correspondais exactement au profil qu’ils recherchaient, sans compter que ce n’est pas moi qui ai répondu à une annonce mais eux qui m’ont remarqué sur LinkedIn.

Oui, il faut que ça le fasse. FINGERS CROSSED !!!

Et Mildred que j’ai vue ce matin pour faire le point ne m’a pas contredite lorsque je lui ai dit que je renaissais. Elle en a eu les larmes aux yeux !

J’AI UN BON KARMA

« Chère Madame,  

Nous sommes actuellement à la recherche d’une assistante et j’ai trouvé votre profil Linkedin intéressant… »

Le genre d’emails qui réveillent d’un coup le matin, même lorsqu’on est en mode gargouille léthargique devant l’ordi après presque trois nuits blanches d’affilée.

 

Lundi 22 mars 2021 # SEMI-CONFINEMENT PARISIEN J+3

Entretien téléphonique il y a deux heures et rdv sur place demain à 17.30. C’est peut-être un peu prématuré mais je crois bien que… BAH J’AI LE POSTE !!!

C’est un labo spécialisé dans la fabrication d’auto-tests VIH et Covid, ultra débordé en ces temps de pandémie. Et cerise sur le pompon : c’est à vingt minutes de marche de chez moi ! 32.5K€ sur 13 mois, TR, mutuelle, la fête, quoi !

J’ai appelé Yang direct, ça fleure bon les happy hours cet été ! Et Nénette qui m’a dit que j’avais un bon karma hahaha. Yep, ma roue vient de tourner vertigineusement. Je pourrais avoir le tournis mais je suis plutôt sereine. Avec un grand sourire qui ne me quitte pas.

Bon, j’ai oublié de leur demander quand le poste était à pourvoir mais j’imagine qu’ils m’auraient répondu ‘immédiatement’. Je leur dirai demain que je peux commencer au plus tôt le 1er avril, dans dix jours, quoi.

Parce que d’ici là, je vais en Normandie. Voir comme prévu Miles et Joan au Normandy Beach mais aussi rencontrer Jeremiah en live. Le fameux blind-date. Dont on a parlé abondamment lui et moi durant ces dernières nuits passées ensemble au téléphone. J’en ai presque l’oreille brûlée.

Elle a bien volé en éclats, notre résolution de ne pas se faire de films à l’avance. Surtout la sienne. Limite, il a déjà mis en scène notre rencontre. Du coup, je suis bien obligée d’en faire autant. Mais c’est bon. C’est enivrant.

Malgré que Nénette, après l’avoir googlelé, ait trouvé sa photo, je refuse toujours moi de voir la moindre ébauche de la réalité, préférant rester dans mon flou artistique sans aucun à priori. Ça ne sert à rien, en fait, car l’aspect physique étant très relatif pour moi, je sais que je serai fixée lorsque je le toucherai.

Ainsi, on se rencontrera sous l’Arbre de la Liberté à Bayeux. Comme la cathédrale est à proximité, peut-être que les cloches sonneront pour saluer l’évènement. Je m’arrête là dans ma projection, la suite s’écrira à l’instant T.

 

Bradley a tenté de m’appeler hier soir mais comme j’étais déjà en ligne avec Jeremiah, il m’a laissé un message. A son ton, il semblait un peu vénère que je ne lui réponde pas sachant qu’il partait alors pour ses deux semaines critiques où il ne pourrait pas m’appeler.

Je me suis dit « Tu n’as pas besoin d’être en mission spéciale pour ne pas m’appeler donc… » mais j’avoue, je me suis sentie un peu mal. Il est clair désormais qu’il va falloir qu’on parle à son retour, lui et moi. Je ne sais pas trop ce que je vais lui dire mais surtout, j’ai peur qu’il me retourne la tête encore une fois. Peur de ne plus savoir où j’en suis.

Je sais aussi qu’il va falloir que j’en parle à Jeremiah. Mais j’attends de voir ce que notre rencontre donnera, si cette dernière confirme ce que je sens monter en moi ou pas. Maintenant, quand je compare les deux situations le plus rationnellement possible, c’est l’évidence même : je ne me vois pas dans un futur avec Bradley.

Jeremiah, quant à lui, m’intègre déjà dans sa vie avec des « Tiens, il faudra que je te présente untel », « Où aimerais-tu qu’on parte en vacances ? », « Et si on prenait un chien ? » etc. C’est là aussi prématuré mais cela fait tellement de bien d’avoir une jolie route qui s’ouvre devant mon regard plutôt qu’un mur et des barbelés.

On a une réelle connexion. C’en est même troublant. Et si j’ai moi encore quelques blocages à me laisser aller, lui avance à grandes enjambées en se livrant sans retenue :

« Je vais supprimer mon compte Meetic car je pense que je ne trouverai jamais mieux que toi »

 

Je me dis qu’après avoir tant morflé, je suis ivre de joie que mon karma soit, au final, sympa.

NUIT TRES BLANCHE

–  Bon d’accord, je passe mais je reste pas longtemps, hein, et je bois une bière, pas trois ! 

–  Ne présume pas de l’imprésumable, Yang…

Hier soir, après quatre heures de jacassement effréné et six bières dans le cornet, Yang s’est écroulé en vrac sur la banquette et s’est mis à ronfler à gorge ouverte. C’est à ce moment-là qu’on s’est appelés, Jeremiah et moi.

 

Samedi 20 mars 2021 # SEMI-CONFINEMENT PARISIEN J+1

On a raccroché à 7.30 ce matin. Comme des gamins « C’est toi qui raccroche ! Nan c’est toi ! Nan, toi d’abord ! » … Pratiquement neuf heures de conversation non-stop. Et un sourire aux lèvres en allant dormir une paire d’heures.

Yang quant à lui s’est réveillé en sursaut vers 5.00 du mat, a vu mon air idiot l’oreille vissée au téléphone et a demandé un débriefing qu’on a fait en langage des signes, donc. Il m’a copieusement charriée, a poussé un petit cri de poulet famélique en regardant sa montre et s’en est allé sur son vélo, heureusement électrique, pour regagner ses pénates.

La première chose qui me vienne à l’esprit, passablement embrumé par la bière et le manque de sommeil, c’est « WOW !! Qu’est-ce qui s’est passé ?! J’ai rien compris ! ». La deuxième chose, c’est cette lumière chaude au fond de moi qui fait monter un sourire aux lèvres. Une sensation que je n’ai pas ressentie depuis une éternité, j’en avais oublié à quel point c’était bon !

Jeremiah. Rencontré sur Meetic il y a deux jours.

50 ans. Engagé humanitaire et écologique. Un compatriote normand de Saint-Lô, séparé, un enfant. Une personnalité hors des clous, une verve impeccable. Un subtil équilibre entre fougue et sérénité. Une sensibilité rare et zéro machisme.

J’ai bien l’impression qu’il coche toutes les cases de ce que je peux attendre d’un homme.

Et je repense à mon rêve il y a deux nuits… Et si j’avais vraiment eu une prémonition ? OH LA VACHE!!!

Un-plus-un trois (son pseudo sur Meetic)

La beauté et/ou le charme attire(nt), l’intérieur retient 👍 stimulation des esprits indispensable 😊 A savoir : je ne fais pas mon âge et largement pas ^^ PS : oui les relations à distance ne sont pas idéales… si je vs like en dépit de l’éloignement comprenez que je suis mobile 😉

UPDATE : si on me donnait un euro lorsque l’une d’entre vous me bloque sans raison apparente et sans interaction préalable j’aurais les moyens de m’offrir un voyage en Laponie pour voir les aurores boréales 🤩 … à défaut continuez parce que je prends des rires à chaque fois 🙏 !

(Truc de caennaise(s) principalement… doit y avoir un cluster d’encéphalopathie spongiforme là-bas 😂)

Statut marital

Séparé

Pour moi le mariage c’est

Pas indispensable

Mon signe astrologique

Sagittaire

Je parle

Anglais, espagnol (castillan), français

Mes cheveux

Bruns

Mes yeux

Bleus

Physiquement, je suis

Agréable à regarder

Ma taille

1,80 m

Mon poids

73 kg

Mon origine

Européenne

Ma nationalité

Française

Je vis

Avec mes enfants une partie du temps

Ma religion

Athée

Je mange

Mange de tout

Le plus attrayant chez moi

Mes yeux

Mon petit défaut

Je suis trop franc

Si j’avais 1 heure de plus par jour

Peu de temps libre mais je saurais en prendre pour toi 🙂

Jeudi dernier à 22:27

..ah dsl j’ai liké trop vite je ne suis pas américain !

^^

Dommage 😁

dommage quoi?

Pour moi, de ne pas être étasunien et donc dans vos critères 😉

il fallait bien indiquer qqchose ^^

Ahah certes mais comme nous sommes en France il eût été logique d’ajouter français non ? Si toutefois il fallait préciser une nationalité de préférence 😁

je ne suis pas logique

😁 bon à savoir ! En même temps la logique …quel intérêt ?

philosophe?

Un chouia 😂 ..un peu plus en temps de confinement 😂😂

je pensais qu’on l’était de moins en moins justement

Qui est « on » 😁 ?

people, everybody

Ciel, le genre humain serait il sur la mauvaise pente ??

8 milliards sur terre, on est trop de toute façon ^^

Ohhhh …

okay……

C’est un vaste sujet ..qui fait un peu peur non ?

On va parler complotisme 😁 ?

point du tout

Tant mieux …

Ah au fait …re-confinée ? Ça va ? Pas trop dépitée ?

Je vis déjà en recluse, ça va pas trop me changer ^^

Ahah excellent argument

Heureux que ça ne soit pas un pb

J’entre dans les ordres bientôt

J’allais demander si tendance hikikomori ^^

tu connais? bravo!

non, j’ai une activité de troglodyte mais je peux être sociable parfois

Parfois … 😁 Encore qqchose bon à savoir 😉

Il faut des circonstances particulières ?

plus une envie sur le moment

Et là, j’ai envie d’aller me coucher alors je te souhaite une bonne nuit, Monsieur…?

Jeremiah

Attends

Tiens, ça sera plus simple 06 .. .. .. .. WhatsApp friendly 😉

Oui ça semble …un peu fou 😁

 

Hier à 09:59

Bonjour, une chose : je suis old school (mais je m’assume) donc je n’ai pas whatsapp, ni même de smartphone mais un téléphone qui téléphone ^^ Donc ce sera à l’ancienne !

Hello, Ok ! 😁 Tu es donc Amish (selon …certains 😂 … je ne donne pas de nom il est assez connu ^^) Tu écris sur une Remington aussi ? 😁😘 Aucun problème pour du old School vocal … mais après 18h 😉

Plutôt Kindred du Massachussetts ^^ et j’ai un ordi, quand même….

Mon petit vélo est à l’arrêt dans mon crâne. Je m’attendais à un pédalage furieux avec des Comment est-il ? Quand va-t-on se voir ? Et la distance entre nous ? Et si je suis déçue ? Est-ce qu’il me plaît vraiment ? Qu’est-ce j’attends ? Qu’est-ce qu’il attend ? et patati patata…

C’est paradoxal mais je ne me projette pas, je n’envisage rien. Je n’ai même pas voulu qu’il m’envoie sa photo quand il me l’a proposé. Ce sera un total blind-date pour moi avec le risque d’être effectivement déçue. Mais je m’en fous. Quand, où, m’en fous aussi.

Je sais que notre rencontre a déjà eu lieu.

Pendant ces neuf heures, on a parlé de tout, lui comme moi, nous rejoignant à peu près sur tous les sujets et abordant par touches, juste ce qu’il fallait, le sentimental et l’intime. C’était fluide, connivent, on a appris à se connaître avec une réelle attention mutuelle, on a ri aussi beaucoup et à la fin, on babillait comme deux mômes.

C’est chouette, la life.

FANTASME OU PREMONITION?

Mon rêve cette nuit. Etrangement précis et vivace. Intense, envoûtant. Les émotions que j’ai ressenties m’emplissent toujours et je sens encore la chaleur de ses mains sur moi. Les mains de qui ? Bah, de lui :

Jeudi 18 mars 2021 # BIENTÔT LE PRINTEMPS ??? J-4

Fantasme ? Prémonition ? Pas de ma rencontre avec ce hottie de James Franco – I wish ! – mais d’une rencontre tout court qui m’emporte dans un tourbillon passionnel et me comble au-delà de mes attentes…

Voilà mon rêve. Je travaille dans une boutique, je ne sais plus de quoi, et à la fermeture, je me rends dans la boutique d’à-côté, une chocolaterie-salon de thé, dont je connais le vendeur qui est devenu une sorte de collègue-pote, quoi.

Il m’accueille avec son habituel chaleureux sourire, que je lui rends. Il jette un bref regard sur la pendule qui indique 17.55, bientôt la fermeture pour lui aussi. Mais il prend le temps de me faire une sélection de chocolats, ceux avec des graines comme j’aime, qu’il m’apporte à la liseuse en velours sur laquelle je me suis assise d’emblée.

J’ai encore le goût du chocolat dans la bouche. Pourquoi, mystère, car je ne suis pas spécialement fan. Bref.

Je suis préoccupée. Je ne sais plus pourquoi mais je me mets soudain à fondre en larmes. Ça le touche, il s’assied à côté de moi en passant un bras autour de mes épaules.

« Qu’est-ce qui ne va pas ? Vas-y, raconte-moi. »

Alors, je me confie entre deux sanglots. A propos de quoi, j’en sais rien. Toujours est-il qu’il m’écoute patiemment et que je me sens en confiance totale. Il se met alors à genoux devant moi et dans un grand sourire, nimbé de lumière comme une aura flamboyante, il me prend les mains dans les siennes. Et là, je ressens tout de lui. C’est fulgurant, brûlant. Je l’entends dans ma tête :

« Je t’aime depuis la première seconde où je t’ai vue. Je ne pense qu’à toi, je rêve de toi, je suis à toi ! Tu ne trouveras personne de plus dévoué que moi, je veux te consacrer ma vie. »

Et nous voilà propulsés en une fraction de seconde dans la maison de mes parents. Ils sont là d’ailleurs, tous les deux. Je vois Maman qui s’active dans la cuisine et Papa en train de bricoler dans son atelier. Il y a aussi mes frères et sœurs, c’est l’été, la grande table dehors est dressée. Je suis bien. A la maison.

Ses bras autour de moi, ses lèvres dans mon cou, il est là. Avec moi, sur moi. Il me suit où que j’aille. Je pourrais me sentir étouffée mais ce n’est pas le cas. Chaque espace entre nous n’a pas lieu d’être, nous ne sommes que fusion. On fait l’amour partout dans la maison, en se cachant comme deux adolescents.

A un moment, je parviens à m’éloigner un peu et je le regarde en train de parler à ma famille. Il est beau comme un soleil, son sourire à se damner. Et je vois dans ses yeux l’amour immense qu’il me porte, sa dévotion. Je sens, je sais qu’il sera toujours là pour moi. Alors, je me fonds en lui sans plus aucune réserve.

 

A nouveau, fantasme ou prémonition ?

Est-ce parce qu’hier soir, Bradley m’a appelée ? Comme si de rien n’était, pour donner quelques news, un rapport plutôt des conditions spartiates de sa mission. Rien de personnel et encore moins de roucoulades quel qu’elles soient. Pour lui, tout va bien entre nous.

Il s’est enquis cependant, mais très légèrement, de moi. Je n’ai pu lui répondre qu’un laconique « Je vais bien » et il n’a pas cherché plus loin. Laconique, je l’ai été d’ailleurs tout du long de notre ‘conversation’, pratiquement aphasique. Il a senti quand même un certain malaise.

« Bon, on n’a rien à se raconter, rien de notable, tout va bien donc ? »

J’ai acquiescé. En fait, je ne m’attendais pas à ce qu’il m’appelle et je ne suis pas adepte du plantage de couteau dans le dos à distance. Je préfère qu’on ait cette discussion de vive voix lorsqu’il rentrera. Même si je prévois de lui écrire ce que j’ai à lui dire parce que je redoute, connaissant sa capacité inouïe toujours aussi incompréhensible à me retourner le cerveau, de me dégonfler devant lui.

Fantasmerais-je sur la relation que je voudrais secrètement avec Bradley sans pouvoir l’exprimer ? Aurais-je le pressentiment que notre relation actuelle n’est que les prémisses d’une passion dévorante comme décrite dans mon rêve ? Ou, plus probablement, n’était-ce qu’une réminiscence de ce que nous avons déjà vécu lui et moi il y a plus de 20 ans ?

Bref, je ne sais pas.

Ou alors, serait-ce parce qu’hier soir aussi, j’ai eu des échanges avec le fameux Hoyt assez perturbants ? Il m’a littéralement clamé ses intentions de ‘prendre soin de moi’, ‘d’être là pour moi’, de ‘s’adapter à mes désirs’ et déclaré qu’il avait eu un coup de foudre pour moi !

Je lui ai répondu ne pas comprendre un tel emportement après seulement quelques échanges et sans rencontre, que je ne trouvais cela pas très sain ni très pertinent. Même si j’avoue, cela m’a interpellée qu’un homme puisse ressentir un tel besoin d’engagement.

Je pense que j’ai dû faire un mix de tout ça et qu’il ne doit pas y avoir de signification particulière à chercher.

Ah autre question aussi : pourquoi James Franco ? Ni Bradley, ni Hoyt ne lui ressemblent de près ou de loin. Et je n’ai pas regardé de films de lui dernièrement. Je le trouve beau comme un dieu, certes, mais je ne comprends pourquoi j’ai rêvé de lui comme ça.

Mais bon, c’était chouette ce rêve. A refaire, donc, sans modération.

1 an après

« … Si l’exécutif veut à tout prix éviter un reconfinement en Île-de-France, le Premier ministre a averti dimanche qu’il serait décrété si la situation sanitaire ne s’améliorait pas dans la région… » 

Chouette. A nouveau, nous voilà suspendus aux lèvres de ce fameux exécutif pour savoir ce que va être notre vie dans les semaines futures. A nouveau, nous nous mettons en stand-by, dans l’expectative de revenir en prison.

 

Mercredi 17 mars 2021 # BIENTÔT LE PRINTEMPS ??? J-5

Ma VAE, mon projet de formation, mes prochains week-ends, notamment de retourner en Normandie faire le point avec Miles et Joan, mes futurs dates, tout ça sur pause. Et très compromis.

Il y a un an pile, je commençais ce blog. Je commençais à écrire tout du moins, pour retracer l’enfer que je vivais alors avec Maman qui avait déjà entamé son déclin sans savoir que ce dernier était inexorable.

Je cherchais un job à ce moment-là, sans trop d’ardeur cependant, car tant que Maman vivait avec moi, j’étais à peu près à l’abri financièrement. Puis, il est apparu que je ne pouvais plus m’en occuper et qu’un placement en EHPAD serait la meilleure solution. Très vite à la suite de cette décision, Maman est allée à l’hôpital. Et elle n’est jamais revenue à la maison.

Sa mort en septembre dernier m’a anéantie. A tout balayé sur son passage et a fait de moi une morte-vivante. Je n’étais plus rien. Professionnellement, socialement, amoureusement et filialement. Je suis entrée en dépression, aggravée par mon TPB à son apogée. J’ai découvert mon don qui s’est fait la malle dès que j’ai repris les cachetons. Et Bradley, revu quelques semaines seulement après la mort de Maman. Une relation stérile au final.

Aujourd’hui, où en suis-je ? Bah je vais bien. J’ai remonté la pente. Trouvé des ressources insoupçonnés en moi après toutes ces épreuves. J’ai repris ma vie en main. Me suis décidée à faire le point professionnellement et entamer une formation pour me spécialiser et devenir ainsi, experte dans mon domaine.

Et j’ai fait cette démarche d’ouverture vers les autres en m’inscrivant sur Meetic il y a une semaine. Ce que je ne regrette absolument pas. C’est même la meilleure chose que j’ai faite ces derniers temps. Cela m’apporte tout ce que je voulais et qu’est-ce que ça fait du bien à l’égo ! Ça fait du bien tout court de m’ouvrir, d’étendre mon horizon.

J’arrive surtout désormais à exprimer sereinement ce que je veux et ne veux pas, j’ai zéro blocage et suis enfin moi-même sans artifices. Bref, je me sens bien. Contente d’être moi.

Bradley va peut-être me recontacter à l’issue de sa mission, je verrai l’état d’esprit dans lequel je serai mais une chose est sûre, avec ou sans début d’histoire avec un autre, je sais que j’ai avancé et que je ne peux plus faire demi-tour. C’est moi qui fais la loi, désormais.

Et donc, je ne reverrai pas Clint. On s’est appelés lundi pour en convenir l’un l’autre. Et depuis, j’ai dans ma musette un Ambrose, un Wayne, un Hoyt, un Murray et possiblement un Brett. Au stade ô combien primordial des premières impressions. Je les ai mis au pas direct :

« 1. Ne me soûlez pas dès le départ à me parler de coucheries, l’intimité doit rester intime au moment où elle l’est. 2. Si vous fantasmez sur ma photo, sachez que je n’ai d’asiatique que mes yeux, je ne suis pas l’archétype de la douceur et de la sophistication, au contraire. 3. Si vous avez l’âge d’être mon fils, n’insistez pas, je ne suis pas une cougar. »

Et voilà. Ça fait du bien de tenir les rênes.