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HBD LOVE KISS, BRADLEY

« … Dimanche soir, on se voit. Lundi soir, j’ai un apéro-réunion militaire mais je rentrerai s’il n’est pas trop tard, sinon, on se verra mardi soir. Et je pars en mission du jeudi au dimanche… »

Bradley vendredi soir me détaillant sa ‘semaine avec moi’. Et moi qui me tâte « J’lui dis ? J’lui dis pas ? » ………….

 

Lundi 10 mai 2021 # BALADE AUTORISEE AU-DELA DE 10km MAIS AVANT 19.00  J+8

Bah je lui dis.

–  Sais-tu quel jour on sera lundi ?

–  Euh non… Si, le 10 mai ? AH MEEEEEEEEEEERDE j’ai zappé !!!!!!! Moi qui voulais te préparer une jolie soirée !!! Et je ne peux pas annuler, je me suis engagé… On peut se faire ça mardi soir ? Je suis désolée, ma chérie…

Heureusement que je n’avais rien prévu… Il s’est donc pointé hier soir, assez penaud, un petit paquet rouge sous le bras. Rien que ses mots sur le papier d’emballage m’auraient suffi, c’est déjà un cadeau car cela dit tout.

Je ne suis pas rancunière pour un sou. Et les peccadilles restent à l’état de peccadilles, c’est-à-dire qu’elles ne valent pas la peine de se perdre en conjectures intestinales sans fin. C’est au moins l’avantage de vivre l’instant présent, c’est trop précieux pour le gâcher.

J’étais donc heureuse de voir Bradley hier soir, lui aussi et c’est tout ce qui compte.

Il a été touché par mes derniers ‘aménagements’ comme la petite penderie à roulettes que j’ai achetée spécialement pour lui et tout un casier libéré dans mon tiroir de salle de bains. L’émotion à sa façon : « Personne n’a jamais autant fait pour moi… Je ne sais pas quoi te dire, ça me touche vraiment. Attends-toi à m’avoir sur le dos pendant de nombreuses années ! »

Là, je viens d’avoir un appel du fleuriste à côté de chez moi… Ce n’est pas Walter (j’ai demandé), j’imagine que c’est Bradley. A moins que ce ne soit Yang et/ou Mimine ? J’aurai donc la surprise ce soir en sortant du taf.

C’est assez rock n’roll cette année. L’an dernier, cela a été d’une sinistrose absolue, les cinq années avant, itou. Bref, je me suis habituée à passer ce jour de façon plus commémorative que festive et à ne pas m’en porter plus mal.

Mais je le sens, cette année ce sera différent. Plus festif. Comme si j’avais besoin de prétexte, tout bon soit-il, pour faire la fête. Donc j’ai commencé ce week-end chez Toto, hier soir avec Bradley et je poursuis ce soir avec Yang qui ne manquerait l’occasion pour rien au monde, ce choubidou de BFF. Manque plus que Nénette. Mais la distance et le couvre-feu toujours en vigueur ne nous laissent pas beaucoup de latitudes. Dommage, elle me manque.

Et depuis ce matin, les messages pleuvent. Par textos, par mails… Et par Facebook en réponse à mon post tout frais, photo non-retouchée fièrement arborée à l’appui : « Let’s face it : I can’t pretend to be 29 anymore but… 20 years later, don’t I still rock ? HBD to my preserved youth. »

LA MALEDICTION DU GLUTEN

« Le week-end sera estival, sortez les tongs et le rosé ! »

En attendant, ce sont les Saints de Glace en avance, doudoune et tartiflette. Mais bon oui, le rosé. Parce que la bière glutennée, je crois bien que c’est fini pour moi.

Jeudi 6 mai 2021 # BALADE AUTORISEE AU-DELA DE 10km MAIS AVANT 19.00  J+4

A mon grand dam. Qu’est-ce que c’est bon, le houblon trappiste ! Mais en constatant les démangeaisons atroces qui me font me gratter au sang, les douleurs abdominales et les violents maux de tête qui ont fait leur retour et pire, le gonflement de mon ventre qui pourrait faire penser que je suis enceinte de quintuplés, je n’ai d’autre choix que de renoncer à ma sacro-sainte Rince-Cochon et de reprendre mon pipi de chat. En pleurant.

Deux semaines que j’ai ‘repris’ le gluten, avec la bière seulement et je n’en bois pas tous les jours. Je n’ose imaginer ce que cela aurait été si j’avais fait la totale baguette fraîche-pizza-chausson aux pommes ! Bref. Je n’ai peut-être pas la maladie cœliaque mais je suis hyper-sensible, donc allergique au gluten, et ça y a pas photo.

 

Côté Bradley, c’est aussi les Saints de Glace depuis lundi. Fini le choupinou roucoulant, the complete asshole is back ! Cela n’aura été qu’une brève éclaircie dans la tempête. Comme quoi, j’ai eu raison de garder mes réserves.

Je l’ai appelé lundi soir et à son ‘Allô !’ j’ai senti qu’il n’était plus le même que ne serait-ce que la veille lorsqu’il me murmurait des mots tendres au téléphone pour me souhaiter bonne nuit. Il venait de passer une sale journée qu’il m’a détaillée, pète-sec, et il a sauté sur la première occasion pour me tomber dessus à bras raccourcis.

Il avait certainement besoin de se défouler mais je ne me suis pas laissée faire car je ne suis pas son punching-ball : « Tu es bougon, c’est le moins qu’on puisse dire. Rappelle-moi quand tu ne le seras plus, ciao. »

Le lendemain, il m’a envoyé quelques textos mais sans la queue d’une excuse. Je l’ai appelé, on a parlé et il s’est radouci au fur et à mesure qu’il s’est rendu compte à quel point il était important pour lui d’apprendre à assumer et de ne pas se tromper d’adversaire.

–  Tu m’as parlé de tes enfants dont tu as été sans nouvelles toute la semaine passée, aussi chaleureux que des bûches quand tu les as retrouvés dimanche soir. Ils ont alors filé dans leur chambre le nez dans leur portable et n’en sont sortis que pour manger. Je pense qu’ils se préparent à leur façon à la ‘séparation’ prochaine. Certainement aussi que leur mère leur a bien spécifié qu’elle était désormais la seule autorité parentale et qu’ils ne devaient te considérer à présent que comme un baby-sitter.

–  C’est vrai. Mais ça fait mal de me dire que mes enfants ont décidé de faire l’impasse sur leur père.

–  C’est toi qui pars. Ils doivent le ressentir un peu comme un abandon, tu ne penses pas ? je comprends que tout ça te perturbe mais ce n’est pas une raison pour t’en prendre à moi. Il y a une telle différence entre celui que tu étais la semaine dernière et aujourd’hui, j’avoue que cela me fait peur. En tout cas, je ne t’aime pas comme ça.

–  Bah je suis un sale con une semaine sur deux, y a pire, non ?

Tant que ce n’est pas la semaine que tu passes avec moi…

Le soir, quelques échanges badins par textos pendant que Yang et moi nous nous enfilions des binouzes en refaisant le monde et hier mercredi, silence radio. La seule chose qui me vienne là, c’est « Cours toujours, c’est pas moi qui te rappelle ! » et me revoilà dans le même état d’esprit qu’avant qu’il ne parte en mission il y a deux mois, quand je lui ai pondu ma lettre.

C’est probablement ce qui fait que je pars en cacahuète ces derniers jours. Je me suis inscrite sur un nouveau site de rencontres et toujours pas désinscrite de Meetic. Je n’interagis pas vraiment, voire même pas du tout mais chépa, je regarde. Cet adage « Loin des yeux, loin du cœur » que j’ai crû, bien temporairement, ne plus correspondre à ma relation avec Bradley, prend tout son sens aujourd’hui.

On continue de s’envoyer des textos, Walter et moi. Rien de funky, toutefois, disons que la ‘communication’ entre nous a été rétablie.

–  Tu sais que j’ai aussi le standard où je bosse, ça me rappelle il y a 20 ans lorsque tu m’appelais au boulot en numéro masqué… Chiche ?

Ah oui, chiche !

Je sais, c’est naze. Nénette me passerait un savon si elle était là.

Et y a un Malcolm au boulot que j’aime bien… Comme il n’est pas souvent sur site, bah on papote souvent au téléphone. Il dit que je suis son rayon de soleil quand je l’appelle et j’avoue, ça me plaît… Je le suppose un peu charmeur sur les bords mais c’est pas grave.

Et pis mon voisin Monsieur Champomy auquel j’ai demandé s’il voulait bien recevoir un colis que j’attendais, le sachant 100% en télétravail, et avec lequel j’ai finalement papoté pendant une heure de voyages du bout du monde, de San Francisco entre autres, ce qui l’a poussé à me glisser : « Je ne sais pas si tu as prévu d’y aller seule ou en groupe mais moi je suis partant ! »

Non, je n’ai pas d’attirance particulière pour ce geek de Monsieur Champomy, vieux garçon devant l’éternel, mais je reconnais m’être interrogée : pourrais-je sortir avec quelqu’un simplement pour partager cette passion commune (et probablement unique) des voyages ?

Je suis ultra-sensible, en somme. Comme pour le gluten. Pas aux aguets mais je réagis à la moindre sollicitation. Je devrais me sentir minable vis-à-vis de Bradley, coupable d’adultère, bien qu’il n’y ait pas vraiment matière à sujet, je ne sais pas, oui, je devrais me sentir mal, comme on dit, sauf que ce n’est pas le cas.

Ce pauvre BFF de Yang ! Il en perd son latin avec moi en ce moment ! Pas facile de gérer la braise que je suis devenue, ça brûle les pattes !

 

15.07. C’est comme s’il m’avait entendue… Bradley vient de m’appeler.

–  Coucou, ma chérie ! J’appelais juste pour te faire un bisou et savoir comment tu allais.

–  Tu m’as l’air moins grumpy toi, c’est bien…

–  Bah oui, je suis au régiment pour la journée, c’est que du bonheur et j’ai pas les enfants qui me soulent donc je suis bien.

Ça m’a fait plaisir de l’entendre. Surtout qu’il était tout miel. Normalement, on se voit dimanche soir dès mon retour de chez mon frère. On verra.

 

Sinon, les news au taf. Ma paie famélique, déjà. D’une, pas de coeff ni d’indice car la société dépend de l’IDC 9999 sans convention collective, donc c’est directement le code du travail qui s’applique. J’en apprends tous les jours.

Quand au delta du Nil entre mon net imposable et mon net à payer, outre la CSG-CRDS non-déductible, il s’agit de la part patronale de la contribution à la mutuelle, imposable désormais, soit 132 balles.

Ma cotisation salariale à la mutuelle étant de 88 euros, ça me fait une mutuelle à 220 balles par mois. Ni une ni deux, je l’ai annulée auprès de Shannon et je garde mon ancienne. Cela aurait été bien qu’on me le dise dès le début, ça aurait évité tout ce tintouin. Bref, je vais peut-être m’y retrouver désormais. Toutefois, je continue de jeter un œil sur les quelques job offers que je vois passer sur LinkedIn car on ne sait jamais…

Surtout que c’est toujours le désert de Gobi niveau charge de travail. On m’a demandé de gérer le stock des consommables et à cet effet, de faire un fichier excell… Ce qui m’a pris deux minutes et encore, parce que je l’ai mis en forme soigneusement.

Shannon fulmine de ne pas pouvoir me donner plus de taf alors que je le réclame à corps et à cris. Je crois qu’elle attend de voir si le poste d’une nana va être maintenu, une nana qui ne veut pas revenir en présentiel alors que son poste l’exige. Le cas échéant, je récupèrerais une partie de son taf. Je n’ai rien contre cette fille que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam mais si c’est le prix à payer pour que j’arrête de buller lamentablement, so be it.

 

Dans quatre jours, c’est mon anniv. Pas particulièrement fan de l’évènement, je n’ai rien prévu. Bradley sera là, normalement, peut-être qu’il y pensera mais je vois mal une soirée-surprise avec tuit tuit bougies sur un gâteau sans gluten.

Rien que d’y penser, je me gratte furieusement.

LUCIOLE TO GO

« Bonjour Madame D. Vous habitez toujours Square des Tilleuls au Plessis-Robinson ? »

Ça fait vingt ans que je ne suis plus Madame D. Bradley, ce n’est pas parce qu’on se revoit lui et moi que je vais re-porter son nom ! Pareil pour l’adresse… Ah ils sont à jour, les fichiers de la médecine du travail !

 

Lundi 3 mai 2021 # BALADE AUTORISEE AU-DELA DE 10km MAIS AVANT 19.00  J+1

Bon, à part prendre un air empathique à l’évocation de ma fibro et me dire qu’ils sont à ma disposition si je veux déposer un dossier de handicap, bah pas grand-chose. Même pas fait pipi dans un gobelet. Et oui, je suis une taupe, je ne vois rien, même avec mes lunettes. Et oui, je fume. Et oui, je t’emm…

Allez, apte. Mais à quoi ? Pas à grand-chose, à en juger par ma ‘charge’ de travail qui reste, malgré quelques pics en hauteur, bien fluette. Ce qui pourrait se justifier par ma paie reçue vendredi avec la fiche qui va bien, maigrelettes toutes les deux. Va falloir m’expliquer les 29% de charges retenues sur mon brut, les gars, même quand j’étais cadre, j’en payais moins que ça !

De retour au bureau, j’ai donc envoyé un mail à Shannon qui va voir avec l’expert-comptable. Manquerait plus que je lui explique son taf, à celui-là. Déjà, il va commencer par indiquer ma qualification et mon coeff. Ensuite, les 210 balles en moins.

Mais s’il s’avère qu’il n’y pas d’erreur, ça va être compliqué pour moi de travailler juste pour payer mes charges sans manger et encore moins fumer. Bon, c’est toujours mieux que le RSA mais je vais commencer à regarder dès maintenant si l’herbe est plus verte ailleurs.

J’ai cependant profité de mon mail à Shannon pour renouveler ma motivation à cette dernière même si je me languis d’étoffer mon poste. Lui ai fait quelques suggestions, on verra. Car qu’est-ce que c’est nul comme taf, peigneuse de girafe !

Bref. L’excitation du début est bien retombée. Je suis toujours contente, grosso modo, mais bon. Le télétravail massif fait que les bureaux sont quasi-déserts la plupart du temps, c’est dur de ressentir de l’énergie en plein Sahara. Et je n’ai pas encore rencontré tout le monde, à part une nana la semaine dernière, ce dont je me serais bien passée.

Elle s’appelle Bichette comme moi ! Et son deuxième prénom est Andrea, comme l’héroïne de mon roman ! J’ai crû à un signe de bonne entente elle et moi mais à la seconde où elle s’est pointée, avec sa voix suraigüe de mère maquerelle et sa moue dégoûtée, j’ai compris que ma BFF team ne compterait pas de nouvel élément.

Bichette-Andrea, mais WTF ?!!? Cameron m’a dit plus tard qu’il fallait que je m’en méfie, qu’elle était d’une chienlit sans nom et sans fond, qu’elle cafetait, que c’était la seule dans la société à jouer les divas qui éjectent d’un coup de hanches les voleuses de soleil impudentes… Comme quoi, mon pressentiment était le bon.

Elle est effectivement insupportable. Heureusement qu’elle ne passe au bureau qu’une fois par trimestre. Elle a dû voir à mon regard un chouia acerbe lorsqu’elle m’a reproché de ne pas avoir orienté un appel vers la bonne personne, qu’il ne fallait pas trop me chatouiller. Depuis, elle prend quelques pincettes avec moi.

Bah il faut toujours un ou une relou au bureau, où je bossais avant, y avait pratiquement que ça, donc cette société, c’est du bonbon pour moi. Bref, je fais donc le dos rond, béni oui-oui, je m’en contrefiche, en fait.

 

Bradley m’appelle ‘Mon cœur’ maintenant et m’en dessine sur des post-it qu’il laisse sur mon ordi à la maison quand il part le matin. Comme samedi avant de rejoindre son régiment-bidule pour un week-end d’instruction (si j’ai bien tout compris).

La veille au soir, dès qu’il a eu posé les pieds à la maison, il a senti que quelque chose n’allait pas. Je n’avais pourtant ni le ton ni la tête de traviole comme au matin mais je devais émettre malgré moi un signal ‘mayday’ qu’il a perçu.

Je venais de raccrocher d’avec Mimine qui, par le biais de Yang, s’était inquiétée. C’était inattendu, ces rôles inversés en un laps de temps si mince mais au final, bienfaiteur. Ainsi, pas le besoin particulier d’en reparler stat avec Bradley mais plutôt de marouner un peu dans mon coin.

Il m’a un peu forcé la main et la conversation qui a découlé a été limpide et constructive, bien loin de l’imbroglio névrotique que je pensais poindre. Son explication de texte a fait sens, tout a fait sens, sauf moi peut-être. Tout au fond, la petite fille giflée avait encore besoin de se frotter la joue et ce, même si elle ne comprenait pas pourquoi.

Lui a été exemplairement à l’écoute, pas du tout braqué. Il s’est juste écrié :

–  Mais je sers à quoi, moi ?! Tu appelles tes potes quand ça va pas et pas moi ?! Alors que j’étais juste à côté !

–  Bah déjà ça te concernait pour un tiers et ça ne fait que quelques jours où tu es présent pour moi, je n’ai pas l’habitude !

–  Bon, en même temps, c’est Yang, je peux comprendre.

A la fin, il m’a prise dans ses bras pour me consoler des larmes que j’avais versées la veille sans qu’il en ait la moindre idée. Je pense que ça va mieux depuis. Et ce week-end, seule avec moi-même, m’a fourni le recul nécessaire pour décanter comme je le voulais.

Bradley est décidément d’une choupinerie étonnante. Il se gargarise de mes mots, ceux que je lui ai avoués ‘perfection faite mâle’… Je dois reconnaître qu’ils sont légitimes tout autant que mérités : il est réellement parfait. Il l’est devenu. D’un coup de baguette magique.

J’ai pu penser que c’était un mirage, une passade qui allait faner aussi vite qu’elle avait éclos. Mais je constate une certaine constance, voire une montée en puissance dans le coup d’accélérateur qu’il a donné à notre histoire dernièrement.

–  Il faut que je te donne mon planning de mobilisation désormais, mes prochaines dates sont du 13 au 17 mai…

–  Ah bah justement j’allais te demander, comme je peux prendre un RTT le 14, ça nous aurait fait un week-end de quatre jours mais bon, case closed !

–  Oh non, c’est trop dommage ! Il faut qu’on se fasse un week-end tous les deux…

–  C’est normal, tu as booké les week-ends où tu n’as pas les enfants.

–  C’est surtout que ces dates sont bookées depuis longtemps ! Donc je vais me débrouiller pour qu’on ait un week-end ensemble prochainement. Et pis des vacances : que dis-tu de prendre la dernière semaine de juillet en CP et on se casse au bout du monde ?

Il me scrute, m’inspecte, me regarde sous toutes les coutures, il s’attarde sur d’infinitésimaux détails, les découvrant pour la première fois, selon lui. Ça me met presque mal à l’aise, je ne sais pas trop si je ne préférais pas lorsqu’il me survolait sans stabiloter la moindre de mes imperfections.

Et il tient en retour à ce que je consigne en moi la moindre chose de lui : les méandres de ses cicatrices, les arabesques de ses tatouages, la moindre tâche de rousseur, le moindre pli de ses micro-poignées d’amour… Bref, ça me donne l’impression d’un contrôle vétérinaire. Mais c’est mignon.

Donc, le Pont de l’Ascension, je vais le passer seule au Normandy Beach. Et le précédent, celui qui arrive, chez Toto. Pour mon anniv. Du coup, ce dernier a rameuté du monde pour faire un karaoké géant autour du barbecue. Ni l’un ni l’autre ne me tente mais je trouve cela gentil de sa part et cela me changera les idées. Bien sûr, j’irai dire bonjour à Maman.

Je pense beaucoup à elle en ce moment. Je repense à il y a un an. Je crois que c’est pour ça que je ne suis pas d’une humeur particulièrement guillerette. C’est un processus normal, paraît-il. Bref.

J’ai toujours tendance à avancer au jour le jour, voire à l’instant T. Les choses prennent forme pourtant, ma vie se reconstruit peu à peu mais j’ai l’impression que cela s’opère hors de moi, à côté de ma volonté propre.

Je suis un pinson sur sa branche, je ne pense qu’à ma prochaine luciole à déguster TO GO.

COUP DE GRISOU

–  Boire un verre ?

–  Why ?

–  Ça me ferait plaisir simplement. Et toi ? 

–  A moi aussi mais on sait bien toi et moi que ce n’est pas une bonne idée. De plus, ça fait 2 ans qu’on essaye, qu’est-ce qui ferait qu’on y arriverait cette fois-ci ?

–  Bah on est grands.

–  Non, toi et moi on est des gamins handicapés sentimentaux.

–  Pas faux.

Echange de textos avec Walter depuis deux jours. Reprise de contact dont j’ai été l’initiatrice à propos d’un truc au boulot. Je préfère anticiper si l’on doit se croiser lui et moi pour raisons professionnelles. Bien sûr, ça me perturbe.

 

Vendredi 30 avril 2021 # SEMI-CONFINEMENT NATIONAL  J+30

J’en ai cependant parlé à Bradley hier soir. Puisqu’il souhaite que nous fonctionnions sur la base « The truth, the whole truth and nothing but the truth »… Il a paru agacé mais pas outre mesure, me demandant juste si moi j’avais envie de le revoir. J’ai répondu que je n’en savais rien, il a alors freiné des quatre fers comme un baudet devant un précipice en déclamant : « Je suis qui pour t’interdire de le revoir ? »

Et il a profité de la brèche pour lui aussi se confesser. Lundi, lorsqu’il avait cinq bières dans le cornet et un air bizarre, juste avant qu’il me fasse sa proposition d’emménager ensemble, il a eu en fait son ex au téléphone qui lui a dit, entre autres, qu’elle avait de nouveau quelqu’un dans sa vie et ça l’a miné.

« Donc, ton engagement auprès de moi cette semaine, ta proposition, tes déclarations, c’était par dépit ? Comme tu n’avais plus d’espoir avec elle, tu t’es dit autant tenter de faire un truc avec moi ?… »

Il n’a pas su me répondre. Moi, j’ai ressenti tout ce qu’il m’avait dit depuis lundi comme un fake. Que je ne suis et ne serai toujours qu’un plan de rabattage. Le fameux plan D.

–  Tu l’aimes toujours ?

Tu ne peux pas ne plus aimer quelqu’un dont tu as été follement amoureux en claquant des doigts. Oui, je l’aimerai toujours. Mais comme toi avec tes ex.

–  Certes pas, non. Ce que je veux dire, est-ce que tu souhaiterais te remettre avec elle si c’était possible ?

 –  La connaissant, non, ce n’est pas possible.

 –  Mais toi, que souhaiterais-tu ?

 –  Les premiers mois après notre rupture, oui, j’avoue, je l’attendais, j’y croyais encore. Mais plus maintenant. Moi aussi, j’ai quelqu’un dans ma vie aujourd’hui.

Je n’ai pas pu m’empêcher de trouver que ses derniers mots sonnaient creux. Et j’ai peur qu’ils sonnent toujours creux, désormais…

Bref, conscient de m’avoir peut-être blessée, il a tenté de rattraper le coup mais je l’ai laissé devant la télé pour aller me réfugier dans le noir de ma chambre. Là, j’ai craqué. C’était trop : lui, Walter, Maman… Car dans la journée, j’ai relu mes écrits d’il y a un an lorsque Maman était juste en train de mourir et que moi j’étais une peste odieuse avec elle. Ça m’a bouleversée.

Ajouté à cela le mix d’alcool et cachetons, je ne pouvais que faire un bad-trip, à grands renforts de larmes et de cris intérieurs. J’ai appelé Yang qui m’a réconfortée du mieux qu’il a pu puis j’ai sombré dans l’inconscience.

Ce matin, cette nuit aussi d’ailleurs, Bradley était tout câlin, comme il l’est depuis lundi, à m’étreindre et roucouler des ‘mon amour’ à mon oreille. Mais je devais certainement avoir la tronche en biais en essayant de sortir des limbes de mon mini-coma éthylo-psychotique, car il m’a demandé comment j’allais et a souhaité débriefer la soirée.

« Euh là c’est le matin, j’ai du mal, c’est trop embrumé… Merci de renouveler ta demande lorsque j’aurais récupéré mon cerveau ! »

Une esquive mais sur fond de vérité. M’en reparlera-t-il ce soir ?

 

Bref, c’était trop beau pour être vrai. Trop clinquant. Pourtant, je ne suis pas une pie attirée par tout ce qui brille mais ayant découvert qu’il était mon Graal, oui, j’y ai cru. Mais clairement, je ne suis pas, moi, SON Graal.

J’aimerais lui en vouloir mais je sais ce que c’est que d’avoir quelqu’un dans la peau, à corps défendant qui plus est. J’ai juste mal. Je ne sais pas ce que ça va donner. Car je me connais dans ces cas-là, je peux avoir des réactions épidermiques radicales.

Ainsi, j’ai envie d’envoyer Bradley au diable Vauvert une bonne fois pour toutes car je ne sais pas si je pourrais lui refaire confiance un jour. Il ne m’a pas trahie, il m’a juste menti, comme il s’est menti à lui-même.

J’ai envie de rappeler Walter même si je sais d’avance que cela ne mènera nulle part, comme c’est le cas depuis 20 ans.

Alors, j’ai envie de plaquer tout et tout le monde. Envie d’une retraite dans un abri antiatomique. Et d’une ivresse sans fin.

Cela dit, je me sens assez forte maintenant pour ne plus vouloir sombrer jusqu’à l’annihilation. Je vais bien malgré tout. J’ai juste un moment de down, justifié en plus, et je sais qu’il va passer.

Et comme je crois beaucoup à l’équilibre des choses dans l’univers, cette justice divine qui fait que tout a un prix qu’il faut être prêt à payer, si moi je vais mal aujourd’hui, Yang et Mimine quant à eux semblent aller mieux. Ce qui fait que je relativise mon morflage avec altruisme.

Décidément, ce mois d’avril aura commencé en fanfare mais se termine en queue de poisson.

LE GANG DES YANGS

« Ton pote, je valide ! Putain de bonne soirée ! »

Bradley vers minuit hier soir juste après que Yang soit reparti sur son vélo avec deux grammes d’alcool dans chaque oreille.

 

Mercredi 28 avril 2021 # SEMI-CONFINEMENT NATIONAL  J+28

Rencontre au sommet hier soir, donc. Les premiers instants ont été un peu froids et gauches entre eux deux, comme deux combattants qui s’observent sur un ring de boxe pour savoir à qui ils ont à faire.

Une heure plus tard, la bière ayant commencé à limer leurs ergots de coqs, ils étaient déjà en train de se charrier l’un l’autre en se marrant comme des baleines.

Encore une heure plus tard, les voilà copains comme cochons. Grandes effusions, hugs et tapes viriles dans le dos, chorégraphies pogotesques, blagues et bons mots dignes d’un PSG-OM à regarder à la télé une main dans le caleçon et l’autre sur une bouteille d’Heineken…

Bref, une explosion de testostérone. C’était drôle de voir ces deux-là parfaitement en phase. C’était drôle tout court, d’ailleurs. Car même si je n’ai pas de chromosome Y, je ne me suis pas sentie sur le banc de touche pour autant. Je plussoie, c’était une très bonne soirée entre Yangs.

Et dans la bonne humeur complice que l’on partageait tous les trois, Yang s’est permis une taquinerie – où était-ce une gaffe ? – ce qui a eu pour effet de me faire piquer un fou-rire à en faire pipi dans ma culotte : « Si je comprends bien, Bradley, tu vas être dans les environs plus souvent désormais… »

Ça n’a pas loupé, Bradley a bondi hors de sa chaise : « Mais chérie, on en a parlé hier, comment se fait-il qu’il soit déjà au courant ?! Oh je vois, t’en as parlé dans ton blog ! »

Et moi, hilare :

–  Euh Yang, Bradley n’a pas accès à mon blog… Sacré toi, dis donc !

–  Comment ça ?

–  Quoi, tu ne vas pas la jouer solidarité masculine quand même, si ?

–  MAIS JE VEUX LIRE TON BLOG, MOI MAINTENANT !!!

Malgré mon fou-rire, bah je me suis retrouvée bien embarrassée. Ça m’allait bien lorsqu’il ne s’intéressait pas à moi, je pouvais me livrer sans retenue… Maintenant, je peux comprendre qu’il veuille savoir comment je parle de lui à des gens qu’il connaît désormais. Bref, j’ai réussi à esquiver mais la prochaine fois…

C’est comme Shannon au boulot lundi qui a renouvelé son intérêt pour mon blog. Même si ce n’est pas les mêmes raisons que celles de Bradley, Nénette me l’a fortement déconseillée et elle a raison, car même si je n’ai rien à cacher et que je m’assume, ma vie privée ne regarde en rien mon employeur.

Employeur qui ce matin s’est enfin décidé à me bourrer de taf jusqu’au museau. J’en aurais été extatique après ces longs jours à buller sauf que ce matin, j’avais un peu de mal après cette nuit ébouriffante à bien des égards.

Surtout qu’hier soir, gorge la première, j’ai plongé avec délice et sans retenue dans de la bière digne de ce nom. J’ai fait mon premier autotest gluten – négatif – et il faut que je réintroduise un peu de gluten sur trois semaines avant de refaire le test. Donc, j’ai commencé avec la bière, de la vraie, bordel, pas ce pipi de chat que je m’enfile par défaut en maugréant mes beaux diables à chaque lampée.

 

Et maintenant que quelques-uns de mes neurones ont repoussé, je débriefe avec moi-même. Je repense à hier soir et à Bradley qui, ma foi, m’a laissée sans voix, sauf à rire comme une bécasse.

Je m’attendais à le voir distant, pas trop en mode amoureux, trop préoccupé par l’officialisation de sa présentation à mon BFF de Yang, mais pas du tout, il rayonnait, tout à fait à sa place à mes côtés, petits gestes tendres et bisous d’un naturel confondant.

Je crois de plus qu’il m’a dit les trois mots – pas ‘What the fuck’ hein – au creux de mon oreille dans un de nos enlacements et qu’il m’a fait une autre déclaration en sortant de la douche, mais avec mon souci de mémoire poreuse consécutivement à l’ingestion déraisonnée d’éthylène, j’avoue que j’aurais bien besoin là maintenant d’une réédition :

–  Tu es mon amante, mon amour, ma confidente, ma pote…

–  Tant que je ne suis pas ta mère…

–  Ça non ! Mais toi et moi, on n’a plus de temps à perdre, à nos âges !

–  Parle pour toi… Mais à perdre pour quoi ? Je veux dire, il faut se dépêcher de quoi faire ?

–  Bah nous, quoi !

Il avance à pas de géant. Du coup, il me sèche sur place. Car je me rends compte que c’est moi qui étais distante hier, un peu gênée. Bien mal à propos. Je m’aperçois que j’attends de lui qu’il soit tout le contraire de ce que je suis. Il doit y avoir une histoire de projection ou d’acte manqué là-dessous, il va falloir que je creuse ça.

Le fait est que je ne peux m’empêcher de me demander comment a-t-il pu passer en si peu de temps de sale con rugueux et lunaire à cette perfection faite mâle ?…

Il avait raison, il est mon Graal.

SUR LE CUL !

« Je vais te faire une proposition. Je donne mon préavis pour mon appart dès maintenant, j’emmène le gros de mes affaires dans ma maison, j’emménage avec toi ici et je te paye la moitié du loyer. Oui, on va vivre ensemble. Tu réfléchis et tu me dis ? »

Je ne l’avais pas vue venir, celle-là… Si je n’avais pas eu une bière dans le coco déjà qui m’a juste faite le regarder avec sidération, j’en serais tombée sur le cul.

 

Mardi 27 avril 2021 # SEMI-CONFINEMENT NATIONAL  J+27

J’aurais dû avoir la puce à l’oreille hier soir en sortant du boulot. Bradley venait de m’arroser de textos disant qu’il était rentré, que l’apéro était prêt et qu’il me faisait des bisous. Wow !!! Quelle mouche l’a piqué ?! me suis-je dit, un sourire sur les lèvres quand même parce que j’ai trouvé ça très mignon. Etrange, mais mignon.

Bref, je suis rentrée, il avait un air bizarre. Il semblait exténué mais pas en mode apocalypse masculine, non, on aurait dit qu’il sortait d’une journée de cogitation intense qui le laissait exsangue mais pas moins en alerte.

J’ai vaqué à mes occupations tout en discutant frivolement avec lui, de tout de rien. C’était léger, simple, naturel. Puis, il s’est posé sur la banquette, à nouveau avec cette mine singulière. J’ai cru qu’il subissait le contrecoup des cinq bières qu’il m’a avoué avoir descendues dans la journée et des deux-cent-cinquante pompes qu’il venait de faire dans le salon juste avant que j’arrive.

Mais non. Une lumière est venue envahir ses yeux et limite en me prenant les mains dans les siennes : « Il faut se rendre à l’évidence. On s’entend très bien. Sur le plan physique comme sur le reste. On est faits pour être ensemble. »

Je l’ai embrassé puis je suis repartie dans la cuisine poursuivre ma popote. C’était chouette, j’étais bien. Mais à dix-mille lieues de me douter de ce qui allait arriver. Il m’a alors rejointe dans la cuisine et paf ! il m’a faite sa déclaration tout-à-trac. Un peu ‘force de proposition’ avec le ton convaincu et convaincant du directeur commercial qu’il a été.

J’y peux rien, sur le coup, ça m’a faite penser à la déclaration d’indépendance des Etats-Unis. Il y avait quelque chose de lyriquement patriotique dans ses mots, l’engagement de toute une nation à construire un futur qui n’appartient qu’à elle…

J’étais surtout abasourdie. Je n’ai pu qu’acquiescer d’un hochement de tête, la bouche bée sans qu’aucun son n’en sorte. Il a enchaîné.

« Tu sais ce qui m’y a fait penser ? C’est quand hier soir, tu as proposé de me faire de la place dans ton tiroir pour mes produits de toilette. Sur le coup, je t’ai dit non car je n’avais pas envie d’avoir tout en deux voire trois exemplaires. Et puis, j’y ai réfléchi aujourd’hui et cela m’a paru clair. Comme quoi, ça fait son chemin… »

Je n’ai pas pensé à planter de petite graine en te proposant une place pour ton rasoir et ta brosse-à-dents… Il n’y avait rien de symbolique, j’ai juste pensé que cela serait plus pratique que de te trimballer avec ta trousse tout le temps.

 

C’est tout réfléchi, c’est oui. Même si je ne lui ai pas encore dit. J’accuse le coup. Mais en allant puiser dans mon for intérieur, un sentiment depuis fort longtemps oublié se met à fleurir.

Pour la première fois, je sens qu’il est là. Pour la première fois, ce que je ressens ne souffre plus de l’ombre des nuages.

 

C’est quand on arrête de chercher que l’on trouve.

C’est quand on lâche la bride que l’on avance.

C’est quand on n’y croit plus que l’on peut être convaincu.

Bref, sur le cul. Et ça rime.

MOI, COCHON D’INDE

Purée, tu ne vois pas à quel point tu fais cliché, Georgette ? Avec ton manteau en fausse fourrure (ou pire, de la vraie), tes escarpins rose pastel et ton masque assorti, ton sac à chaînette dorée et ta pose faussement lascive en plein milieu du trottoir ? Allez, pousse un peu ton popotin de pseudo-cocotte de luxe que je passe.

 

Mardi 20 avril 2021 # SEMI-CONFINEMENT NATIONAL  J+20

Baklavas. Mon péché mignon. Le seul, rayon sucreries. Et sur mon passage en allant au boulot, tout un étal me fait de l’œil chaque matin. Je résiste tant bien que mal mais je sens que je vais bientôt craquer. Faut juste que je me prépare mentalement aux terribles démangeaisons qui m’attendent à cause du gluten contenu, même en infime quantité, dans ces délices si tentants.

Plaisir vs peau en feu, match au sommet ! Mais je vais quand même ressortir mes moufles anti-grattage jusqu’au sang car ces baklavas…

Et comme par hasard, au boulot, y a un Monsieur Gluten et ses autotests de dépistage de l’intolérance à ne pas confondre avec l’hyper-sensibilité. Après un exposé en bonne et due forme, j’apprends que l’intolérance est héréditaire, inscrite dans les gênes donc à vie alors que la sensibilité relève de l’allergie, donc peut-être traitable…

Me voilà sujet-test. Cobaye, quoi.

Sinon, ce matin j’ai rencontré 100 kilos et 1 mètre au garrot placides et débonnaires :

Puis, trois trottoirs plus loin, j’ai rencontré 3 kilos et 25 centimètres au garrot teigneux et mal baisés :

Devinez lequel des deux m’a faite flipper en me jappant dessus et en voulant me chiquer un mollet tandis que je passais tranquillement à côté de lui ? Quelle merde, ces roquets à mémère. Je me dis que le mastiff rencontré juste avant doit en chier un comme ça tous les matins.

 

Toujours morne plaine au taf. J’attends encore un peu puis je vais secouer le cocotier. Formation sur SAGE, appels d’offres, je me fous de faire de l’assistanat commercial, voire du routage, du moment que j’arrête de peigner la girafe…

 

Et enfin, Bradley est en vie. Un peu inquiète ce matin, je lui ai envoyé un texto puis laissé un message vocal, il m’a enfin rappelée.

« Je suis désolé, je ne voulais pas t’inquiéter, ma chérie ! C’est jusque que je suis rentré dimanche soir et je me suis écroulé de fatigue. Ensuite je n’ai pas arrêté de courir, là je pars avec les garçons pour voir la maison et signer le compromis, je voulais attendre d’être moins dans le stress pour t’avoir au téléphone. Mais tout va bien, ne t’inquiète pas. »

S’il faut que je pleure désormais pour un minimum syndical de communication… Mais bon, j’étais heureuse d’entendre sa voix et c’est tout ce qui compte.

BIG BUBBLE

« Alors, j’aimerais faire un point rapide, comment ça se passe ? »

Ma boss Shannon vendredi à 16.00 alors que je m’apprêtais à partir. J’ai bagaudé trois secondes – j’lui dis ? j’lui dis pas ? – mais je n’ai rien pu faire contre mon naturel revenu au galop : « Oui, ça se passe bien. Toutefois, il y a des moments de creux… »

 

Lundi 19 avril 2021 # SEMI-CONFINEMENT NATIONAL  J+19

Et là, j’ai vu dans son regard, outre qu’il tombait des nues, une lueur de crainte qui s’explique par le fait que je lui avais dit à l’entretien d’embauche que justement ces creux, si trop récurrents, étaient insupportables à mon goût…

Elle a couru dans le bureau de mon autre boss pour lui dire, en gros, de remédier à ma problématique d’assistante qui a horreur de buller. Il m’a alors assurée que dès lundi matin, il m’assommerait avec une tonne de taf… Bring it on, baby, hit me hard !!!

Ce matin donc, après m’être échauffée tel une sprinteuse de haut niveau, j’ai allumé mon pc prête à en découdre avec ma boîte de réception pleine à craquer de directives en tout genre pour ma matinée censée m’assommer de taf.

Bon. Bah j’ai l’impression que je vais encore aujourd’hui en coincer une énorme, de bulle…

C’est nul, j’ai la patate après ce week-end passé majoritairement à… dormir. Faut croire que j’en avais besoin. Du coup, je me retrouve avec mes batteries chargées à bloc et pas la queue d’un truc à faire à part répondre laconiquement au téléphone que non, nous ne vendons pas d’autotests en direct.

Combien de temps je vais pouvoir tenir? Pffff

Toujours pas de news de Bradley. Il doit être rentré de sa mini-mission et avoir récupéré ses garçons…

Bref, un lundi morose malgré le retour du printemps.

TON GRAAL, C’EST MOI

« Mamie, tu ne pourras plus te battre si tu sais pas faire de judo ! »

Une autre brève sur le même trottoir, deux mômes sur leur trottinette s’adressant à une dame bien trop âgée à mon sens pour se rouler sur un tatami. Cette candeur m’émerveille de bon matin.

 

Mercredi 14 avril 2021 # SEMI-CONFINEMENT NATIONAL  J+14

La non-candeur de Bradley hier soir, moins. On a reparlé de ma lettre, de ‘nous’, de demain, de moi sur – je cite – cette ‘grosse daube de Meetic’… Je lui ai posé des questions directes auxquelles il a répondu en biais comme à son habitude, sauf que cette fois-ci, je n’ai pas lâché l’affaire et malgré ses ergotages à rallonges, j’ai finalement eu gain de cause. Non mais.

Il préfère être chez moi que chez lui. Je suis son plan A pour loger sur Paris. Il aimerait qu’on fasse du cidre ensemble un jour dans sa propriété, cidre pour lequel il me demande de garder les bouteilles vides des bières sans gluten que je m’enfile à longueur d’apéros. Et il voudrait une photo de mes fesses pour ses longues nuits de garde quand il part en mission. No comment.

Bref, pour lui, pas de doute : on est ensemble. Et à sa façon, tout en retenue et suavement passionné, il m’aime et a peur de me perdre. Il ne rue même pas dans mes brancards lorsque je lui pose cette perfide question :

–  Donc si j’avais un date Meetic un jour, que dirais-tu ?

–  Que cela ne te servira à rien car il n’y a que dans mes yeux que tu te sentiras HOME. Ton Graal, c’est moi.

Et moi manquant de m’étrangler intérieurement.

Il avance, le pépère, il avance… Il a même passé la quatrième, je ne m’y attendais pas. En jargon d’Eurovision « Bradley : ten points ! » et en jargon de Bichette en proie à un dilemme cornélien « Damned ! Esta la mierda ! » mais plus opiniâtre qu’une tique sur le museau d’un chien « J’irai quand même à ce date, j’ai besoin d’aller au bout du truc… »

J’ai donc tout soigneusement replié au fond de moi avec l’étiquette ‘A voir plus tard’ pour me consacrer entièrement à la tirade homérique que Bradley était en train de déclamer :

–  C’est vrai, je n’envoie pas cinquante textos dans la journée car je trouve cela stupide mais cela ne veut pas dire que je ne pense pas à toi. Je ne demande rien et je dis merci parce que je suis ultra-respectueux et je ne veux pas que tu penses que j’abuse mais toi tu trouves cela insultant car tu as l’impression que je suis un étranger. Je ne suis pas un étranger, ni un connard de sexfriend rencontré sur Meetic, je suis ton mec, point. Je sais que toi tu as besoin en ce moment de rencontres, de ‘babiller’ au téléphone, ça me fait chier bien plus que tu ne peux l’imaginer ! Tu fais partie de ma vie, j’ai besoin de toi, peut-être pas au point de ne plus respirer lorsque tu n’es pas là mais c’est bien le cas. Je me sens bien avec toi, je peux être moi-même et c’est primordial ! J’aime tout ce qu’on vit ensemble, on s’entend plutôt bien, non ?

–  Tu dois avoir soif, dis donc… Finis ta bière…

Je n’ai pas trop tilté sur le moment, occupée que j’étais à vivre l’instant, fidèle à mon modus operandi de ces derniers temps. Ce que je sais, c’est que c’était inattendu. Et j’aime ! Aussi, ce matin en y repensant et en y juxtaposant l’idée de mon date de demain soir, une résolution s’est faite mantra en moi.

Je vais laisser parler mon intuition et lâcher la bride à mon don. Je laisserai venir en moi le sentiment le plus fort, celui de me jeter à corps perdu dans les bras de Bradley ou celui de continuer ma quête du Graal par d’autres chemins…

Je ne vis plus dans l’espoir mais dans le ressenti immédiat. Et je me sens délicieusement bien. Dans ma vie, en général. Quand je vois tout le chemin parcouru en un peu plus d’un an à blogger en rond sur mes petits maux et grands malheurs, je ne peux que me réjouir de ce renouveau qui m’apparaît comme une bénédiction divine.

 

Jeudi 15 avril 2021 # SEMI-CONFINEMENT NATIONAL  J+15

–  Hey ! Toujours OK pour ce soir ?

–  Hélas non, je suis bloqué chez moi, je suis cas-contact…

Mais comment ça m’arrange, mon petit canard d’Apollon ! Deuxième faux-bond et t’aurais pu me prévenir avant, bref, allez, ciao.

Surtout qu’en plus, hier soir à table avec Bradley, le fameux sentiment a point naturellement en moi lorsqu’après lui avoir fait remarquer « C’est rigolo, pour la première fois j’ai l’impression que tu te sens chez toi… » il m’a regardée sans mot dire, une incroyable sérénité sur le visage.

Quelque chose d’indescriptible a flotté entre nous, comme un ange furtif, une sorte de grâce infinie, fortuite et pourtant légitime… La soirée, la nuit se sont déroulées dans une simplicité angélique. Sans compter qu’il était aux petits soins pour moi, sincèrement, sans ostentation ni démonstration par la méthode. Il était réellement attentif à moi et à mon bien-être, une première.

Ainsi, de savoir ce matin lorsqu’il est parti au régiment que je ne le reverrai pas avant dix jours ne m’a pas fait le reléguer aux oubliettes comme je le faisais avant à chacun de ses départs. Je dirais même que la tournure inattendue qu’a pris notre histoire commence à faire son chemin en moi.

Son upgrade, surtout, résonne dans ma tête : avant il m’appelait ‘Chérie’, aujourd’hui c’est ‘Mon amour’

Un à qui je me suis retenue de dire des mots tout sauf doux, c’est cet odieux personnage qui m’a balancé ce matin par téléphone au boulot :

–  Mais enfin, Mademoiselle, il ne faut pas sortir de l’ENA pour savoir ça !

–  Primo, je ne dispose pas de cette information. Deuxio, même si c’était le cas, je ne serais pas habilitée à vous la donner. Tertio, je ne vous permets pas d’être grossier.

Le « Go fuck yourself, you fat douchebag ! » n’était pas loin dans ma glotte mais j’ai eu la sagesse de le ravaler, ça la ficherait mal dans l’open-space. Et puis, j’ai quand même eu droit à du ‘mademoiselle’, donc…

Ah le boulot… Je me dis que finalement, je suis vachement bien payée pour buller les trois quarts de la journée, le dernier quart se remplissant sans grande conviction de quelques ‘urgences’ et du fameux suivi des Colissimo… Je m’ennuie donc comme un rat mort. C’est ce que je craignais.

Maintenant, j’en profite pour écrire. Et puis, y a pire comme situation, même si je ne peux m’empêcher de me demander ce qui est le plus embêtant : qu’ils me sous-emploient sciemment ou qu’il n’y ait effectivement rien d’autre au-delà du périmètre restreint de mon affectation ?

Comme j’en ai marre d’arpenter l’open-space avec ma pancarte « N’hésitez pas à me donner un truc à faire ! », j’ai décidé de rester maintenant à mon poste pour vaquer sans scrupules à mes occupations ultra-personnelles.

Comme de penser. Notamment à la situation de Mimine et Yang… Les montagnes russes de l’enfer, mais si encore ils étaient dans le même wagonnet tous les deux ! J’ai plutôt l’impression qu’ils vont entrer en collision frontale dans pas longtemps et je crains que l’un voire les deux n’en réchappent pas…

Pourtant, j’avais repris espoir mardi lorsque Mimine m’a appelée pour me faire part de sa prise de conscience et de l’énorme pas en avant qu’elle venait de faire, notamment en prenant la décision de consulter un psy. Sa voix avait changé depuis dimanche, je retrouvais le pep de ma cops, bon dieu que j’étais heureuse pour elle, pour eux !

Et pis hier, tard dans la nuit pendant que je morphéisais à donf, un texto de Yang que j’ai lu ce matin en me levant donc : « Soirée épouvantable ! Besoin de parler » … Et merde ! Bref, excuses pour mon raté en tant que BFF formulées et infos complémentaires engrangées, le petit cumulus sur lequel je les pensais tous les deux confortablement assis s’est transformé en un furieux cumulonimbus qui s’est mis à me pleuvoir dessus comme vache qui pisse.

En synthèse : pris au piège dans une spirale sans fin, les voilà entrés dans un dialogue de sourds qui commence à convertir leur incompréhension mutuelle en ressentiment acerbe… Ça sent pas bon, j’aime pas ça du tout !

Si je n’avais pas ma prairie en fleurs, je me noierais dans ce bourbier de mauvais pressentiments…

Allez, ce soir, je me fais une soirée-confinement rien qu’à moi, comme avant : danse, gym, tubage de cigarettes et crashage en vrac devant une série débile. Besoin d’abstraction.

LE COQ

« Ça sert à rien d’avoir des muscles si t’as pas de cerveau ! »

Une brève de trottoir attrapée ce matin sur le chemin du bureau. Qui me renvoie à Apollon qui a refait surface hier par un texto bien trop matinal pour un dimanche…

 

Lundi 12 avril 2021 # SEMI-CONFINEMENT NATIONAL  J+12

C’est même cela qui m’a tirée de mon demi-sommeil après avoir fermé les yeux à 7.00 du mat. en conclusion de cette longue nuit avec Mimine. Oh, Apollon… bah t’étais passé où ? En textotant dans mon lit, je pouvais entendre Mimine pleurer dans le salon. J’ai voulu aller la voir mais je me suis dit qu’elle avait peut-être besoin d’être seule. Bref, je me suis rendormie pour une paire d’heures.

Pas autant d’alcool que je l’aurais supposé hier soir, pas d’oblitération en tout cas. Au contraire. Malgré la fatigue qui s’est faite sentir à un moment donné, Mimine a eu le regard fixe toute la nuit et moi je suis restée droite comme un i à son écoute.

Mon dieu qu’elle souffre ! Et je ne peux rien faire pour l’en soulager, à part lui prêter mon oreille attentive. J’ai vécu ça, moi aussi, il y a 20 ans avec mon divorce d’avec Bradley. J’avais même retranscrit le cauchemar que je vivais alors :

… Tu sais, quand les murs t’écorchent le front à tel point que tu as l’impression qu’ils vont te rentrer dans la tête. Tu regardes autour de toi, tout est vide. En fait, les objets de d’habitude ont perdu leur aspect singulier, ils sont posés là, en suspens dans ce vide immobile, bêtes comme des objets sans âme autre que celle de leur utilité.

Et puis, ce bruit incessant dans la tête. Même la musique à fond, tu le perçois encore, comme un brouhaha piqué de longs hurlements. Les questions, toujours les mêmes. Pourquoi ?! Pourquoi ?! Pourquoi ?! Tu ne penses qu’à ça, tu ne peux que penser à ça. Tu te forces pourtant à penser à autre chose mais il n’y a rien à faire, c’est une vague qui revient te submerger inlassablement.

Et le sommeil… C’est bizarre, comment ça fonctionne : en d’autres circonstances, tu serais déjà écrasé de fatigue, vu l’heure, mais là, tes yeux restent invariablement grand ouverts dans le noir, et ça tourne, ça tourne, ça tourne comme une toupie et tu finis par avoir la nausée.

Les larmes ne se chahutent même plus, elles s’épanchent longuement sur ton visage sans prendre le temps d’être refoulées. Une force inconnue te grignote de l’intérieur. C’est elle qui te tient en éveil comme un jour de pleine forme. A tel point que lorsque le réveil sonne, tu sautes hors du lit, soulagé de ne plus avoir à continuer cette nuit sans sommeil. Tu regardes alors ton visage dans le miroir. Bouffi, délavé, tu ne vois plus de tes yeux que deux traces rougeâtres à la fixité quasi insoutenable.

Tu as beau prendre de grandes inspirations et chasser de la main toutes les pensées qui t’assaillent, celles-ci ne te lâchent pas et envahissent chacun de tes gestes, chaque intonation de ta voix.

Et les larmes reviennent, plus lourdes encore, elles se pressent dans ta gorge. Tu t’emploies à les retenir de ton mieux car tu as peur qu’en lâchant la bride, ton chagrin n’explose en te défigurant une fois pour toutes…

Et au tout petit matin, Mimine m’a demandé :

–  Andrew peut-il nous rejoindre pour bruncher ?

–  Bien sûr, je suis toujours heureuse de voir mon Yang ! Mais toi, ça va aller ? Pourquoi souhaites-tu qu’il vienne ?

–  Il me manque, j’ai besoin de le voir…

–  D’accord. Mais je te préviens, je ne fais pas l’arbitre !

Mais sitôt Yang arrivé, j’ai compris que ce brunch ne serait pas décontracté et convivial comme il aurait dû l’être. Mimine s’est carapatée dans la salle de bains où Yang est parti la chercher pour passer à table. Et là, ce fût le drame.

Les cris, les sanglots. Ceux de Mimine. Et malgré la porte fermée, la tension était palpable du salon où seule à table, dépitée mais surtout malheureuse pour eux, j’ai attaqué mon brunch. C’est là qu’Apollon m’a appelée.

Je lui raconté succinctement la situation dans laquelle je me trouvais qui expliquait mes chuchotements, l’appel n’a donc pas duré très longtemps. Mais… Mais… Pff… Comment dire ? Bah on a pu échanger un peu et c’était ma foi très agréable.

Et à la question fatale, la spontanéité de ma réponse m’a faite glousser comme une dinde intérieurement :

–  Ça te dit qu’on se voit ?

–  Oh oui !

Même pas trois secondes de réflexion, c’est sorti comme ça. Les vapeurs éthyliques de la veille ne se seraient-elles pas complètement dissipées ?… Bref, lorsque j’ai débriefé Yang revenu enfin dans le salon, l’excuse aux lèvres et Mimine sur les talons, il s’est écrié ‘Mazeltov !’ et s’est attelé à me cuisiner en bonne et due forme, ce qui a eu pour effet de faire redoubler mes gloussements.

Mon petit Yangounet qui a pris son rôle de BFF tellement à cœur, même dans la situation dramatique et ubuesque dans laquelle il s’est retrouvé noyé jusqu’au cou… Il a même eu la force et la futilité de feindre une jalousie de coquelet lorsque je lui ai donné la fiche signalétique de l’oiseau Apollon :

–  Maître-nageur et prof de taïchi, plaquettes de chocolat, musicien accompli, beau comme un soleil…

–  Euh moi aussi je fais du sport et j’apprends la guitare quand je veux ! Finalement, je suis moins pour que tu le voies parce que tu vas nous comparer…

–  Mé non. Et toi aussi tu es beau comme une Rolls mais je ne t’envisage pas comme ça !

Le regard glacial de Mimine, mortifiée jusqu’aux os et ses mots comme un couperet :

–  Tu es prête à trahir Bradley ? Parce que c’est ça, non ?

–  On parle juste de se voir, tu sais…

–  D’accord. Du moment que tu en assumes les conséquences.

–  J’assume de vivre l’instant sans préjuger d’une suite quelconque. Avec Bradley comme avec un autre.

Et ce coquelet de Yang qui renchérit :

–  Mais dis donc, je croyais qu’intellectuellement, il ne te remuait pas la petite cuillère, l’Apollon ?

 –  Bah pour en être sûre, il faut qu’on se voie. Appelle ça une enquête-terrain !

 –  Pff il est trop parfait ! C’est sûr, y a un vice caché…

 –  You’re talkin’ to me ?! Avec le don que j’ai, tu ne crois pas que je saurai de suite de quoi il en retourne ?

 –  C’est vrai. Allez je me tais.

Le brunch s’est terminé dans une relative quiétude et Yang et Mimine s’en sont retournés. J’ai eu mal rien que de penser au retour dans leur huis clos mortifère. Je les plains vraiment. Déjà il y a un an, je préférais l’enfer que je vivais avec ma mère au leur. Horrible.

 

Un brin de ménage, deux lessives étendues, mes affaires du lendemain préparées – inauguration de ma flambante-neuve lunch-box incluse – et je me suis enfin posée. Trop fatiguée après cette quasi nuit blanche pour réfléchir en profondeur, je suis néanmoins parvenue à m’interroger sur ce match au sommet ‘Bradley vs Apollon’.

Que Mimine le passe au travers de sa moulinette des plus tranchantes en ce moment, c’est une chose, mais n’aurait-elle pas raison quelque part ? Pourquoi ne ressens-je aucune culpabilité ? Pourquoi me moque-je des éventuelles ‘conséquences’ de mes actes ?

Ce soir, je vois Bradley. Il vient me chercher à la sortie du boulot sur ma demande ce matin. Je suis super heureuse de le voir et aucune dualité ne vient effleurer ma conscience. Je ne dois pas être normale.

Et aucune hésitation hier soir à envoyer un texto à Apollon pour un date jeudi soir.

J’entends déjà Nénette ronchonner.