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LE TRIANGLE DES BERMUDES

  • Alors KG, quand est-ce qu’on boit un verre pour ton anniv’ ?
  • Bah mardi prochain ?

Hier midi à la cantine. La bande de soiffards « Euh on peut pas, c’est la St Valentin… » et KG se retournant vers moi : « On s’en fout, hein Bichette ? »

 

Samedi 11 février 2023

Chaque février, c’est le triangle de l’enfer pour moi. Mon cœur se brise le 10, se fige le 14 et vole en éclats le 17. La mort de Papa, mon jour de poisse intégrale et l’anniversaire de rencontre de Walter.

Chaque année durant cette semaine-là, je meurs un peu plus. Mes cheveux aussi, d’ailleurs. Une palanquée de cheveux blancs apparait toujours à ce moment-là. Bon, cette année, vive le Full Dark de Schwarzkopf.

Pour autant, j’ai l’impression aujourd’hui que ça va bien se passer. Pour une fois. Car j’ai désormais plein de bonnes choses dans ma vie qui me donnent la force nécessaire pour affronter ces trois jours sans partir complètement en sucette.

Un super job, une aisance financière retrouvée, des voyages, de nouveaux amis et… plus de coloc !

Le déménagement de Shushu s’est d’ailleurs excellemment bien passé, le week-end dernier. J’ai cru de prime abord qu’on allait en baver force 12, au vu de ma forme proche de celle d’un lamantin en fin de vie, mais les 2 guronsan et les 3 ibuprofènes aidant, j’ai ma foi bien dépoté.

J’ai même pris la Place de l’Etoile trois fois comme une chef ! Personal challenge, moi qui abhorre de conduire dans Paris, que j’ai relevé avec brio. J’ai bien tenté de passer le volant à Yang mais son aversion relève, quant à lui, de la phobie.

Et dimanche dernier, je ne pouvais plus bouger : une grosse semaine au boulot, des nuits d’à peine 5 heures, un déménagement et un ménage Armageddon auront eu raison de l’entièreté de mon squelette et de mes muscles, déjà bien bousillés par la fibromyalgie.

Mais lundi matin, ça allait mieux et hop dans l’avion pour la Finlande pour le Strategic Summit ! Séjour trop court pour que j’en profite et à vrai dire, ma venue était, je pense, superflue. Cela dit, c’était bien que je puisse mettre un visage sur les noms et rencontrer en personne les gens avec qui je corresponds tous les jours.

Et le dîner où le big big big boss s’est installé juste en face de moi, comment dire, bah c’était ouf. Très décontracté, le Texan, en dehors du taf. Il m’a branché bien sûr sur les US, je lui raconte ma première fois aux US et le voilà qui se lève et qui se met à crier à la cantonade :

« Hey guys, Bichette is incredible, when she was 20 she tried to hitchhike from Tampa Bay to LAX to become a rock star!!!”

Euh… Bref, autant dire que je suis dans ses petits papiers désormais. Ça sent bon le CDI dans pas longtemps.

A ce dîner, j’étais assise aussi à côté de SL, le Directeur des Opé worldwide. Il y a eu, comment dire, comme un mini-coup de foudre entre lui et moi… Il ne s’est rien passé mais la connexion a été plus qu’évidente. On va se revoir, prochainement j’espère. Il est basé à Manchester, c’est toujours mieux que San Diego.

Donc, deux petits jours en Finlande où, par ailleurs, il faisait un froid de loup (j’ai failli en perdre mes oreilles) et hop de retour mercredi pile-poil pour ma grosse soirée avec mes ex-collègues. On était 17 dans mon appart qui, du fait du départ de Shushu, a pu retrouver sa capacité et son âme de haut-lieu de fiestas.

Qu’est-ce que c’était bon de tous les revoir ! Je leur manque cruellement, selon leurs dires, moi aussi, ils me manquent ; malgré que cela se passe très bien avec tout le monde à mon nouveau taf, je n’ai pas les mêmes liens que j’avais avec eux.

C’est peut-être à cause de mon poste, je suis Manager maintenant… Je n’ai certainement pas pris la grosse tête mais j’imagine que les gens ne s’adressent pas à moi de la même façon que si j’avais été une simple trouffionne. Et pis, ça ne fait que deux mois.

 

Bref. Ces quinze derniers jours auront été pour le moins hauts en couleurs, épuisants par l’enchaînement mais c’est de la bonne fatigue. J’ai beau avoir tuit-tuit ans, une fibromyalgie dans le coco et des cheveux blancs camouflés, bah j’ai encore et toujours la patate.

C’est pour ça, je l’attends de pied ferme, ce triangle des Bermudes.

SHUSHU FAIT SES CARTONS

  • Alors, on te déménage où, samedi 4 ?
  • Je ne sais pas encore, il faut que je visite…

A peine rentrée que Shushu m’a gonflée. Mais elle a dû voir à ma tronche qu’elle allait devoir se mettre un sérieux boost aux fesses.

 

Samedi 28 janvier 2023

Mardi matin donc, à peine arrivée qu’elle m’a mise en boule. Déjà, elle ouvre en grand les fenêtres alors qu’il fait -10 dehors, elle me flingue une éponge avec le liquide saumâtre de sa gourde, et surtout, elle reste complètement évasive quant à ses plans de déménagement.

  • Je n’ai pas eu le temps de regarder ça à Taïwan, je n’ai pas arrêté de bouger avec ma famille, tout ça, mais je vais voir dès que j’ai le temps… Et je pourrai garder la clé de la boîte aux lettres pour voir si mon papier arrive ?
  • Bah non. Dès que je reçois un truc pour toi, je te le dis, c’est tout.
  • Sinon, j’ai une amie qui a une voiture qui peut venir aider mais pas le 4, je peux laisser des affaires et je repasserai plus tard ?
  • Non plus, non.

Le bouchon, toujours plus loin, Maurice ! Bref, m’en suis retournée à mes pénates, furibarde. Comment j’aurais aimé lui voler dans les plumes. Mais je ne suis pas comme ça, je déteste le frontal. Toutefois, c’est clair et net, si le 4 février elle n’a pas d’adresse où bouger, je mets ses affaires sur le palier. Et s’il faut qu’on se collette alors, on se collettera.

Mais, ô miracle, elle m’a annoncé le lendemain qu’elle allait visiter un appart dans le 17e. Bon, c’est cher selon elle et pas en bon état. Pas gagné, cette affaire… Mais bon, elle s’est quand même mise à faire ses cartons. Et surtout, elle n’a pas réinvesti la cuisine en sortant ses affaires que j’avais mises dans sa chambre et donc, elle ne cuisine plus ses trucs qui schlinguent !

Et hier soir, elle était en train d’empaqueter ; elle m’a dit qu’aujourd’hui elle bosserait toute la journée (elle remplace celle qui l’a remplacée quand elle est partie à Taïwan) mais qu’elle continuerait ses cartons le soir et demain dimanche. Bonne idée.

Tu ne m’en voudras pas si je ne t’aide pas, hein, car je suis morte de ma semaine ultra chargée au taf. Et pis j’ai pas envie.

SUMMIT A ESPOO

« Terminus, tout le monde descend ! »

Je regarde ma montre : 19 heures pétantes. Ça rigole pas, les grévistes de la RATP.

 

Samedi 21 janvier 2023

J’ai eu peur de devoir me taper le reste du trajet à pinces, mercredi soir. Heureusement qu’un non-gréviste a repris la rame, merci pour mes pieds, mec.

La grève, comment dire ? J’entends le truc mais qu’est-ce que ça fait chier ! Sans oublier que c’est ce qui a cloué au pilori notre restaurant fin 2019. Bon, ils remettent ça le 31. Merci le télétravail.

A propos du restaurant, Kevin au début du mois m’a mis un gros taquet dans le nez. Je ne m’y attendais pas car nos derniers échanges étaient jusque-là plutôt cordiaux…

  • Hello, bon ok pour le versement. A part que j’ai  l’impression que te concernant je me fais bananer,  pas volontairement de ta part. Mais j’ai quand meme le sentiment de me faire avoir de devoir rembourser intégralement le prêt de ta mère. On était associé chacun donc meme pas moimoit.  C’est ton héritage ok.

 Mais c’est aussi toi qui a decidé de demander une ralonge. C’est quand meme toi qui avais la main sur les comptes. Qui a fait faire une rallonge pour survivre. On va pas refaire l’histoire. Mais c’était entre autre ton choix. Je subi encore tes choix. Donc en grand seigneur je vais te rembourser mais j’ai qd meme l’impression d’étre le cocu dans l’histoire. ne t’inquiete pas, tu aura mon remboursement intégral de l’argent de ta mère.

C’est pour ca que je t’avais pas répondu ces derniers temps. Je suis pas faché ni en colere mais bien décu…. toi tu as rien contracté, c’est sur. Donc ca c’est mon point de vu. Qui n’est pas le meme que toi, mais chacun vois aussi ce qui est juste pour soi.

J’ai mis beaucoup de temps a me remettre de tout ca, de notre presque relation, ton coté dirigiste, de ce restau qui n’a jamais été le miens en fait…. ca a faillit me détruire tout ca. Professionnellement et personnellement. Je ne peux l’oublier mais je veux avancer dans ma vie. Donc je vais pas me brouiller pour ca mais au moins je te dis ma facon de voir et penser les choses, meme si tu t’en carre. On va dire ca paye ma liberté. Donc les versement seront fait sur le compte du CA.  

Pour info j’aimerai que tu me fasse parvenir le aussi le cadencier du prêt perso savoir combien de mensualité on dois encore. Que ca aussi je vais voir comment faire pour le solder a un moment donné si je peux.

  • Je ne m’attendais pas à ça. La somme que tu dois à ma mère, c’est à mon frère que tu la dois, car ma part est perdue, on va dire. On devait à ma mère 27.500 € en tout, donc non, tu n’es pas banané, les 13.750 représentent bien ta part, moit-moit. Et je ne parle pas des meubles de ma mère que tu as donnés en échange de tes impayés de loyer. 

 Moi aussi, j’ai eu beaucoup de mal à me remettre de tout ça. Je comprends tes griefs, le mien vis-à-vis de toi est que je ne t’ai jamais senti concerné, je le constate à nouveau aujourd’hui. Tu penses que je suis la seule responsable de ce désastre de restaurant et donc que je suis la seule à devoir en payer les pots cassés. On avait parlé de nos dettes, de comment on allait gérer cela, on avait parlé des montants et tu les remets en question…

Alors, je suis tout ce que tu veux mais certainement pas malhonnête. Ne continue pas sur cette voie-là parce que c’est très moche.

Mais comme tu dis, on ne va pas refaire l’histoire, le passé est le passé, toi comme moi devons avancer.

As-tu des news sur la possibilité d’effacer notre dette BPRI?

Pour le prêt perso, il reste un peu plus de 3 ans (docs ci-joint), moi aussi j’aimerais bien solder ça dès que possible. 

Porte-toi bien.

La mégère de service, c’est moi. Pas de souci. Même si je pense avoir évolué, le fond est là, je le sais, c’est même ce qui m’a à plusieurs reprises faite m’interroger sur ma capacité à vivre en couple. Bref, qu’on me targue de harpie mais pas d’escroc. Sean peut en témoigner.

Qu’il me recolle la tête dans son pot de pus comme ça, le Kevin, ça m’a bien étrillée. Moi qui ne veux que regarder devant, j’ai du mal avec de tels relents du passé non-digérés. Mais bon, je n’ai pas eu trop le temps de m’appesantir à cause du taf, et c’est tant mieux.

 

En parlant de taf, ça y est, c’est officiel, je vais voyager, yeepee !!! Déjà, dans deux semaines je vais à… Espoo en Finlande ! Mi-mars je vais à Aix-en-Provence et en mai probablement à San Diego ! Hé oui, je suis la nouvelle mascotte de mon boss qui tient à me présenter à tout le monde dans le groupe hahaha !

Bon, je ne vais pas faire du tourisme, hein, mais c’est chouette quand même. Quoique, si j’avais su plus tôt pour Espoo, j’aurais posé 2-3 jours à la fin du Summit pour aller voir les fjords et les aurores boréales…

DRY JANUARY

  • Quoi ?? Un godemichet à 200 balles ? Mais c’est grave pas les prix ! T’as encore du saucisson ?
  • Ouais. Bon, tu vas le faire, le projet de Jean-Luc ?
  • Ah non, je danse pas le cul à l’air dans un champ de marguerites à moins de 1500 balles !

Brève de métro. Un danseur-gay donc et une nana au sac Yves St Laurent (faux, de son aveu) d’où elle sortait des sachets de snack-saucissons tout en partageant au goulot une bouteille de champagne Rothshild achetée 14,90€ à Monoprix.

 

Vendredi 13 janvier 2023

La décadence à l’état pur. Et à l’accent pointu, faussement gaucho. D’aucuns adoreraient parce que c’est décalé, ultra-tendance, moi, j’exècre. Surtout que les relents de sauciflard et de champagne premier prix, bah ça me lève le cœur. J’aurais dû leur vomir sur les pieds, à ces deux-là.

Ah le métro. J’en vois passer, des olibrius, j’en entends, des inepties. Remarque, ça me fait passer le temps car qu’est-ce que c’est long, ces 80 minutes par jour ! Heureusement que je peux parfois télé-travailler, sinon, je crois que j’aurais déclaré forfait.

Surtout que j’ai un sacré bardas à trimballer, entre mon ordi, ma paperasse, ma boîte à lunch… Nonobstant la sacoche à roulettes, bah ça me tire sur toutes les articulations. Pas facile, la vie d’une executive-woman fibromyalgiée.

Et donc, janvier au sec. Pas par décision, c’est plus un manque d’occasion. A part un verre avec Cameron dans le bar-restau brésilien où était censé se tenir la x-mas party de mon entreprise que je suis allée voir en éclaireuse…

Censé car les grèves annoncées semaine prochaine nous ont forcé à l’annuler ! Et au vu des agendas de tous, on n’a pu la rebooker que mi-mars. Très drôle, une soirée de Noël au printemps.

Annulée aussi la soirée avec mes ex-collègues pour la remise des cadeaux Secret Santa, pour les mêmes raisons. Doodle et hop, on a replanifié pour le 8 février.

Janvier va donc être décidément sec jusqu’au bout !

Yep, pas d’after-works, pas de petits godets jetés derrière la glotte avec Yang, nada. Parce que le métro-boulot-dodo n’aura jamais été plus avéré pour moi. Je me dédie à 100% à mon poste qui commence à bien se construire. J’ai pris quelques marques déjà et même si je galère encore dans mon Cluedo quotidien à trouver les bonnes infos auprès des bons interlocuteurs, je pense saisir un peu mieux la photo globale. Pas encore à mon plein potentiel mais j’ai bon espoir pour bientôt.

Et qu’est-ce que c’est agréable de ne pas être traitée comme une bonniche décérébrée et d’avoir un vrai job avec de vraies responsabilités ! Bon, je suis morte tellement j’ai de taf mais ça me plaît, je ne regrette en aucun cas ma décision. Et ma première paie venant de tomber, je ne peux que plussoyer.

 

Tiens, des news de Shushu. J’ai bien fait de la relancer.

  • J’espère que les fêtes se sont bien passées et que tu es heureuse de revoir ta famille.

 Tu me diras quand tu reviens, le 23 ou le 24 et vers quelle heure pour savoir si je fais du télétravail car tu n’as pas les clefs pour rentrer.

Et tu penseras à faire le virement du demi-loyer de janvier, soit €300 + les 4 jours de février €80, total €380, merci!

Pour ton déménagement du 4 février, je devrais avoir des amis (avec des voitures) pour nous aider, ce sera plus facile et plus rapide.

Profite de ton séjour, à bientôt.

  • Le sejours ici sont occupé par les rdv avec ma famille et les amis. Excuses moi pour le retard mais je pense à faire le virement cette semaine. 

Pour la recherche j’ai vais choisir entre plusieurs pistes que j’ai eu en ce moment, peut être une coloc dans le 94 ou alors un autre dans Paris, je suis en train de négocier. (si c’est au fin fond du 94, tu penseras à payer l’essence)

Pour la date du ce we la début février, Au début je pensais remplacer mes cours en Eure samedi (la partie que je dois remplacer moi même à mon retour) Peut être samedi ou dimanche qu’est ce que t’en penses ? 

Sinon j’essaie de recaler avec mes élèves. (oui, fais ça)

Je prends l’avion le soir du 23 de Taipei et arrivée prévue au matin du 24 mardi. 

Comme j’ai les cours mardi pm, je devrais rentrer mettre mes valises avant de repartir vers Val de Reuil en Normandie, Dans ce cas là peut tu être là ce matin là ? 

J’espère qu’il n’y aura pas de souci pour rentrer, je te tiens au courant. Passe une bonne début de 2023.

  • Mon amie arrive le samedi 4 février au soir… (gros mytho, merci Sarah-Jane !) Et OK je serai là le mardi 24 janvier, pas de souci. Passe un bon séjour !

 

Jusqu’au bout elle aura cherché à négocier ! Du coup, ça m’a gonflé, j’ai mis en carton toutes ses affaires éparpillées dans l’appart. Qu’elle comprenne bien en rentrant que l’incruste, c’est fini.

J’ai hâte ! Et rien que de penser à ce dernier week-end en tête-à-tête le 28-29 janvier, ça me tord les boyaux. C’est passé au stade de l’allergie, ce truc-là. On ne m’y reprendra plus. Si un jour je ne peux plus payer le loyer, pas de coloc, je déménage.

PETABYTES

Mais aussi exabyte, zettabyte, yottabyte et brontobyte. Nouveaux mots dans mon vocabulaire qui me font hurler de rire. Merci, Sean.

Vendredi 30 décembre 2022

Sean que j’ai vu donc la semaine dernière. Deux fois. Comme il était de passage à Paris pour le boulot, on s’était dit que ce serait bien de se revoir. Du coup, rassemblement du Scoobigang originel dans un restau argentin (juste après la Coupe du Monde, fallait bien montrer que l’on n’était pas si mauvais joueurs que ça hahaha).

Ce fût étrange et pourtant formidablement réconfortant de tous nous retrouver comme au bon vieux temps. Cette complicité évidente qui a toujours été notre ciment, est revenue en une fraction de seconde, comme si l’on s’était quitté la veille. Et les rires ! A s’en faire péter les côtes. Au sens littéral pour moi, vu que j’avais déjà bien morflé à cause de la toux de ma grippe.

Et Sean et moi avons fait une redite le lendemain soir. On a beaucoup parlé. De sa vie, de la mienne. Evoqué aussi des souvenirs de notre vie ensemble… Puis, tout naturellement, on s’est remis à échafauder les extravagants projets purement théoriques dont nous seuls avions la patente, des discussions qui, à l’époque, pouvaient durer des heures, voire des jours…

« Si tu lâches une patate et une fourmi d’une hauteur de 10 mètres, pourquoi la patate s’écrabouille en touchant le sol et pas la fourmi ? » Ce jour-là, j’avais appris les notions de densité, de masse et de vitesse. Puis est venue la valise auto-propulsée sur coussin d’air. Et la poubelle qui s’auto-trie. Et le sac-à-mains lévitant qui nous suit partout grâce à une puce GPS. Bon, pour tout ça, y en a qui appellent ça un boyfriend. No comment.

La semaine dernière, on s’est mis sur le projet de recycler sans polluer les cartes électroniques des téléphones portables. A part en œuvres d’art, rien de probant n’est sorti de notre conversation. Mais bon, ça nous a bien tenu deux heures, avec certes, digression à tout va. C’est comme ça qu’on en est venus à parler fibre optique de la mort et des milliards de milliards de bytes qui voyagent dans une fibre plus fine qu’un cheveu, les fameux petabytes…

J’ai toujours aimé ces conversations pas si décousues que ça, ces brain-storming d’où parfois fusent des idées pas si bêtes. Sean, ma caution scientifique, mon garde-fou, d’un optimisme placide, un brin utopique et pourtant si pragmatique : merci d’avoir à nouveau élargi mon champ de pensée.

Merci surtout d’être venu et d’être en quelque sorte encore là pour moi.

 

15.00. Autant hier j’ai bossé un peu en remote, autant aujourd’hui c’est mort de chez mort. Pas un mail, pas un Teams, pas même un bip de mon agenda. Bon, ça m’arrange, je vais pouvoir préparer tranquillement les festivités de ce week-end. Qui commence ce soir.

J’ai ressorti mon vieux concept du SRF (Sans Réveillon Fixe) de derrière les fagots où il prenait la poussière depuis des lustres, en parlant réveillon avec Mimine la semaine dernière au restau argentin. Mais tout s’est décidé bah hier. Branle-bas de combat mais surtout : quel thème pour ce réveillon de dernière minute ?

« Cooking the less possible » semble nous plaire à l’unanimité. Mais dans les faits, va-t-on vraiment oser les frites au four Mac Cain, les huîtres gratinées Picard et la salade de fruits St Mamet ?…

Du coup, on en parle ce soir et demain matin on fait le marché ensemble. Sounds like a plan.

J’avoue, j’ai émis au début quelques réserves sur le fait de passer le réveillon, censé être festif, en tête-à-tête avec Yang et Mimine. Pas envie de me retrouver au milieu du champ de tir s’ils décident d’ouvrir les hostilités, comme cela a été un peu le cas la dernière fois qu’ils sont venus dîner à la maison en avril dernier. Je m’étais retrouvée bien embêtée entre les provocations délibérées de Yang et les ripostes cinglantes de Mimine, je ne savais pas quoi dire ni quoi faire ni où me mettre.

Ils ne vont toujours pas bien. Je dirais même que c’est pire, style guerre froide mais bouillante derrière leurs semblants de barricades respectives. Enfin, de ce que m’en confie Yang. Parce que je n’ai pas trop eu de communications avec Mimine depuis un bail, à part la semaine dernière.

Bref. J’en ai touché trois mots à Yang qui m’a promis qu’ils allaient bien se tenir. Je l’espère, pour tout le monde. Mais malgré cela, je suis heureuse de les voir. J’étais partie pour réveillonner comme à Noël, c’est-à-dire en boule devant la télé, mais la perspective de festoyer comme tout le monde me plaît bien finalement.

Comme ça lundi au bureau, quand on me demandera comment s’est passé mon réveillon, au lieu de dire « Bah… pourri » je pourrai me targuer de ce dont tout un chacun se targue un 2 janvier : « Super ! Trop mangé, trop bu, j’suis morte ! »

 

Bon allez hop, je vais faire la chambre des invités. Dans le fourbi de Shushu. Ah Shushu… Depuis qu’elle est partie y a 10 jours, comment dire, je respire, je revis ! Je rentre le soir et je retrouve tout comme je l’ai laissé en partant le matin et quel bonheur, plus d’odeurs d’oignon, de poisson pourri ou de punaise écrasée !

Je redoute son retour. Surtout qu’on a échangé quelques propos un peu amers juste avant qu’elle ne parte, moi :

  • J’ai l’impression que tu ne te rends pas compte que tu vas devoir partir bientôt. Tu rentres de Taïwan le 23-24 janvier, cela te laisse une semaine derrière pour faire tes cartons… D’ailleurs, je vais commencer à emballer quelques-unes de tes affaires pendant que tu seras partie, j’espère que tu n’y vois pas d’inconvénient.
  • Tout d’abord merci pour ton accueil pendant ce temps-là, ça m’a bien dépanné pendant le 1er trimestre. Peut-être par manque de places communes dans l’appart, tu n’es pas à l’aise avec une coloc…et moi je n’ai pas senti très à l’aise de l’ambiance des fois… (tu l’as dit, bouffi) en tout cas c’est la première fois tu fais la colocation donc grand merci pour ton effort. 

       Ce dernier temps, je suis totalement dans l’énergie de concerts et des élèves, d’ailleurs je suis toujours         en préparation pour mon absence un mois, maintenant pour mon départ le 21, depuis 4 ans c’est               énorme, en plus avec le stresse de l’administration….tu peux imaginer, je n’avais pas assez de temps           et d’énergie de commencer les cartons. Je vis dans le présent… (pas dans le mien, hélas)

       Merci d’avoir proposé de l’aide. Mais, par réponse à ton message, je ne sens pas à l’aise à l’idée que           tu vas faire les cartons ici sans mon présence, j’essaierai au maximum à mon retour de ranger et               trier,  je préfère que tu ne touches pas et rangerai mes affaires, ça prendra un peu de temps. 

      En fait, à mon retour je dois encore faire des cours et remplacement jusqu’aux les vacances scolaires          d’hiver commencera vers le WE du 11 février, j’espère tu pourras me laisser un peu plus de temps,                comme j’ai bien expliqué il y a un mois.  Notre rythme dépends vraiment de calendrier scolaire                    (surtout zone B).

       J’attends toujours une réponse de la part d’une amie qui proposer une sous location mais je dois la            relancer, elle est en voyage au Brésil avec son fils en ce moment. J’espère pouvoir passer de temps              l’esprit tranquille ce mois-ci car j’ai vraiment pas mal de stresse ce dernier temps. Je te souhaite                  bonne semaine et santé et beau temps pour cette période. 

  • Je comprends. Mais mon amie emménage le week-end du 4 février, on était d’accord sur cette date que je ne peux pas repousser. Si tu n’as pas de solution d’appart d’ici là, il faut penser au garde-meubles en attendant. Donc on vise le samedi 4 février où je pourrai bien sûr te déménager. Je n’emballerai pas tes affaires, entendu, mais je rassemblerai les affaires de la cuisine dans ta chambre, tu feras comme tu veux en rentrant. 

Non mais oh. Je sens bien qu’elle va rentrer et faire comme si de rien n’était jusqu’au dernier moment… Mais si le week-end du 28-29 janvier je ne la vois pas faire ses cartons, je vais lui ruer dans ses brancards. Punaise, je vais compter les jours !

 

Tiens, allez j’ouvre les paris du nombre de messages de Bonne Année que je vais recevoir. Chaque année, le nombre baisse, 2 ou 3 l’an dernier je crois. Je me plains sans me plaindre, car je ne suis pas une serial-textoteuse du Nouvel An. Mais bon.

Bradley peut-être ? Il en serait capable. Je ne sais pas quand on va se revoir lui et moi, SI on va se revoir déjà et j’avoue que cela me passe un peu au-dessus des oreilles. C’est ça, foncièrement je m’en fiche. J’en ai parlé il y a deux semaines à Nénette qui m’a répondu avec sa gouaille légendaire :

  • Mais il a toujours été comme ça, Bichette ! Déjà il y a 20 ans, il s’est barré, il est revenu, il s’est re-barré, bref, dès qu’il sent les contraintes, il fuit. Allez hop hop hop, next ! Alors y a de la chair fraîche à ton nouveau taf ?
  •  Euh… voui… Un surtout, très beau mec, très sympa, batteur dans un groupe de métal, du coup on parle beaucoup zik tout ça, mais y a 2 problèmes…
  •  Quoi ? No zob in job ?  
  • Non, enfin oui, mais non. Le premier problème est qu’il s’appelle Kevin pour de vrai.
  • Oups.   
  • Et le deuxième problème, c’est qu’il a 30 balais à tout casser !

Yep. De la chair bien trop fraîche pour Bibi. (sigh)

 

Du coup, je sens que je vais bien galérer demain soir et pour mon bilan 2022, et pour mon prévisionnel 2023. Et au lieu des bonnes résolutions de circonstance, si, comme le suggère Mimine, on ne disait qu’un seul mot ?

Vais-je oser « petabyte » ?…

PULL DE NOËL

« Comment c’est trop dommage que tu ne puisses pas être là, Bichette… »

Je sais. J’avais même prévu le pull de Noël.

 

Dimanche 25 décembre 2022

La raclette de Noël géante au bureau le 14 décembre aura donc eu lieu sans son organisatrice, clouée au lit par la grippe.

Clouée est vraiment le mot. Terrassée. Je m’en remets doucement aujourd’hui, deux semaines plus tard quand même, autant dire que j’ai bien morflé. J’ai même cru que j’allais y rester.

Ce n’est pas tant les symptômes dits classiques de la grippe, fièvre-toux-courbatures-mal de tête, mais les symptômes dits périphériques qui m’ont anéantie : malaise vagal, souffle court, mal de ventre, remontées acides, vomissements…

Trop bizarre : ça a la couleur du Covid, ça a le goût du Covid mais ce n’est pas le Covid. Dixit les 10 autotests sans l’ombre d’un doute.

Bref, j’ai pu recommencer à manger au bout d’une semaine, et encore, mais j’ai perdu le goût et l’odorat donc quoique je mange, ça a le goût et la texture de carton. Et en permanence un goût amer dans la bouche extrêmement désagréable… Fini le café, tant pis pour mon perco flambant neuf… Et les trucs trop gras repartent immédiatement. Fini les œufs mayo !

Certains diraient que c’est le régime idéal juste avant les fêtes. Mouais.

Donc grippée force 12 mais pas d’arrêt de travail, j’ai passé ma deuxième semaine de boulot bah chez moi en remote. Pas le choix. Mais vraiment pas facile. Alternance de 30 minutes de boulot et d’autant de roulage en boule, semi-consciente… Et je suis retournée au bureau lundi dernier.

J’ai donc loupé la raclette de Noël et… la remise des cadeaux Secret Santa ! On m’avait attribué un nom avant que j’arrive avec les tips qui vont bien, j’ai donc acheté la première suggestion de Google aux mots-clé « geek socks » :

Du coup, j’ai envoyé une photo et il a adoré ! Au point de vouloir lancer une journée chaussettes au bureau hahaha !

Et moi, j’ai eu un candle snuffer en grès en direct du marché de Noël à Helsinki, la classe internationale !

 

10.35. Des news de Joan à l’hôpital depuis jeudi : elle va un peu mieux mais elle n’est pas prête de rentrer… Infection pulmonaire, grippe, on ne sait pas trop et dans leur désert médical, aucun médecin n’était dispo alors direction les urgences.

Miles a décommandé notre réveillon depuis mardi déjà pour cause de grippe à l’unilatéral. Sarah-Jane s’est isolée comme elle a pu car elle part à Singapore dans peu de temps, mais la grippe quand même. Et ça s’est aggravé pour Joan. J’en ai fait des cauchemars cette nuit !

Comme Noël, on a vu mieux. Même si pour moi, je ne le fête plus depuis que Maman est partie, je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi pourri. Pour moi, pour les gens que j’aime…

Message de Zane il y a quelques jours :

“So before Lewis arrived home, I sent him a text to let him know about the divorce. He never replied but was speaking with someone close to us both and basically he said he wants to destroy me. Which is great considering he used to love me, right? So I am just taking it in stride. He said he wants to drag things out as long as possible, take half of everything I have… it’s actually reaffirming my decision to leave. I am so sad it is ending like this but I do hope that one day we can be friends again, if nothing else and if for the sake of little Kayleen!

So the next days will be difficult… Thank you so much for asking.”

Je suis tellement triste. J’aimerais tant être auprès d’eux, les serrer dans mes bras et leur donner de la lumière. Pas de la mienne car les niveaux sont plus que bas, mais je peux en invoquer ?…

 

Allez, je vais finir ma trilogie de Noël. D’habitude, c’est Lord of The Rings, cette année je fais une variante, The Hobbit. Envie de changer d’univers.

METRO-BOULOT-APERO

« C’est bientôt Noël ! Et on a pensé à vous et à vos proches. Sosh vous offre jusqu’à 350€ de remise immédiate sur une sélection de smartphones… »

Plus la peine, j’ai un iPhone13 maintenant. Révolution.

 

Vendredi 9 décembre 2022

Je me suis vite empressée de le dire lundi soir à mes copains de l’avant-taf, eux qui voulaient ouvrir une cagnotte en ligne pour me dé-dinosauriser, cagnotte à laquelle auraient participé sans l’ombre d’un doute Yang, Zane, Bradley, voire même Toto…

« Comment ça va te changer la life !!! »  « Mais il va te falloir une formation ?!? » «  Whatsapp !!! Whatsapp !!! Whatsapp !!! » « Balance une photo, on n’y croit pas !!! »

On se calme. Faut déjà que je sache comment allumer le bordel.

Oui, lundi matin, lorsque j’ai vu arriver la boîte blanche à la pomme, j’ai explosé de rire. En moi. Parce que j’étais en Teams avec Big Boss. Première réunion virtuelle, et pas la dernière dans cette semaine où je ne me serais jamais autant vue en webcam. J’ai horreur de ça, je suis d’un moche !!! Moche, mais high-tech désormais.

Je n’ai rien vu passer de la semaine. Je n’ai rien pu faire de bien concret non plus. A part des Teams, des réunions diverses et variées auxquelles je ne comprenais rien la plupart du temps, des tickets IT parce que je n’avais pas le feed de l’imprimante, de la pêche aux infos, des What-The-Fuck devant la Nespresso car je ne parvenais pas à l’allumer, des sourires amusés devant les cheveux bleu-fluo de certains, l’achat de deux sapins pour la société et… les after-works.

Dès lundi, on m’a mise au parfum : « Demain, c’est happy hour au bar The Office puis raclette au bureau, mercredi soir c’est happy hour au bar Le Colibri puis quiche-karaoké au bureau, vendredi soir on se fait un resto-bar pour le dernier jour des Américains et samedi soir on se fait des burgers devant France-Angleterre ! Tu viens avec nous, Bichette ? »

Franchement, je croyais que ma petite bande et moi étions au taquet question pots mais là, on est battus à plate couture. Ce sont de grands malades hahaha !!! Ainsi, je n’ai pas tardé à voir la boule à facettes tourner, le subwoofer que j’avais pris pour une clim portative faire des oumf-oumf-oumf, les jeux de lumières danser sur les murs, le micro passer de mains en mains et les chorégraphies s’endiabler en grignotant des quiches faites-maison, le tout dans la fameuse cuisine… au boulot.

Paraît que c’est exceptionnel, ces pots frénétiques, car c’est la fin de l’année et qu’ils reçoivent des Américains qu’il faut sortir. Mouais. J’ai quand même l’impression qu’ils font ça souvent, Noël ou pas. « En temps normal, une fois ou deux par semaine… Mais là, on est tellement contents de t’avoir, tu n’imagines pas à quel point on t’attendait ! Donc, on a envie d’apprendre à te connaître ! »

Voui, d’accord, je suis le messie, mais mon foie va lâcher, à ce rythme ! Sans compter que j’ai une heure derrière pour rentrer, le temps de faire mon tintouin il est 1.00 du mat, réveil à 6.00, ça pique. Une fois, ça passe mais je ne peux pas enchaîner plusieurs soirs d’affilée.

J’ai donc décliné ce soir et demain. Histoire de faire un break dans cette succession de métro-boulot-apéro où je n’ai rien capté en dehors de ça.

Ah le métro ! C’est long. 40 minutes aller, 40 retour. Surtout les fesses tannés sur les caissons latéraux inconfortables au possible, à me prendre des coups de Vuitton dans le nez par de grandes perches rivées sur leur Instagram, à me faire écraser les pieds par des lourdauds qui s’excusent à peine, à respirer – ô bonheur – la pestilence de ceux qui croient que savon et dentifrice sont des gros mots…

Bon, faut que je m’y fasse, dans quelques temps, je serai complètement imperméable à toutes ces infamies. En attendant, j’essaye de me changer les idées et comme je ne peux ni lire ni écrire sous peine de vomir, bah je pense. Principalement au boulot.

Et je regarde les pieds, les chaussures. Y a de tout, des plateformes aux mocassins à glands, des après-skis aux Stiletto, du psychédélique à l’usé jusqu’à la semelle… Hahaha faut-il se faire chier, vraiment, pour s’attarder sur les pompes des gens !

Bref. Je pense aussi à Bradley. Enfin, je pense… je repense plutôt, à l’odieux personnage qu’il a de nouveau été avec moi lundi matin, juste avant que je ne prenne mon poste. J’ai d’ailleurs eu un peu de mal à me plonger dedans tellement cela m’a perturbée.

La « mise au point » de samedi dernier n’aura rien donné. Je dirais même que cela n’a fait qu’empirer les choses. Dimanche dernier, il a dit vouloir rentrer direct chez lui après sa deuxième journée au régiment sans passer par chez moi. OK. Mais pas un seul texto de la journée, ni même un appel pendant ses 3 heures de route de retour. Et rien non plus lorsqu’il est arrivé.

Donc lundi matin, je l’ai appelé. Pour voir s’il était vivant. Il a eu l’air surpris, mais pas en bien, style je le fliquais… Bref, après quelques propos doux-amers échangés et un semblant d’excuse de sa part, j’ai conclu en lui disant « On s’appelle ce soir ? »

Que n’avais-je pas dit là ! Il m’est tombé dessus à bras raccourcis :

  • Tu ne vas pas me faire un coucou suisse ?!! C’est quoi de quémander comme ça ?!!
  • Euh c’est juste toi qui m’a dit vouloir avoir la primeur de ma première journée, plutôt que Yang…
  • Oui, bon, chépa, on verra !!! On ne va pas commencer à se prendre la tête parce que toi et moi ça ne va pas aller loin ! On se remet tout doucement sur le même chemin, faut y aller mollo !  

J’ai bien failli lui raccrocher au nez. Quémander quoi, au juste ?! Tous mes copains m’ont envoyé un petit texto en me souhaitant un bon premier jour et lui n’en a rien à carrer ?!? J’imagine que cela lui est complètement sorti de l’esprit, c’est dire s’il s’intéresse à moi. Comme il y a 2 ans. Ah merde ! C’est tout ce que je ne voulais plus, revivre le passé…

Ça n’aura pas duré longtemps les roucoulages, qu’est-ce qui lui a pris d’ailleurs ?!? Et moi, pauvre débile, qui y ai crù ! Chassez le naturel… Bref, quel con ! Ou alors, il n’était pas caféiné et dieu sait à quel point il peut être hargneux dans ces moments-là… Peu importe, ça m’a fortement déplu et s’il ne m’appelle pas ce soir, eh bien qu’il aille se faire cuire un œuf pour de bon.

Mais il m’a rappelée. Son ton était loin d’être badin, presque gêné aux entournures. Je pense qu’il s’en voulait pour le matin mais ne savait pas comment faire pour s’excuser. Bref, lorsque j’ai débriefé avec moi-même (dans le métro, donc) ainsi qu’avec Yang, toujours soucieux que je retourne dans la spirale infernale d’amour-haine que j’ai vécue il y a 2 ans, je me suis trouvée étrangement sereine.

Chafouine, certes, parce que je trouve dommage de torpiller une chance comme celle-là, mais la conscience clean car moi je l’ai saisie et j’ai fait ce qu’il fallait. Tant pis, il ne pourra s’en prendre qu’à lui-même.

Je sais qu’il ne ressent pas les choses comme moi. Attendre que l’autre change est voué à l’échec et je n’attends pas cela de lui, je le connais. Ainsi, faire un minimum d’efforts et se soucier de moi, si cela ne lui vient pas naturellement, il ne va pas le pondre. D’où mon interrogation lorsqu’il y a quelques temps il était tout miel et fleur bleue.

C’est peut-être par cycles, chez lui ? La question est : suis-je capable de m’adapter à son programme jour/nuit ? Est-ce acceptable pour moi ? Il faut que les choses aillent selon lui car il est proprement incapable de faire le moindre effort. Cela équivaut à ses yeux à se dévoyer.  L’avantage du chat échaudé, c’est que je sais désormais comment dealer avec lui, mais, en ai-je l’envie et la force ?

Je sais que je peux revenir en mode remote avec lui, il est là ou pas, c’est pareil. Mais d’une, je ne veux plus de ce genre de relation en pointillés dans ma vie, je préfère ne pas en avoir du tout, et de deux, même si, loin des yeux signifie pour moi loin du cœur…

Bref, tout ça est bien dommage.

Et comme on a eu zéro contact durant cette semaine, de lui comme de moi – là c’est bon, j’ai compris la leçon – ça s’est effiloché dans mon cœur. Rien qui ne m’ait handicapée cependant, en même temps, je n’ai pas trop eu le temps de m’appesantir car plus qu’occupée.

Sauf tout-à-l’heure dans le métro où il m’a appelée. Pas trop pu discuter donc, mais il avait l’air d’être dans de bonnes dispositions d’esprit. Comme si de rien n’était. Et je crois foncièrement que c’est le cas pour lui : il n’y a pas de problème entre nous.

Il a peut-être raison. C’est moi qui fais un foin de pas grand-chose. A voir.

Mais là, je crois que je vais devoir me concentrer sur un autre sujet : je suis malade comme un chien. Je l’ai senti ce matin et la toux qui a pris de l’ampleur dans la journée ne me dit rien qui vaille. Et encore moins la fièvre et le mal de tête qui me grillent les neurones.

Bah oui, même si je porte le masque dans le métro et que je dégaine mon gel hydro-alcoolique au monoï dès que je le peux, ce n’est certainement pas assez. Faut dire que j’en ai serré des louches au boulot cette semaine ! Y en a même une qui m’a claqué la bise pour me souhaiter la bienvenue !

Bref, allez hop, un autotest Covid… Manquerait plus que ça : ma supra-immunité se serait-elle faite la malle ? Et non, ce n’est pas le Covid. Probablement la grippe. Chouette, alors ! Bon, allez, je vais passer le week-end sous la couette, en espérant que Shushu ne soit pas trop là…

Manque de bol : elle m’annonce en rentrant que demain elle a une élève qui vient prendre un cours de piano à l’appart… Extatique, je suis. J’espère surtout qu’elle va fermer sa fenêtre car il fait un peu moins quinze dehors et ça tire sur le chauffage qu’elle n’aura pas à payer vu qu’elle sera partie…

Pfff… Il est temps que cela se termine. En prévision, je garde précieusement le carton Amazon dans lequel est arrivée ma nouvelle cafetière – l’autre ayant rendu l’âme après 10 ans de loyaux services – ainsi que les papiers de rembourrage… Va-t-elle comprendre le message ?

Allez zou, roulage en boule.

UNE PAGE SE TOURNE

« Ça veut dire que potentiellement je vais revoir tes loulous bientôt ? »

Moi à Bradley hier soir.

Ça fait quelques temps déjà que l’on parle, lui et moi, des fêtes de fin d’année. Plus précisément, c’est lui qui a abordé le sujet en premier. Pour quelqu’un qui ne veut pas faire de projets J

 

Dimanche 4 décembre 2022

Alors, ce fameux battle plan qui prend forme : il monte le 23 passer un pré-réveillon avec moi, le 24 il monte chez son père, le 25 au soir il redescend chez moi, le 26 tôt le matin il retourne dans sa cambrousse car il bosse, le 26 au soir il revient chez moi, le 27 il récupère ses loulous pour remonter chez son père, le 29-30 il revient chez moi avec ses loulous jusqu’au 1er.

Ça donne le tournis.

Moi, ça me va. Je n’aurai pas de vacances entre Noël et le Jour de l’An, au mieux je serai en télétravail si personne au bureau, donc je n’ai rien prévu, sauf un aller-retour en Normandie le 24-25 pour passer Noël avec Miles, Joan, Adrienne et nos amis communs la petite famille ukrainienne qu’ils ont accueillie au courant de l’été.

L’an dernier, j’ai passé mon réveillon et le jour de Noël à envoyer la tonne de factures en retard aux clients, merry christmas to me, je ne referai pas la même cette année.

Oui, Bradley est venu me voir hier soir au milieu de son désormais unique week-end militaire mensuel. L’armée ne lui correspond plus. Il dit ne plus y trouver du plaisir, qu’il se sent trop vieux pour crapahuter dans la boue. Une confirmation de ce qu’il pressentait il y a 2 ans. Moi, ça me va car je le trouve moins parano, moins sergent-instructeur. Même si j’avoue, j’adore le voir dans son uniforme…

Il dit aussi « Je ne suis pas sûr de vouloir continuer l’armée, même une fois par mois. Car le calcul est vite fait : 2 week-ends avec mes enfants + 1 week-end militaire, ça n’en laisse qu’un seul pour nous… Si toi ça peut t’aller, moi ça risque de me soûler assez vite. Qu’en penses-tu ? »

J’en suis restée comme deux ronds de flan. A nouveau, il me bluffe. Je lui ai répondu que cela me faisait très plaisir car pas téléguidé par un quelconque espoir de ma part et que c’était très mignon de sa part.

Mignon, il l’a beaucoup moins été cependant cette semaine passée. Pas de textos, ni d’appels, c’est moi qui ai pris chaque jour l’initiative. Car oui, j’ai changé sur ce plan-là. En tout cas, je souhaitais lui montrer que je ne voulais pas reproduire les erreurs du passé, à lui qui me reprochait il y a 2 ans de ne pas être très communicative.

J’ai même voulu partager la grande joie de recevoir le texto de mon nouveau Big Boss jeudi, je l’ai appelé à 10.00 pendant ses heures de boulot, intense en ce moment… Que n’ai-je pas fait là ! Honnêtement, je ne pensais pas qu’il décrocherait, mon plan était de lui laisser simplement un message en mode jouasse.

Bref, j’ai été reçue on ne peut dire plus vertement. Il était débordé, focus sur une problématique, il m’a envoyée sur les roses d’une force en disant qu’il me rappellerait. Ce qu’il n’a pas fait. C’est comme si j’avais mis la main dans un aquarium rempli de piranhas affamés, ou dans la cage d’un pitbull enragé… Ma faute, fallait m’y attendre, mais je n’ai pas à m’en excuser pour autant.

Donc, hier soir, on a eu une petite conversation. Moi :

  • Tu m’as bien dit qu’il fallait qu’on se dise sans attendre si quelque chose n’allait pas ? Eh bien, ayé, j’ai une main-courante à déposer.
  • Hein ?
  • Je t’ai trouvé très distant voire absent cette semaine. Sans parler de ta « rudesse » jeudi matin au téléphone. T’es-tu demandé si ton attitude ne me ferait pas penser que tu en train de redevenir le jerk que tu as été avec moi il y a 2 ans ?
  • Désolé, j’étais focus boulot, j’ai eu une semaine infernale. Pas le temps de manger, de pisser, j’ai couru tout le temps !
  • Un texto, avec ton super smartphone, ça prend 10 secondes. Et le soir, on n’est pas obligés de rester 3 heures au téléphone, mais 10 minutes syndicales, au moins, non ?
  • C’est vrai. Je n’ai pas pris ce temps. Mais d’une, je me suis dit que tu étais là et que ça me suffisait, et de deux, je ne suis pas très badin en règle générale.
  • Si, tu sais l’être, parfois.
  • Tu as raison, c’est moi qui avais la tête dans le guidon, je suis désolé. Je sais que toi tu es dans le badinage, que tu aimes cette légèreté, ces papillons, mais moi, je ne ressens pas ça. J’ai dépassé ce stade, je ne suis pas amoureux de toi, je t’aime tout simplement.

Ça cloue le bec. Le mien, en tout cas. Lui :

  • Tant qu’on est dans les doléances, j’apprécie moyen que lorsque je t’appelle et que tu es en soirée, tu me passes tes potes au téléphone. Je t’appelle toi, pas Yang ou Cameron ou DeLaVega. J’ai l’impression que tu ne veux pas me parler, que je te soûle.
  • Mé non ! Pour moi, c’est une façon d’officialiser…
  • Je préfère que tu fasses une soirée un de ces quatre où tu me présenteras directement à tes amis. Bon, Yang, je le connais déjà et je l’aime bien, mais passer une demi-heure au tél avec lui alors que je voulais te parler à toi…
  • Je rêve où je décèle une pointe de jalousie au sujet de Yang ?
  • Je le reconnais. C’est juste que tu partages beaucoup plus de choses avec lui qu’avec moi.
  • Ah j’ai bien essayé de te yanguiser jeudi matin, ce n’était pas une réussite !

Là, c’est moi qui lui cloue le bec.

Franchement, c’est bien ces discussions en mode mises-au-point. On s’est dit ce que l’on avait à se dire, du coup on est plus légers et l’on avance. C’est chouette.

 

10.00 Shushu pointe son nez prudemment, constate que Bradley est déjà parti, et s’en va préparer son petit-déj. Du coup, j’en profite pour lui parler.

  • Ton vol est à quelle heure le 21 décembre ?
  • Je ne sais pas, en matinée, je crois.
  • Parce qu’il faudra que tu me laisses les clefs et comme moi je pars le matin très tôt désormais…
  • Je les mettrai dans une enveloppe et dans la boîte aux lettres, d’accord ?
  • OK, on fait comme ça.
  • Sinon, je voulais te demander combien je te paye de loyer pour décembre comme je pars le 21, trois semaines ?
  • Bah non, le mois entier…
  • Et pour janvier ? Comme tu as ton amie qui va venir et te payer le loyer…
  • Non, je t’ai dit qu’elle venait début février.
  • Ça m’embête car je ne suis pas payée en janvier… Combien tu veux ?
  • La moitié.
  • D’accord.

J’en étais sûre ! Je me suis trouvée minable de penser lui réclamer la totalité du mois et qu’elle n’a pas de paie, d’aucuns diraient que ce n’est pas mon problème, mais bon. Du coup, j’en remets une couche au sujet du garde-meubles, du style je l’aide à empaqueter et j’emmène ses affaires le week-end du 17-18 décembre, comme ça elle n’aura effectivement que 3 semaines à régler sur décembre et rien en janvier, à part le garde-meubles.

Mais elle ne veut pas en entendre parler. Elle est focus sur ces concerts et n’aura absolument pas le temps de faire ses cartons avant de partir à Taïwan. Donc, je lui remets la pression pour fin janvier, juste après son retour. Mais je compte bien, pendant son absence, commencer à empaqueter certaines de ses affaires.

Soûlant, cette affaire.

 

Bref, allez, une grosse journée m’attend demain, la première d’une nouvelle vie. Une page se tourne, une autre va s’écrire. Et je kiffe !!!

LA QUILLE

« Bonjour Bichette, Nous avons tous hâte que tu nous rejoignes! Tu trouveras ci-dessous tes codes d’accès. Ton téléphone est au coffre (tu auras une ligne pro) et ton ordi devrait arriver cette semaine. Je serai à Paris le 13 décembre. Entretemps nous échangerons par Teams (je vais booker lundi de 10-12h). Bonne fin de semaine et bon week-end. Signé New Big Boss »

Yes, moi aussi j’ai hâte !!!

 

Vendredi 2 décembre 2022

Bon, je sais, la quille, c’est quand on part en retraite. Mais j’aime bien, ce mot.

Lundi, je me suis fendue d’un petit mail très corporate, adressé à toute la société, direction y comprise, histoire de voir la réaction de cette dernière :

« Bonjour,

Comme vous le savez, je quitte la société ce vendredi 2 décembre 2022, date à laquelle vous êtes tous cordialement invités à mon pot de départ à 12.00 en salle de convivialité.

L’occasion pour moi de vous remercier de vive voix pour ces 20 mois passés en votre compagnie, 20 mois pendant lesquels j’ai vraiment pris du plaisir à travailler avec chacun d’entre vous et ai grandement appris de nos échanges, tant sur le plan professionnel que sur le plan humain. 

J’en garderai un excellent souvenir, je suis fière d’avoir contribué à construire une partie de l’histoire de la société.

Je souhaite à tous une belle continuation,

Bien à vous. Bichette. »

Mais nada, la semaine a passé comme si de rien n’était. Absolument rien n’a laissé présager de mon départ imminent, j’ai eu mon train-train de taf à faire comme d’hab, aucune news d’un(e) quelconque remplaçant(e), aucune consigne pour la passation de mes tâches…

A part Bob hier matin qui m’a demandé de condenser 2 ans de taf pour transmettre à Cameron et DeLaVega en 1 heure l’après-midi… Du grand n’importe quoi, comme ils savent si bien le faire. C’est sûr, je ne vais rien regretter.

Et hier soir, mon pot de départ officieux avec ma bande, dans un bar à République. Donc, ce matin :

« Quelle fête hier soir, les copains, MERCI!!!! 

Mal aux cheveux ce matin mais ça le valait bien! 

Je vous envoie ASAP les photos et vidéos dans un lien One Drive, n’hésitez pas à rajouter les vôtres! 

Alors, prenons date dès aujourd’hui pour notre soirée remise de cadeaux Secret Santa : MERCREDI 18 JANVIER 2023 (PS @Jordan : pas de dentiste, ni de grand-mère, ni de cousin ce soir-là, ok? )

Normalement, ma coloc ne sera pas là donc on pourra le faire chez moi, sinon, on improvisera!!!

Sur ce, des bizzz à tous, Joyeux Noël et Bonne Année!

Hasta la vista!!!!!!!!!!!!

Bichette signing off (temporairement) »

Je ne peux que le répéter, eux, oui, vont me manquer. Grave. Même si on va se revoir. On a d’ailleurs déjà bloqué le 13 décembre pour un happy hour proche de mon nouveau boulot.

Qu’est-ce qu’on a pu rire ensemble ! A en avoir des crampes au ventre. Notre première soirée Secret Santa en janvier dernier où l’on m’a offert un superbe calendrier Soldats du Feu nus et … gays hahaha, nos soirées dégustation de vins où Tic et Tac sont repartis en biais, pleins comme des outres, les anniversaires (Cameron a bien eu son canard-vibrant pour ces 50 ans), le mien d’anniv sur les quais aux Invalides où Cameron a posé et une galette sur ses pieds, et un RTT le lendemain pour cause de hangover carabiné, le pot de départ de la belle Angela cet été où l’on a dansé, chanté en perruque rose jusqu’au bout de la nuit chez Béa, les soirées-karaoké chez moi qui ont rendu Shushu furieuse, et tous les pots improvisés jusque comme ça, pour le plaisir, où l’on joue à Marry-Fuck-Kill (Kill presque à l’unanimité : Shannon, on se demande bien pourquoi) ou à Truth Or Dare du style « Pas chiche d’envoyer un sexto à Céline »…

Merci. J’en rigole encore.

12.00 pétantes, j’installe mon punch en SDR. Les copains m’y rejoignent sans rechigner malgré les stigmates de la veille sur le visage de certains, ainsi que la direction, sauf Shannon qui préfère se cacher dans son bureau. Quand on dit qu’elle a zéro people skills…

Bref, chacun y va de son petit mot à mon encontre, même Germaine qui, surprenamment, en a les yeux humides d’émotion, Bob aussi et il a l’air sincère… Et Big Boss me fout sur le cul avec son discours :

« Comme dit le poète, partir, c’est mourir un peu… Pour nous, votre départ est une déchirure. J’ai appris à vous apprécier grandement. Votre professionnalisme, votre bienveillance, votre disponibilité, vous êtes une perle rare. On s’est cherchés au début, on s’est trouvés mais je n’ai pas fait ce qu’il fallait, quand il le fallait, pour vous garder. C’est de ma faute et je m’en mords les doigts. A d’autres maintenant de profiter de toutes vos qualités, je vous souhaite le meilleur et si jamais cela ne fonctionne pas ou si vous changez d’avis, sachez que vous pouvez revenir quand vous voulez : vous avez votre place dans notre famille. »

OH LA VACHE !!!

 

15.40 Shannon m’appelle dans son bureau pour me remettre mon STC. Et elle aussi y va de son petit mot qui d’une certaine façon ne sonne pas aussi creux que j’aurais pu le supposer… J’avoue, c’est un peu touchant. Bon, j’ai préféré la jouer hypocrite avec « une belle aventure parmi vous blablabla… » plutôt qu’en mode redressage de torts. La vérité est que je m’en tape le coquillard. Je ne rentre pas dans une bataille qui ne me concerne plus. N’ai même plus envie de poster la collection de ses mails absurdes, c’est dire.

16.15 J’ai fait mon baluchon, repris toutes mes affaires, mes feutres, mes bannettes, ma lampe de bureau, ma rallonge électrique, j’ai bien rendu mes clefs à Shannon, effacé soigneusement mon historique web et laissé des post-it sur mon ordi pour les codes d’accès. C’est l’heure. Les derniers au-revoir. Avec les hugs et les bisous qui vont avec.

« Va-t-en, Bichette, sinon je vais me mettre à chialer ! »

Mamie Cameron. J’avoue, ça me fait tout bizarre. L’émotion monte en moi, alors je prends la tangente. Je ne pensais pas que cela me toucherait autant.

 

Mes chers ex-collègues, ma petite famille d’happy-houriens, mes amis tout simplement, Mamie Cameron et son SIF, Brian Is In The Kitchen, Jordan qui Josiane, Maggie, Tic et Tac, DeLaVega, Petula, Barnabé, Béa, Sidonie, Tweety, Brice de Nice, Malcolm, Céline et Angela : MERCI ET A TRES TRES BIENTÔT.

SYNOPSIS

« Lewis et moi sommes séparés. »

Les larmes de Zane au téléphone en septembre dernier. Mon effroi, ma compassion, mon urgence d’aller la voir au plus vite. D’où ce Thanksgiving en Espagne.

 

Samedi 26 novembre 2022

17.00 De retour à l’aéroport d’Alicante. Zane vient de sauter dans l’avion direction Manila pour son boulot. C’est fou de quadriller la planète à ce rythme, je ne sais pas comment elle fait pour ne pas être jet-laggée H24…

Bref, une grosse heure à tuer avant mon vol de retour à la casa. Si tout va bien. Car je suis malade comme un chien ! Depuis ce matin, je me liquéfie de partout, avec des spasmes et tout et tout. Certainement une gastro. Ça va être chouette dans l’avion !

Retour sur ces quelques jours passés dans la montagne sur les hauteurs d’Elda, à quelques 40 km d’Alicante. Zane et moi pouvons n’avoir aucun contact pendant des mois, lorsque l’on se retrouve, c’est comme si l’on s’était quittées la veille. Une merveille de complicité qui dure depuis 16 ans maintenant.

On a beaucoup parlé. Ri aussi. On s’est souvenu de notre rencontre sur l’île de Jeju, toutes les deux en honeymoon avec nos respectifs de l’époque, puis de toutes les fois où je les ai rejoints, elle et Lewis, à Nawlins, à Boston, Winston-Salem, Londres, Leipzig… Des souvenirs chérissables à jamais.

Et j’ai enfin rencontré Kayleen, leur petite de 4 ans. Quel regard, d’une luminescence ! Le courant est passé instantanément entre elle et moi, comme si on se connaissait depuis des temps immémoriaux…

Enfin, bien sûr, Zane et moi avons longuement parlé, avec beaucoup d’émotion, de leur séparation. Je ne rentrerai pas dans les détails qui n’appartiennent qu’à eux mais une chose est sûre : si j’avais eu ma semaine de vacances entre Noël et le Jour de l’An, je serais partie en Arizona voir Lewis. Pour lui parler, pour qu’il me parle. Lewis, mon chamane, what happened to you two ?…

Je suis triste pour eux. Je suis triste pour moi également car mon deuxième mythe, après Yang et Mimine, en termes de relation durable, s’écroule. Mais bon, être un mythe pour les autres n’est pas ce qui doit forger le destin d’un couple.

Et cela me rappelle ces quelques lignes écrites en début d’année, probablement pour Walter. Le fait que ce dernier ne soit toujours pas dans ma vie aujourd’hui est la preuve indéniable qu’aucune relation n’est parfaite, que le temps n’est absolument pas une mesure qualitative, qu’il faut vivre sans fantôme dans les placards et que l’on doit prendre ce qu’il y a à prendre au moment où c’est là.

SYNOPSIS #1

30 ans de couple. 1 petite fille. 1 prise de conscience tardive. 30 ans d’erreur dont 8 ans d’enfer. 1 séparation qui ne dit pas son nom. 1 quotidien dans le déni. 200 nuits sur le canapé. 1 puis 2 infidélités dont 1 coup de foudre. 1 demi-aveu. 1 purgatoire. 1 maîtresse qui ne veut pas de ce titre. 1 gifle cinglante. 1 autre maîtresse qui se satisfait de la situation mais qui aime trop le risque. 1 fait exprès/pas exprès. 1 psy qui ne sert à rien.

Conclusion : le cœur est grand, on peut aimer plusieurs fois dans une vie mais on ne fait qu’une seule rencontre qui compte.

SYNOPSIS #2

1 manipulateur narcissique vs 1 dépendante affective. 6 mois de bonheur béat. 1 ghosting incompréhensible. 2 tentatives de suicide. 2 ans de benching. 1 fois par semaine d’entrevue purement sexuelle. 15.000 « Je te bloque-Je te débloque 30 secondes plus tard ». 1 histoire qui ne rime à rien.

Conclusion : euthanasie fortement recommandée pour les 2. Mais avoir quelqu’un dans la peau et pas dans sa vie, c’est dur.

SYNOPSIS #3

25 ans de couple. Comptes bancaires à 6 chiffres. Peut-être même 7. 2 grands enfants. 1 vie bourgeoise sans autre souci que celui de savoir sur quelle île paradisiaque réserver leurs prochaines vacances. 1 reprise de contact avec un ancien flirt d’école. 1 coup de poker « Je plaque tout du jour au lendemain ». 1 future ex-épouse en furie. 1 divorce à torts. 1 homme à poil, ruiné, mais qui n’a jamais été plus heureux que lorsqu’il avait tout. 2 amoureux, 1 nouvelle vie.

Conclusion : « tout perdre » ne veut rien dire, car « tout » ne vaut rien, si l’on aime et est aimé.

SYNOPSIS #4

2 mariages, 2 divorces. 1 coup de foudre. 1 date qui sert encore aujourd’hui de password, de SIM code, de code cadenas sur les valises, de code confidentiel pour la boîte vocale du boulot. 1 petite boîte de 7cm x 7cm x 7cm avec les seuls souvenirs tangibles existants. 1 répertoire photos dans un dossier marqué X-Files. 21 ans d’absence. 21 ans de présence. 2 résolutions de tirer un trait, vaines. 10 milliards de pensées qui ramènent à 1 seul instant. 1 refus en bloc de l’insignifiance de cet instant.

Conclusion : « La vie est faite de chaos, d’espoir, d’amour. » Notre histoire a connu le chaos et l’espoir. Il ne reste que l’amour.

 

Et tandis que je couche ces lignes sur mon cahier en attendant le début de l’embarquement, je ne peux m’empêcher de verser une larme d’émotion lorsqu’un petit bonhomme d’à peine 2 ans vient vers moi spontanément pour poser sa tête sur mes genoux… A-t-il senti que j’étais en bad ? Où est-ce le proxy réincarné de Kayleen venue me faire un dernier câlin d’au-revoir ?…

 

21.30 Retour à la maison. Shushu est là. Et elle s’est bien lâchée sur les oignons et le tamarin roulé sous les aisselles pendant mon absence, vite, ouvrir en grand les fenêtres avant que je ne lui gerbe dessus.

Aller-retour Paris/Alicante en avion : 1 554 km – 96 €

Aller-retour Roissy en taxi : 66 km – 145 €

Y a pas un truc qui cloche ?!?!!