« Quoi ?!? Maman elle ne fume pas de pétards dans sa chambre quand même ?!! Elle a invité ses potes aussi et ils ont mis le dawa ??!! Te laisse pas faire, franchement !! »
La nonchalance des gens au téléphone dans le métro. Moi, ça ne me viendrait pas à l’esprit d’étaler ma vie aux oreilles de parfaits inconnus. A supposer que j’en ai une. Bon, c’est drôle quand même, surtout quand on zappe la virgule essentielle « Maman, elle ne fume pas de pétards dans sa chambre quand même »…
Samedi 1er juillet 2023
Bon, comment je vais ? Pas trop mal, je dirais. Aussi bien que puisse aller un bulot à marée basse. Je m’aperçois que tout glisse sur moi, rien n’a prise ni emprise, l’ultra-détachement est devenu une seconde nature chez moi.
Bien, pas bien ? D’aucuns diraient – et ils ne se gênent pas – que ce n’est pas bon pour ma santé mentale, ma santé sexuelle, ma santé tout court mais… comment le néant peut-il être néfaste ? Ce n’est pas un choix, certes, mais ce n’est pas une punition non plus. Disons que c’est une situation que j’ai laissée s’installer avec zéro volonté de la changer.
Je ne suis pas vide pour autant. Je me sens même assez en phase avec mon microcosme intérieur. Ça bouillonne toujours mais cela ne me crame plus les entrailles comme avant. Je ne suis plus en état d’urgence vitale où tout n’est que chaos et confusion. Je suis d’un calme olympien.
J’ai surtout appris l’indulgence envers moi-même. Et la procrastination XXL. Je m’autorise les calendes grecques et le coinçage de bulle sans vergogne. Même le ménage ! Monk en ferait une syncope mais le minimum syndical en la matière me va bien désormais. Ou écrire dans ce blog. J’ai les mots, puis j’ai la flemme de les coucher par écrit.
Tout ça pour grotter force 12. Pour ma défense, je récupère de ma semaine ultra-chargée, mais bon. Je me coupe du monde entier, je m’enferme dans ma bulle-cage de Faraday où tout n’est que vieilles séries pourries, Solitaire et Boggles en ligne, en pyj pendant 48h… J’ai bien quelques remords, je me fais souvent la morale à moi-même, mais en fait, je m’en fous.
Honnêtement, qui ça emmerde que je sois un gros lézard anémié, hein ?
« Bon, quand est-ce que tu te remets au dating ? T’es plus toute jeune et faut y aller tant que tu es encore potable, tu te gâches en restant célibataire ! » Merci, les filles. Bah ouais. Mais non. L’équation est simple : les mecs qui me plaisent ont l’âge d’être mes fils ou sont mariés avec enfants jusqu’au cou et les sites de rencontre me soûlent au plus haut point. Est-ce que je crois au hasard ? Non plus. En fait, je m’en bats la coquille.
Quand je repense à mes « dates » plus calamiteux les uns que les autres, j’en ai des frissons d’horreur. Un en particulier qui, même si cela me fait hurler de rire encore aujourd’hui car tellement absurde, illustre parfaitement mon aversion désormais des blind-dates où tout n’est qu’apparences et chasse au fast-sex dissimulée.
C’était il y a un an. Rendez-vous précautionneux à équidistance, je le vois arriver au loin et cela me conforte dans l’impression que j’ai eue lors de nos échanges téléphoniques : il ne me plaît pas. QI d’une huître et physique trop travaillé à mon goût. Mais je me suis dit, c’est le jeu, on va boire un verre, qui sait, il me réserve peut-être une bonne surprise.
Salut – Salut, claquage de bises et l’on se dirige vers les bars du quartier en échangeant des banalités. On ne fait pas dix pas qu’il pose sa main sur mon bras et qu’il me sort :
- Je t’arrête, je ne veux pas perdre de temps, je ne veux pas te faire perdre le tien, ça ne va pas le faire…
- Euh… Physiquement, tu veux dire ?
- Bah oui.
- Okay… On s’est déjà vus pourtant, on a échangé des photos, qu’est-ce qui te faire dire ça ?
- Bah en fait, je sais ce que je recherche, je veux une femme mince et là je te vois, tu es – comment dire – bien portante et ça ne me va pas…
Là, je pars dans un grand éclat de rire, c’est tellement énorme que je n’y crois pas ! Je regarde autour de nous, voir s’il n’y a pas une caméra cachée ou des gens en train de pouffer en mode grosse blague à deux balles, mais non.
- Bon, je te remercie de ta franchise, c’est rafraîchissant, on va dire. Alors, comme on a fait de la route toi et moi pour arriver jusqu’ici, allons boire un verre et puis basta, qu’en penses-tu ?
- Non non, je suis désolé, je n’ai pas de temps à perdre.
Et il se barre !!! 3 minutes montre-en-main, le date !!!
Bref. J’étais tellement soufflée, sur le cul, que je suis restée débout dans la rue les bras ballants à rire nerveusement. Puis, j’ai appelé Mamie Cameron qui habitait à côté, je me suis invitée chez elle et au final, j’ai passé une très bonne soirée.
J’en ai parlé à tout le monde autour de moi, j’ai demandé l’avis à plein de garçons différents, de tout âge, leur demandant ce qu’ils auraient fait à sa place. Tous ont été unanimes : ça ne se fait pas, ça ne se dit pas, ils seraient au moins restés le temps d’un verre et auraient prétexté une urgence soudaine pour s’esquiver.
Ils ont été, de plus, très choupinou en me disant que ce mec était bigleux en plus d’être con car j’étais mince et jolie comme un cœur… Oohh…
Quel mufle. Bien portante… S’il m’avait posé la question au téléphone avant, je lui aurais répondu : « Je suis mince, mais pas TRES mince. Et si tu commences comme ça, ce n’est pas la peine de continuer ! »
Voilà. J’ai eu depuis quelques autres dates. L’un avec un psychopathe pédophile incestueux (mais beurk), un autre avec un mec qui vivait avec son ex-femme et son nouveau mec (le vaudeville, très peu pour moi), et un ou deux on va dire « normal » mais sans suite d’un commun accord. Et stop après ça.
A mon sens, ces sites de rencontre font tout sauf du bien. Ça me rappelle une chanson que j’avais écrite sur le sujet, oh il y a bien 15 ans :
MYTHIQUE SCHIZOPHRENIE
PART 1
La nuit dernière, j’ai fait ce rêve doux-amer
Où j’étais célibataire et prête à rencontrer quelqu’un
Suis allée sur le net
Ne savais pas encore
Que ce serait l’expérience la plus effrayante de ma vie !
Parlé
Vraiment, c’est horrible, quel cauchemar!
Comment un être humain peut-il rentrer dans ces impitoyables cases ?
J’ai eu non seulement ma cible à scanner mais moi-même également
Je ne me connais pas moi-même, comment quelqu’un d’autre le peut-il ?
Bref, j’ai joué le jeu et voici ce par quoi je suis passée…
PART 2
La nuit dernière, j’étais coincée au commissariat de police
Où l’on m’a posé férocement tout un tas de questions…
Quelle taille faîtes-vous ?
Vous pesez combien ?
Et quoi ?!! Et je vide mes poches comme une criminelle ?!
Parlé
Je me demande vraiment ce qui se serait passé si mes réponses avaient été erronées?
Oui, et si j’avais mis que je mesurais 1m20 et que je pesais 100 kilos ?
Des sorties ? Non, je suis casanière.
Des hobbies? Glander sur le canapé à regarder la télé.
Caractère ? Psychopathe et grincheuse…
Pont
Fumez-vous? C’est une blague?!!
Quell est votre style? Pour quoi faire ?
Que préferez-vous chez vous ? Ma voûte plantaire.
Quel est votre niveau de revenus ? N’importe quoi !!!
PART 3
J’ai fait de mon mieux pour remplir les cases et suis parvenue à me connecter
Moins de 30 secondes se sont écoulées avant que je ne me fasse taggée
La chasse est ouverte
J’ai intérêt à courir
Des centaines de demandes « Soyons amis » sont alors apparues
Parlé
Franchement, les gars, je n’ai même pas mis de photo !
« Salut, comment tu t’appelles ? Tu ressembles à quoi ? »
« Tu as une photo ? Une webcam ? Es-tu une bombasse ?”
Personne ne m’a dit que c’était un site pour du sexe rapidos !!
Bande de chacals hypocrites, j’ai été trop naïve !!!
PART 4
J’ai cru que c’était un site amical et charitable
J’ai rêvé que cela pourrait être le bon moyen pour rencontrer un chevalier
Amoureux en solde
Désespoir et tempête
Comment faire du fric avec la solitude des gens
Parlé
Je suis encore sceptique à propos de tout ça, j’imagine que c’est parce que je suis trop vieille pour ces conneries
Je ne sais pas, ça a pourtant marché pour des gens que je connais, les chanceux !
Mais j’ai plutôt l’impression que c’est plutôt une jungle impitoyable
Où les rêves et les illusions meurent aussi vite qu’ils naissent
Est-ce ainsi que va le monde de nos jours lorsqu’on est célibataire ?…
J’ai toujours eu du mal à me vendre. Dans tous les domaines, qui plus est celui-là. Et je n’ai pas l’âme d’un trackeuse. Ni proie, ni châsseresse. La messe est dite.
Et que dire de Walter ? Toujours dans mon collimateur. Quoique, j’ai réussi à m’en affranchir il y a quelques temps.
PART 1
- [Walter] J’ai hâte de te voir.
- Tu peux m’appeler déjà. Quand tu veux. Même si je sais que tu ne le feras pas.
- Pourquoi dis-tu ça ?
- Parce que je suis ton anathème.
PART 2
- [Walter] Tu ne mas pas répondu, m’accepterais-tu convalescent ?
- Take you as you are as you take me as I am, deal ?
- Je te prends comme tu es, avec tous tes démons et tes bons côtés.
- Looks like wedding vows J FYI no demons anymore on my side.
PART 3
- [Walter] Je rêve beaucoup de toi. J’aimerais tellement venir prendre ta main. Mais ma santé est un véritable yoyo. Je pense à toi chaque jour, rêve de toi souvent et t’aime depuis toujours. Admettons que je te dise qu’on se voit dimanche, je ne sais même pas si j’irai bien ou mal. J’en suis là.
- Je peux être là pour toi, même si tu es mal.
- J’aimerais que l’on se rencontre. J’en ai vraiment envie. Je t’aime, je le sais.
- Tu fais le grand saut, tu pars en week-end avec moi : je pars en Normandie le vendredi 28 et je reviens le dimanche 30. « Oui, non, non, oui, t’es folle… ? »
- Ce serait un bonheur inimitable ! Je suis au fond de mon lit, je ny arrive plus. Tu n’as pas besoin de ça.
- Try me.
PART 4
- [Bibi] So how are you today ?
- Il me faut reprendre une activité physique au plus vite pour retrouver la forme. J’espère que l’on puisse déjeuner ensemble très prochainement, en espérant ne pas avoir une tête effrayante !
- Qu’attends-tu de notre rencontre ?
- De voir si on se plaît toujours !
- A ton avis ? Je pense que l’on a dépassé ça depuis longtemps, toi et moi.
- Oui mais je vais peut-être te faire peur.
- Je te vois au-delà.
PART 5
- [Bibi] Hey, y a mon BFF qui dit que c’est n’importe quoi nous deux, ou plutôt l’absence de nous deux, que ça n’avance pas, que ça ne mène nulle part blablabla… Qu’en penses-tu ?
- Bah tu lui diras qu’effectivement tu as fait un choix en 2013, un autre choix influencé par un vilain barbu et une rousse nocive. Voilà pourquoi on en est là aujourd’hui. Le temps passe, la vie passe… La santé nous joue des tours… La Vie, quoi.
- So this is all my fault ? It explains a lot.
PART 6
- [Walter] Un dîner ? Mercredi ? Saint-Emilion ? A toi de voir.
- N’es-tu pas fatigué de cette ’’danse’’ ? On a cette chance inouïe, après tout ce temps, d’être ensemble, on est libres, tes enfants sont grands tout ça, mais tu restes, de ton aveu, bloqué 10 ans en arrière… Tout est possible, il faut juste le vouloir. Moi, je vis dans l’instant, je regarde éventuellement devant mais plus jamais en arrière. Ainsi, je ne te dis pas « OK voyons nous » parce que tu vas à nouveau annuler et le cycle infernal va continuer encore et toujours. Just make it happen or do not make it at all.
- C’est toi qui vois, j’y serai!
PART 7
- [Walter] Back home…
- Hey, dans le train qui m’emmène à Aix pour le boulot, je repense à notre loupé d’hier soir. Désolée. Pour être franche, je pensais que ce serait un autre acte manqué de ta part, je n’ai donc pas donné suite. Me suis dit « A quoi bon, il va annuler une énième fois… » mais le fait que je t’écrive là, me fait réaliser que cela me touche plus que je ne l’aurais pensé. Peut-être a-t-on encore des choses à écrire, toi et moi, je ne sais pas… Bref, peux-tu m’assurer que si l’on se fixe un autre rdv, disons semaine prochaine, tu n’annuleras pas ?
- Bon déplacement. Je te contacte très vite.
PART 8
- [Walter] Tu n’as pas déménagé ? Indéboulonnable ? Pourrais-tu changer de coin si tu avais une bonne raison ?
- Oh que oui.
- J’ai beaucoup réfléchi à ce que tu m’avais écrit Une chance inouïe se présente devant nous »… [devant mon absence de réponse] Tu ne réponds pas tellement…
- Bah t’as qu’à m’appeler, je réponds mieux.
- Ah c’est pas faux non plus.
- Vraiment, j’en peux plus de ces échanges virtuels. Appelons nous, voyons nous mais stop à cette communication par messages.
- OK OK.
- J’attends donc ton appel. Anytime.
J’attends toujours. C’est faux, je n’attends pas, je n’attends plus. Je fais ma life, comme on dit, le deal est clair pour moi désormais. 4 mois de parlotte stérile après 22 ans tout aussi infructueux et on en est toujours au même point. Un wake-up call.
Côté boulot, cela prend une tournure que je n’avais pas vue arriver. Certains commencent à me soûler grave.
- Ce n’est pas à toi de faire ça, c’est aux zozos de Manchester !
- Bah oui mais ils ne sont pas sur site, comment on fait ?
- Certes, mais tu passes trop de temps dessus alors que tu as autre chose à faire.
- Je sais bien. Mais les zozos de Manchester reviendront vers moi à un moment donné et si je n’ai pas suivi l’affaire, ce sera un cauchemar pour raccrocher les wagons !
- Franchement, tu as plus de plus-value à nous pondre une belle procédure d’on-boarding qu’à gérer des problèmes de clim !
- Euh… la procédure d’on-boarding existe déjà : elle est bloquée au niveau des RH depuis février !
- Ah bon ? Et pourquoi ?
- Yo no se. Je ne suis pas RH.
Les yaka-fokon-tunaka à leur sauce commencent à me taper sur le système. Sans compter que j’ai 2 boss qui, même s’ils sont sympas, me donnent trop souvent des instructions contradictoires. J’avance dans un sens et l’autre me dit de faire demi-tour. Ou l’un change d’avis, ne m’en informe pas et je rends une copie à côté de la plaque. Ou simplement oublie ce sur quoi on s’est mis d’accord lors de notre point mensuel.
Bref. Leur joyeuse organisation bordélique devient pesante au quotidien. Surtout quand on remet en cause les initiatives que j’ai pu prendre, faute d’avancée sur certains sujets. J’en viens à me dire que si une autre opportunité de boulot s’offre à moi, je ne la dédaignerai pas.
Alors, j’aime toujours autant mon job et je m’y donne corps et âme sans rechigner. Mais je ne veux pas tout en attendre, je sais ce que je vaux, aujourd’hui je suis là mais demain, je peux être ailleurs…
Ah et leurs fameux « C’est confidentiel, je compte sur toi, tu n’en parles à personne ! » alors que la plupart du temps, tout le monde est déjà au courant, ça me fait doucement rire. Est-ce que j’ai une tête à divulguer des secrets-défense, moi ? Bon, c’est le cas, mais seulement à QNO parce que c’est mon best buddy au boulot en qui j’ai toute confiance et aussi parce que ça fait trop du bien de gossiper à tire-larigot. Et si je me fais virer pour ça, bah je ne m’en prendrai qu’à moi-même.
Allez, aujourd’hui, c’est l’anniv’ de Toto. M’en vais appeler mon petit frère puis replonger dans mon bullage sans scrupule aucun, en grignotant de belles cerises avec délice.