BICHETTE 2.0   Saison 1

A Walk In Heaven

JOURNAL

Samedi 7 mai 2022 – Jour J

Bien arrivée !!! Mais à quel prix…

De toute ma vie, j’ai fait des voyages assez pourris mais de l’envergure de celui-ci, c’est une première !

Cela a commencé dès l’enregistrement à Roissy. Soit-disant je n’avais pas de bagage en soute compris dans mon billet. Ma confirmation Opodo qui montrait 1 bagage soute + 1 bagage cabine agitée sous le nez de l’olibrius de DELTA n’y a rien changé, j’ai dû payer 60 € pour ma valise.

Puis, j’ai voulu acheter des dollars. Mauvaise idée à l’aéroport ! Je croyais que l’euro était plus fort que le dollar ?! Bref, dépitée et rackettée de 120 € en tout avant même que je ne parte.

Et le pire siège de l’avion : rangée du milieu, au milieu, entourée de gros lourdauds de Français qui parlent fort et picolent de la 1664 en rotant allègrement. Impossible de piquer un roupillon, heureusement que la sélection de films était bien, je me serais suicidée sinon.

Escale à Salt Lake City : panneaux d’affichage qui indiquent la Gate B2 pour mon connecting flight pour Bozeman, soit à l’autre bout de l’aéroport, une petite randonnée de 3 km. Et quand je vois « San José » à la Gate B2, j’ai envie de pleurer. Bozeman, c’est la Gate A9. Mais quelle bonne blague !!!

Et je ne peux même pas m’en griller une dans une Smoking area bah parce que y en a pas. Après 11 heures de vol, j’ai juste envie de tuer quelqu’un.

J’arrive enfin à Bozeman, il fait 2° hahaha mais pas de neige pour l’instant. Je vais pour récupérer ma voiture de loc, la nana d’AVIS me dit qu’elle est garée en G-3 au second lobby en haut de l’escalier… Je regarde ma valise qui pèse un homme mort, je me dis qu’il doit bien y avoir un ascenseur, mais non !

Donc là, je n’ai plus de pieds à cause de la rando à Salt Lake City et je viens de laisser mes épaules dans l’escalier du parking d’AVIS. Les temps sont durs pour les fibromyalgiques.

Et que dire des 45 minutes passées à essayer de démarrer la voiture ? Bon okay, c’est moi qui suis con. Mais « Start and go », mon c*** ouais !!! Il est où, le bon vieux temps où il fallait juste tourner une clé pour démarrer, hein ?! Bref. Heureusement que la nana d’AVIS s’est pointée sur ce parking désert, sinon, j’y serais encore.

Et me voilà partie. Au son du GPS qui me fait prendre un sens unique juste devant une voiture de police, heureusement vide à ce moment-là… Bon, j’ai une petite heure de route jusqu’à Ennis, je concentre toutes les neurones qu’il me reste malgré ce fichu mal de crâne qui ne me quitte pas depuis Salt Lake City.

20.47 heure locale, j’arrive au Sportsman’s Lodge à Ennis. Le staff est aussi sympa que leurs cabines sont pourries. Rigolotes dans leur déco mais pas du tout insonorisées. Le couple juste à côté m’en a fait la démonstration… toute la nuit ! No comment, à part vive les boules Quiès.

Sans compter l’autre voisin de cabine qui m’a crié « GO AWAY !!!! » quand je me suis trompée de porte, l’ambiance est comment dire, pas fun du tout. Sauf Sachel qui est venu me saluer tandis que j’en grillais une sur le pas de la porte. Un « hillbilly » des montagnes avoisinantes qui cultive du tabac, de la beu et qui fait ce qu’on appelle ici du « moonshine » cad un alcool de contrebande.

« Do you want to party ? I can sell you CBD or plain weed if you want… And we are now watching the MMA finals on TV, come on and join us, we have great local beers here!” Thanks, man, tout ce que je veux, ce sont des ibuprofènes pour éléphants pour passer ce p*** de mal de tête. Et dormir.

Dimanche 8 mai 2022 – J+1

Ce que j’ai fait (avec les boules Quiès). Mais j’ai toujours autant mal à la tête. Cela n’augure rien de bon pour aujourd’hui. Je vais essayer d’aller au Madison Foods à côté, histoire de faire quelques emplettes (parce que les pancakes pleins de gluten au petit-déj, bah…). Mais rien de transcendant au programme aujourd’hui.

Ce qui me fait me dire que peut-être, il s’agit là de mon dernier voyage aux USA. Je ne saurais dire si c’est parce que j’ai fait un voyage de m*** et que j’ai trop mal à la tête pour penser clairement ou si c’est parce que je sens au fond de moi que je n’ai plus l’émerveillement et l’enthousiasme qui me nourrissaient jusqu’à lors quand je venais sur ces terres.

Au point de me dire que j’ai été stupide de réserver 2 semaines, une seule aurait suffi. Bref, on verra bien.

Ah oui, j’oubliais : aucun de mes 2 téléphones ne fonctionne ici, mon vieux coucou comme mon burner phone HAHAHA !!!

Houston, on a un problème : je crois qu’en plus de tout ça, je fais une intoxication alimentaire ! A en juger par la galette que je viens de faire, façon L’Exorciste, et cette impression de malaise qui ne me quitte pas. Et je sais d’où ça vient.

Hier avant de partir, je me suis fait des petits sandwiches sans gluten pour dans l’avion. Que j’ai effectivement mangés quand on passait au-dessus de l’Atlantique Nord vers 17.00 heure de Paris. Ils sont donc restés dans mon sac une douzaine d’heures… Bah je n’aurais pas dû.

Bon, je ne m’en prends qu’à moi-même mais c’est moche, et ça va avec la malédiction que ce voyage semble trimbaler depuis le début. Bref, si je ne peux plus manger de tout le séjour, d’une je perdrais mes kilos en trop,  et de deux je ferais des économies. Ça c’est moi, philosophe. J

Je reviens d’un petit tour « downtown »… sous la neige. Quelques courses au Madison Foods, 3 cartouches de Marlboro Black, ce qui cela dit n’est plus une affaire comme ça l’était avant à 80 balles la cartouche, un hello au Tackle Shop pour ma journée de pêche mardi – ils ont bien essayé de m’appeler hier mais bon – et une Veggie Omelett & Hash Browns au Yesterday’s Café, qui est donc repartie dans les toilettes…

Me voilà donc en vrac sur mon lit avec la forme et l’âme d’un rat mort. Je me dis que c’est chouette de faire 10.000 km pour ça.  Et tiens, maintenant c’est une tempête de neige dehors. Décidément. Bon tant pis, roulage en boule.

Lundi 9 mai 2022 – J+2

20 cm de neige, -7° ambiants… Mais que vais-je bien pouvoir faire aujourd’hui ? La question me taraude depuis mon réveil à 6.00 du mat. J’aurais aimé dire « fraîche comme une rose » mais je ressemble plutôt à une vieille laitue au fond du frigo, après cette longue nuit pas réparatrice du tout. Mais j’ai arrêté de vomir, c’est déjà ça.

Du coup, je me tâte et me re-tâte. Les trails que j’avais repérés sont fermés en raison de la météo, pas un seul ciné, un shopping mall ou un quelconque bidule à visiter dans le coin, je me sens un peu désemparée. Bon, déjà, je vais aller manger un truc parce que j’ai faim.

Quelle mauvaise idée ! La Winter Salad Raspberry Dressing et les Mozzarella Sticks repartent comme ils sont venus. C’est vraiment la poisse, quand même ! A peine 2 jours que je suis ici et tout me pousse à rentrer chez moi, et quelque chose me dit que ce n’est pas fini, pffffff…

Bon, je ne vais tout de même pas refaire une journée en croix sur le lit, si ? Allez, je me motive sérieux et je décide de partir faire du « drive-shooting », cad rouler en voiture tout en prenant des photos. C’est nul comme activité mais bon.

Mais j’avoue que je ne me suis pas mal débrouillée. Même si les plus beaux points de vue étaient noyés dans le brouillard de neige. Pas sûre de gagner le Pullitzer avec ça mais ça m’a permis d’oublier pendant quelques heures la déconfiture de ces 2 jours. J’en ai pris plein les yeux. Magnifique.

Pis je me suis arrêtée acheter des fruits, vu qu’il n’y a que ça qui tienne dans mon estomac, j’ai voulu payer avec ma Visa et là : « Paiement refusé » !!! Bah tiens. Sitôt rentrée, je fais un mail à mon banquier, il a intérêt à régler ce problème et vite, sinon je vais être dans la deep shit dans pas longtemps !

Ça s’accumule. Pour un voyage censé être paradisiaque, c’est sûr que pour l’instant, je n’en ai vu que les coulisses ! C’est bizarre, je l’ai senti dès le début. Bon, allez, demain c’est pêche à la mouche avec James du Tackle Shop. Toute la journée en waders dans la Madison River, c’est 100% kiff assuré. Normalement.

Non, je ne vois pas quelle autre avarie je pourrais subir. Tomber à la baille avec l’appareil-photo, le passeport et tout et tout ? Me faire attaquer par une truite géante ? Ou me planter un hameçon dans le nez ?

Allez, faut pas que je psychote. J’en ai tellement rêvé, je l’ai tellement attendue cette journée de pêche, ça va être fantastique. Si seulement on pouvait avoir un brin de soleil…

Mais au vu des grêlons qui se sont mis à chanter sur les toits en tôle et de la neige qui s’est remise à tomber, je ne peux que soupirer de désillusion.

Mardi 10 mai 2022 – J+3

Gosh I had a great day ! Happy birthday to me and see you in 10 years !

Mercredi 11 mai 2022 – J+4

Je commence à me dire qu’il n’y a pas dû avoir que mes sandwiches avariés pour me rendre malade comme je le suis depuis que je suis arrivée. Peut-être que le veggie curry qu’ils m’ont servi dans l’avion y est pour quelque chose aussi. C’est vrai qu’il avait un drôle de goût…

Toujours est-il que j’ai décidé d’écourter mon séjour, je rentre en France ce dimanche. Je suis malade comme un chien, j’en suis même à me demander si je ne vais pas devoir aller au medical center… A défaut de beaux pompiers, y aura peut-être de beaux docteurs, hein les filles ? J

Je serais bien rentrée plus tôt encore mais j’ai une réservation à Kalispell que je perds si je n’y vais pas. Bref, je vais me gaver d’Advil et de Gaviscon et continuer de me sustenter avec des myrtilles. Comme les ours.

Allez, c’est parti pour 300 miles de route vers le nord.

Mercredi 11 mai 2022 – suite

Bah c’est long. Surtout qu’on n’avance pas sur ces routes américaines. Mais les paysages sont à couper le souffle. J’en ai fait des « WAOOOO !!! » et des « OMG !!! » la preuve en photos (je deviens une pro du drive-shooting, moi)…

Kalispell. Ville-champignon du temps de la ruée vers l’or. Ils en vendent d’ailleurs à tous les coins de rue. Ainsi que des diamants, des saphirs… Je sais, c’est local, mais je n’ai pas le budget.

Ça me fait bizarre de retrouver la civilisation. Des carrefours et des bouchons. Des boutiques, des Starbucks, des Walgreen et… un Asian Buffet ! Et le motel où j’ai réservé est pourrave comme je les aime. Bagdad Café pour ceux qui connaissent. Y a des traces suspectes sur le dessus de lit, la robinetterie est blanchie de calcaire, les bouches d’aération n’ont jamais vu un plumeau de leur vie… Faudrait pas que je sois femme de ménage ici, je pleurerais ma race !

Mais bon, dans l’ensemble, c’est correct. Pour le prix. Allez hop, je dépose mes affaires et je file voir le « Unique Addiction Tattoos » pour prendre rdv. C’est à 400 mètres à tout casser mais – et c’est là que l’on comprend que l’infrastructure aux USA n’est absolument pas faite pour les piétons – il faut traverser 2 carrefours au pas de course et se taper des trottoirs défoncés que personne ne foule, à part les touristes européens benêts comme moi.

Personne, donc, ne se vautre en butant contre une dalle explosée. Sauf moi. Une gamelle d’enfer. J’y ai laissé un genou. Hier aussi, je me suis vautrée mais c’était dans l’eau, ça fait moins mal.

Bref. Le mec du tattoo parlor, un grand costaud tatoué jusqu’aux oreilles aux anneaux incrustés dans le lobe, me fixe rdv demain après les business hours, cad à 19.00. Vu le projet, je vais y passer ma soirée mais bon, deal. C’est pas mal finalement, ça me laisse toute la journée pour faire un tour au Glacier National Park…

En ressortant, j’ai envie d’explorer un peu le « quartier ». Une bonne heure et demie de balade, le nez au vent, l’appareil-photo en mitraille, je rentre toute guillerette au motel.

Avec toutefois des ampoules aux deux pieds et un genou comme un steak. Ce qui m’inquiète le plus, c’est l’hématome, car je commence à douiller sévère…

Décidément, un mal en chasse un autre. Moi qui me disais justement que mon estomac semblait aller un peu mieux aujourd’hui (pas vomi le veggie burrito du Taco Bell à midi)…

Allez hop, en pyj, grande journée demain. En espérant que je puisse marcher.

Jeudi 12 mai 2022 – J+5

Balade au Paradis. Pas d’autres mots pour décrire la journée d’aujourd’hui. Ça vaut bien toutes les mésaventures du monde.

Même mon genou qui a doublé de volume dans la nuit. Même mon épaule à moitié luxée. Ah oui, j’ai découvert ça ce matin au réveil : ma gamelle d’hier était bien plus violente que je ne le pensais…

Boaf. J’en ai marre de m’apitoyer sur mon sort. Je ne suis pas morte (pas encore) et ça se termine dans deux jours, donc je préfère en rire. Et pis, de quoi je me plains : I AM IN HEAVEN !!! 🙂

Vendredi 13 mai 2022 – J+6

Il fait moche aujourd’hui. Et froid. J’ai une journée à tuer. Comme je n’ai pas envie de la passer en croix sur mon lit et que la perspective de faire 320 miles demain à 4.00 du mat me tente encore moins, je pars à midi pour me rapprocher de l’aéroport de Bozeman : ce soir je dors à Helena, la state capitol du Montana.

Et vendredi 13 ne me fait pas peur : déjà tout subi depuis une semaine !

Samedi 14 mai 2022 – J+7

Cela fait à peine une semaine que je suis là et j’ai l’impression que ça fait 6 mois ! Comme si le temps s’était délayé à l’infini. Comme les distances, qu’est-ce que c’était long la route hier, encore une fois !

Sous des averses de grêle dans les cols de montagne et un blizzard glacial tout du long. J’ai bien crû un moment que ma petite Nissan Kicks allait s’envoler et atterrir au milieu des vaches Angus, bien placides dans leur « meadow »…

Bref, bien arrivée à Helena, dans un motel encore plus pourri que les précédents. « America’s Best Value Inn », sacrées valeurs, dites donc : décrépi au possible, les serrures défoncées, le café-chaussette gris-clair (doivent repasser au moins 3 fois le même poach de café), et la propreté, comment dire, des traces suspectes de partout, du ketchup sur les murs jusqu’au plafond (j’espère d’ailleurs que c’est bien du ketchup)…

Et bien sûr, pas du tout insonorisé. Je crois que c’est le pire, en fait. On entend tout comme si l’on était dans la même pièce. La télé, la toux, les crachats, les toilettes, avec un bonus cette fois-ci, mon voisin cette nuit (et encore maintenant) : « Stop it !!! » « God damn it get away !!! » « Lay down !!! »… Je suppose qu’il braille sur son chien…

Bref, passons sur cette Palme d’Or de la catégorie « C’est pas cher et vous savez pourquoi ». En tout cas, je me félicite de mon initiative de partir hier, comment j’aurais pleuré à 4.00 ce matin à faire toute cette route !

Là, il ne me reste qu’une petite heure et demie jusqu’à l’aéroport, en petites foulées, donc. Je drope la voiture à 11.30, mon vol est à 14.14 avec une escale à Minneapolis et j’atterris à Roissy dimanche à 10.55. (et ils ne m’auront pas une deuxième fois, j’ai un gros paquet de Cheetos Puffs au cheddar pour dans l’avion, je les attends de pied ferme avec leur curry funky !)

 

J’ai hâte. Rarement j’ai eu ce mal du pays, c’est plutôt le contraire, surtout lorsque je reviens des US. Je ne comprends pas trop, en fait. Ce qui s’est passé, ce que j’ai ressenti. Il va falloir que je processe tout ça en rentrant. Et pour ça, j’aurais bien besoin de ma semaine OFF.

J’ai, quoiqu’il arrive, des images d’une beauté incroyable gravées dans ma mémoire, et même si je pense que les grands voyages ne sont plus pour moi désormais, je ne regrette en aucun cas mon « Walk In Heaven ».

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