« Oh, t’as un biper ! T’es médecin ? »
WLE, 26 balais, c’est sûr que mon pas-smartphone a de quoi l’intriguer. C’est bon, tout le monde au boulot sait à présent que je suis une vieillerie. [soupir]
Dimanche 23 juillet 2023
Mercredi, j’ai migré du 3e étage au 1er pour être au cœur de la logistique. Pour rien. En effet, je devais gérer le contrôle d’accès que l’on était sur le point de déployer mais basta : tous les projets Facilities ont été gelés. Grosso modo, tout ce sur quoi je travaille comme une acharnée depuis 6 mois, comme l’énorme projet de rénovation du nouveau plateau récemment signé. Révision des budgets et de la stratégie, en attendant, j’ai reçu l’ordre formel de tout mettre sur pause.
Le grand groupe pour lequel je travaille va bien, ma division au niveau mondial va bien, mais en local, cela se tend. Direct, je suis allée voir mon big boss dans son bureau, pour une fois qu’il était à Paris :
- Euh, ça sent le roussi pour moi, non ?
- Bah nan, il y aura toujours besoin de ton poste ici…
- Oui mais s’ils raisonnent en coupe franche et délestage, les consultants et les intérims sont toujours les premiers à passer à la trappe, donc…
- Te concernant, je ne pense pas…
Mouais, il est temps que je mette mon CV à jour, moi. Et du temps, je vais en avoir désormais, vu que ma charge de travail s’est allégée à 80%. Je ne vais pas attendre le 31 décembre pour être remerciée. Quand on voit comment ils se sont séparés de la filiale d’Aix, intégrée au groupe depuis 3 ans avec force investissements à 8 chiffres, si nous à Paris nous ne sommes pas assez rentables à l’heure des restructurations à tout va, ça ne fera pas un pli, on va dégager aussi.
Bref. Ça va dans le sens de ma pensée. Même si la perspective de me remettre sur le marché du travail me chagrine quelque peu. J’en suis fatiguée à l’avance. Mais bon !
La bonne nouvelle, c’est qu’effectivement, je vais avoir plus de bande passante pour m’occuper bah de moi. Le week-end dernier, pour la première fois en 6 mois, j’ai laissé mon ordi au boulot. Et à peine regardé mes mails sur mon iPhone 13. De toute façon, y en avait pas des masses, vu que c’était un week-end de férié.
Ai pris la route l’esprit léger direction le Normandy Beach et ai passé un excellent week-end. Longue ballade sur ma plage, 10 kilos de coques ramassées, concert de swing populaire extra, même si sous la pluie, que je recommande vivement https://jajalegroupe.fr/, magnifique feu d’artifice sur la cale d’Arromanches, soirées géniales avec mes amis ukrainiens à rire, à boire et à refaire le monde – BE UKRAIN – bref, tout ce que j’aime, trois jours qui m’ont fait un bien fou.
J’ai également regardé de plus près le programme des festivités fin août pour les 40 ans de Zane à Alicante… Cette folle a quasiment privatisé la ville et ses plages alentours sur trois jours pour l’évènement ! J’adore ! Bon, le dress-code, un peu moins « Be fantastic… in white » parce que je suis toujours moche en blanc. Mais bon, je l’aime tellement, ma Zane, que je suis prête à ressembler à une meringue boursoufflée ! [j’aurais préféré l’intégrale-licorne mais je suis dit que sous 40°, ce n’était pas l’idée du siècle]
Et j’ai booké l’avion pour Tampa fin novembre… Thanksgiving chez et avec Zane en Floride ! Tampa… Cela a été ma toute première fois aux Etats-Unis il y a… euh plus de 30 ans. Je me souviens de ma toute première impression, comme quoi tout était plus grand, les lieux, les routes, le ciel…
Puis me dire qu’il n’y avait ici que des gros et des vieux, rien à voir avec les séries qu’on voyait à la télé. Et les haricots verts panés. Et les junk-food party où je vomissais mes tripes après leurs donuts, burgers, candy bars, hot-dogs, maxi-sized pizzas, fries and chips cheddar topping…
Oui, mémorable cette première fois aux States. J’y étais partie pour y rester. Un vague job de jeune fille au-pair en caution d’entrée puis tenter ma chance à Los Angeles en faisant du truck-stop depuis Tampa… Résultat : je suis rentrée en France à l’expiration de mon visa touriste, la queue entre les jambes après un Talent Show bidon à Miami.
J’ai mis beaucoup de temps avant de remettre les pieds aux Etats-Unis. C’était d’ailleurs avec Sean sur 4 jours à Winston-Salem en Caroline du Nord pour le mariage de Zane et Lewis. Par la suite, j’ai enchaîné jusqu’à l’an dernier.
J’ai un œil différent aujourd’hui. Je me sens toujours autant chez moi là-bas, surtout dans le Montana, mais le rêve d’y vivre m’est passé. Pas contre d’y aller pour le boulot un an voire deux mais pas plus, je pense. Mais pas en Floride. C’est dire que j’aime Zane et Thanksgiving.
- Qu’est-ce qui te gêne avec lui ?
- Bah c’est un peu lié au boulot…
- Et alors ? Si ça se passe mal, tu continueras de le booker pour tes guests et pour tes déplacements à toi, tu prendras un autre chauffeur !
- C’est vrai, c’est une mauvaise raison.
Discussion avec Joan le week-end dernier au sujet… du chauffeur VTC qui m’emmène souvent dans mes déplacements ile-de-franciens avec lequel je sens bien qu’il y a moyen. Et pas besoin de mon don extra-sensoriel pour m’en rendre compte. C’est pour cela que j’en ai parlé à Joan qui a toujours de bons conseils en la matière.
- Je suis feignasse, je crois, ou j’ai peur. En tout cas, ce n’est pas moi qui ouvrirais la porte.
- Et si c’est lui qui l’ouvre ?
- Bah chépa.
- T’as peur de quoi ?
- C’est pas vraiment de la peur, c’est plus de l’appréhension de comment je pourrais être, de comment je devrais être, je ne sais plus, moi ! Et tout ce toutim de début de relation, là j’avoue que c’est de la fainéantise, ça me soûle.
- Mais non, c’est facile et c’est le meilleur !
- Mouais, la dernière fois, je me suis emballée le mors aux dents pour me demander 3 mois plus tard quelles avaient été les raisons de mon enthousiasme.
C’est sûr qu’aujourd’hui, je suis un modèle de circonspection. J’apprends de mes erreurs. Si un homme ne correspond pas en tout point ou presque à ce que j’attends, je ne donnerai aucune suite. Ça me conforte de plus dans mon célibat que je choie comme un butin de guerre.
Mais là, j’avoue, je suis bien embêtée car ce mec me plaît. Bel homme dans mes âges, divorcé, ayant vécu 1000 vies comme moi, on partage les mêmes points de vue, on a la même façon de fonctionner, on discute de tout, on rit, on échange…
Ce que j’apprécie par-dessus tout, c’est qu’il retient ce que je lui confie. Souvent, il me dit « J’ai pensé à vous l’autre jour, car vous m’avez dit que… », il s’intéresse à ma vie, à moi… J’aime aussi qu’il n’y aille pas avec ses gros sabots, c’est tout en finesse, subtilement, par touches.
Et que dire du fait qu’il m’ouvre la portière, s’occupe de mes sacs, vient me chercher avec un parapluie quand il pleut ? D’accord, c’est son job. Ça n’empêche que c’est chouette.
Si je sais tout ça, c’est parce qu’on passe environ 2 heures ensemble chaque semaine depuis un mois. Il m’emmène et me ramène de Roissypole où nous allons fermer le bureau d’une filiale du groupe et comme la personne normalement en charge de ça est à Aix, c’est plus facile que cela soit moi – relativement sur place – qui m’en occupe.
Et bref, dans la voiture, on papote. Au début, des généralités puis sont vite arrivés des sujets plus personnels. Ce n’est pas encore de la complicité mais force est de reconnaître une fluidité dans nos échanges qui peut laisser en présager.
Le taxi-VTC en mode Slow-Dating, ça me plaît bien. Et le vouvoiement, toujours de rigueur, me va également. Cela a ce côté un peu suranné qui tranche avec les Meetic et Cie, ça me renvoie à une autre époque où l’on faisait la cour, où l’on contait fleurette, où l’on prenait le temps d’apprendre à se connaître avant même le premier effleurement de mains…
Et mercredi dernier, texto à Joan et Miles : « Hey guys, the VTC driver just asked me out on an almost date over lunch next Wednesday… And I said yes ! HAHAHA »
Un presque date, donc, mais qui ressemble à s’y méprendre à un vrai. Et les mots par mail le lendemain de celui que je vais prénommer Rheed, à propos d’une modification de facture et du fait que je ne voulais pas faire ma Monique, la secrétaire de son client particulier avec laquelle il est en discorde, m’ont surprenamment touchée :
« Oui, bien sûr, je m’en occupe de suite. Concernant Monique, attention vous vous en approchez dangereusement, je plaisante bien sûr. Monique, c’est la force obscure, et vous l’opposé. Très bonne soirée. »
Quel dommage que mercredi prochain, je sois en tenue de combat pour cause de mise en cartons… Oh et puis non, c’est mieux comme ça : pas de tralala. Tous mes derniers dates ayant été foireux, je me dis qu’un déjeuner semi-professionnel a peut-être plus de chances d’en générer un second.