Saison 5

LE PIRE DEMENAGEMENT DE TOUS LES TEMPS

Et moi qui pensais que le plus funky serait de réserver les deux places de parking en bas de chez moi pour le camion ! C’est bien la seule chose, ironiquement, qui se soit bien passé dans ce déménagement !!!

Jeudi 27 juin 2024

14.00 Je squatte dans le bureau de Yang en attendant l’heure de mon rendez-vous, un second entretien en présentiel quelque part près des Champs, pour un poste d’Executive Assistant dans une boîte financière.

Je squatte donc car j’ai rendu les clefs de mon appart aujourd’hui à 12.00. Ai bien failli lâcher une petite larme en dévalant les escaliers pour la dernière fois… Emouvant. Mais bon hop, en avant pour une nouvelle vie.

Il y a une semaine tout juste, les déménageurs étaient en train de démonter le dressing qui, entier, ne passait ni dans l’ascenseur, ni dans l’escalier, en maugréant allègrement en ce qu’il m’a semblé être du turque.

Puis, le chef d’équipe m’a prise à part :

« Bon, on a dû démonter le dressing, ce qui n’était pas compris dans la prestation, votre table est fucking lourde, il y a plus de volume qu’estimé, donc je vous demande 480 euros en espèces s’il vous plaît. »

Bah nan, ça ne me plaît pas, mais ai-je le choix ?!?!! Tu aurais dû m’en parler avant et pas une fois mes meubles en otage dans le camion ! C’est du braquage pur et simple !

Bref, ils sont partis de Paris à 15.35 pour arriver à destination à 19.45… 4 heures, même avec les bouchons parisiens, je trouve cela beaucoup. Du coup, ils étaient vannés et l’escalier de mon nouvel appart les a achevés. A tel point qu’à la fin, ils jetaient les cartons dans mon entrée ! Les gling-gling que j’ai entendus ne m’ont alors laissé aucun doute sur l’état pitoyable dans laquelle j’allais retrouver ma vaisselle…

Mais ce n’était qu’un avant-goût de ce qui allait se révéler comme une catastrophe intergalactique… Car quelques jours plus tard, recensement des dégâts : quasiment tous mes meubles ont les pieds cassés, les flancs éraflés, ma cave à vins va rendre l’âme, ma télé, mon ampli, ma Wii ont pris du plomb dans l’aile et les vis du dressing manquent à l’appel…

Et le pompon sur la cerise, c’est quand en encaissant leurs 480 balles pas du tout méritées, ils me sortent dans un français approximatif : « S’il vous plaît, Madame, vous mettrez un bon commentaire sur le site ? Merci beaucoup ! »

T’as de la chance que je sois exténuée et que je n’ai qu’une hâte, c’est que vous vous cassiez !!!

Bref, me voilà à découvert et le moral dans les chaussettes à cause de ces branquignoles. Toto, vent debout, m’a dit de porter plainte et de ne pas payer le solde de mon déménagement. Il a raison mais je n’en ai pas la force.

S’en sont suivis quatre bons jours de travaux de réparation/aménagement avec le fils de Bennett, mon demi-frère, qui est super content d’aider sa tata dans la mouise. Il s’est vite avéré que quatre jours ne suffiraient pas car c’est un véritable plan ORSEC qui a dû se mettre en place au pied de biche : la cuisine, c’est Bagdad après un bombardement, le mur des toilettes est défoncé, la douche est bouchée, le jardin plein d’orties et la BAL en fin de vie.

Puis j’ai dû laisser mon neveu que je vais rebaptiser Hector, avancer comme il peut le temps pour moi de remonter sur Paris pour procéder au fameux rituel rebouchage de trous/ménage de sortie.

Deux jours d’intense labeur par un temps caniculaire, deux courtes nuits sur un matelas qui se dégonfle et une Clio en mode manouche, chargée jusqu’au toit pour la dernière fois, autant dire que j’ai poussé un ouf de soulagement ce midi lorsque l’agence m’a dit : « L’indice de vétusté prévaut, comme cela fait plus de 5 ans que vous habitez cet appartement, vous récupérerez votre caution sans problème ! »

Voilà. Une bonne chose de faite.

Ce soir, je suis de retour pour de bon dans ma pampa. Ce week-end, c’est l’anniv’ de Toto mais à partir de lundi, je devrais être peinarde pour déballer mes cartons et m’installer tranquillement…

Sauf que… Zane m’a confié un projet à rendre le 12 juillet, m’en vais « télétravailler » entre 2 piles de cartons, moi… Encore faut-il que j’ai internet. Normalement, samedi matin.

Bref, j’ai encore du temps avant de buller, les doigts de pied en éventail à siroter un Perrier-menthe. Surtout si je suis embauchée… Quoique, le poste serait à pourvoir en octobre, ce qui me laisse amplement le temps de m’installer, de faire un tour en Normandie, de préparer la logistique de la semaine à Paris etc.

Allez, je laisse sa peau à l’ours car n’est pas la première fois que j’ai un deuxième entretien.

Qu’est-ce que j’ai hâte d’être au… bah au 14 juillet ?

 

Mardi 23 juillet 2024

– travaux de réparation/aménagement : CHECK

– crémaillère : CHECK

– fauchée comme les blés : CHECK

– fantôme dans l’appart : CHECK

Je peux enfin me poser. Quelques finitions cependant à terminer, mais rien de bien méchant, comparé à ce à quoi nous avons été confrontés, Hector et moi, depuis un mois. Je comprends désormais pourquoi le loyer est si bas… Cet appart, à l’abandon depuis plus d’un an, destiné uniquement à la location, a été « refait » à la va-vite mais surtout par des gougnafiers.

Et vas-y qu’on peint sur le papier-peint qui du coup se décolle, et pis pourquoi s’embêter à mettre du scotch de protection lorsqu’on peut peindre sur les interrupteurs et les meubles alentours ?! Et l’on ne met pas de cornières aux goulottes électriques, on y préférera un gros pâté de silicone. Et l’on cache la misère du lino dans les toilettes par un autre lino, si possible encore plus bas de gamme et découpé avec les dents. Et lorsqu’il y a de l’orage, on ne ferme pas les fenêtres pour que la pluie fasse gonfler et pourrir l’encadrement. Et à quoi ça sert, des plinthes ? Bah à éviter que les lames de plancher se fassent la malle.

D’une saleté également. L’état des toilettes, mon Dieu ! Cela a révolté le Monk en moi mais cela l’a vite arrêté aussi, car c’est bien au-delà d’un nettoyage Armageddon, certaines choses sont simplement irrécupérables. Et c’est pas faute d’avoir frotté, gratté, javellisé, acétonisé…

Quant aux extérieurs… bah pas trop l’occasion d’en profiter tellement c’est blindé de moustiques. Qui envahissent l’intérieur avec leurs cousines tout aussi enquiquinantes les mouches.

Et dernier emmerde, et pas des moindres : y a un fantôme dans l’appart. Une entité, plutôt, qui nous joue bien des tours, à nous en faire dresser les cheveux sur la tête… Les volets qui se ferment et s’ouvrent tout seuls, les cadres qui tombent dans la nuit alors qu’il n’y a aucun courant d’air, des objets que l’on perd et que l’on retrouve quelques jours plus tard à l’endroit même où l’on avait cherché…

Il faut dire que sur le palier intermédiaire, il y a un appartement vide depuis une trentaine d’années, les héritiers de la dame qui y habitait ont préféré le laisser à l’abandon plutôt que de le remettre en état pour le vendre ou le louer. Surtout qu’il n’y a pas de salle de bains, à se demander comment elle faisait pour se laver, cette dame.

Bref, la porte ayant été crochetée, on peut y entrer comme on veut. J’ai déjà visité et oui, ça fout les jetons, comme si la dame hantait les lieux. Cela arrive d’ailleurs que l’on retrouve sa porte ouverte le matin alors qu’elle était bien fermée la veille…

Décidément, cet appart recèle bien des surprises, pas jouasses pour la plupart mais malgré cela, bah je m’y plais. Au fur et à mesure des travaux, je me suis appropriée les lieux, pour aujourd’hui pouvoir me vautrer avec délice dans le canapé devant ma télé bancale.

Je ne regrette pas ma décision. Financièrement, y a pas photo mais pas que. Le calme de la campagne, les belles balades alentours qui s’augurent, l’air 1000 fois plus pur qu’à Paris, les étoiles que je peux enfin voir, les gens, le rythme de vie… Je me sens bien ici.

On m’a demandé si j’avais trouvé mes marques, je dirais presque toutes, disons que je cours de moins en moins comme un poulet sans tête dans tout l’appart à la recherche des sacs aspirateur ou de la boîte de piles.

Et j’ai un voisin formidable. Gentil comme tout, pas chiant pour un sou, on a déjà bu un coup ensemble pour fêter mon arrivée, il nous a invités au repas des voisins qui sont eux aussi très sympas et il est venu à ma crémaillère. Il a débroussaillé une grande partie de mon jardin, ramassé mon tas d’herbes et ne manque pas de proposer son aide dès qu’il le peut.

C’est important, un bon voisin. Bon, Toto et Nana le soupçonnent d’en pincer pour ma pomme, surtout qu’il aurait été dithyrambique à mon sujet auprès de sa collègue à la poissonnerie de Super U, la femme du cousin de Nana…

Moi, tout ce que je sais, c’est qu’il est adorable, que c’est un cordon-bleu – il m’a fait des pleurotes à la plancha, divines !!! – et qu’il a un humour noir très pince-sans-rire qui me fait hurler de rire. Mais pour l’instant, la fricote n’est pas dans ma to-do-list.

 

To-do-list qui a cependant bien rétréci et est quasiment réduite à… retrouver du taf. Car je n’ai pas été retenue pour le job près des Champs-Elysées. Déception, remise en question, confiance en berne, une trilogie que je ne connais que trop bien depuis bientôt 6 mois. Et maintenant que je suis emménagée, je n’ai plus que ça à ressasser.

J’ai l’impression que je vais rester plus longtemps que prévu dans cet appart, que je ne suis pas prête de pouvoir m’acheter ma maison à moi. En soi, pourquoi pas mais le chômage n’est pas éternel et plus j’avance en âge, et moins j’ai de chance de retrouver un job…

Allez, je prends le bon côté des choses, j’ai tout le temps du monde désormais. Comme on m’a offert deux belles cannes à pêche pour ma crémaillère, j’ai envie d’aller taquiner le goujon. Et dans deux semaines, je pars en Normandie. Autant que j’en profite un peu.

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